« Cette vaccination est un bienfait », a expliqué le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale qui voit dans cette mobilisation des Nobel « une valeur symbolique forte ». Début janvier, une quinzaine de personnalités du monde médical, dont Michel Cymes et Axel Kahn, s'étaient prêtées au jeu.
Quatre Nobel de physique se sont ainsi rendus lundi matin au centre de vaccination du SAMU de Paris, à l’hôpital Necker, afin de bénéficier de leur première injection du vaccin : Claude Cohen-Tannoudji, Gérard Mourou, Serge Haroche et Albert Fert. Trois autres Nobel étaient simultanément vaccinés à Strasbourg : Jules Hoffmann (médecine), Jean-Pierre Sauvage (chimie) et Jean-Marie Lehn (chimie).
Avant la vaccination, Claude Cohen-Tannoudji, 87 ans, a répondu aux questions du Dr Benjamin Chevallier, médecin au SAMU de Paris. Le prix Nobel de physique en 1997 explique être à la retraite mais « continue à travailler : je suis chercheur ! ». Pas de maladie respiratoire, pas d'allergie, pas de maladie auto-immune. Droitier, le Nobel tend son bras gauche. « On préfère vacciner sur le bras qui n'est pas dominant car il est recommandé de ne pas porter de charges lourdes pendant 24 heures », précise le Dr Chevallier. « J'ai rien senti. Quand on voit l'aiguille… elle est impressionnante. Super, hein ! », s'exclame le professeur honoraire au collège de France. Rendez-vous est pris dans quatre semaines, pour la seconde injection.
« Je suis très content de me faire vacciner parce que je fais partie des gens à risque, témoigne aussi Gérard Mourou, 76 ans. Je ne pense pas être un modèle mais si je peux faire quelque chose en faveur de la vaccination, je le fais… » Albert Fert reconnaît de son côté avoir une position privilégiée. « J’ai accès à toutes les données scientifiques et je peux vraiment m’assurer du bienfait de la vaccination. »
Accélération
La confiance ne peut venir sans information claire et transparente, souligne le Pr Fischer. « Aujourd'hui, on commence la vaccination des personnes âgées de plus de 75 ans et à risques. C'est évidemment une très bonne nouvelle et on comprend que beaucoup souhaitent se faire vacciner rapidement », constate-t-il en appelant toutefois à garder patience. « Un peu plus de 400 000 doses ont déjà été administrées, détaille-t-il. Le processus est en accélération de jour en jour. L'objectif, qui sera sans doute dépassé, c'est qu'il y ait un peu plus d'un million de personnes vaccinées en janvier. » Et sur le moyen terme, la vaccination devra s'étendre à d'autres catégories de population afin d'« arriver à un résultat suffisamment bon en termes de couverture vaccinale pour être efficace ».
« Heureusement, la résistance diminue », explique Serge Haroche, 76 ans, après les 15 minutes d’observation qui suivent chaque injection. « La vaccination est notre plus grand espoir de contrôler l’épidémie le plus vite possible. »