Les groupements n’interviennent pas seulement pour mutualiser les offres et réduire les coûts. Ils s'imposent également en sélectionneurs en metttant en concurrence des prestataires séduits par un marché de plusieurs milliers d'officines. «Nous passons au crible plusieurs critères dont celui de la rentabilité mais aussi celui du sérieux des plateforme», expose Pierre-Alexandre Mouret, directeur des opérations et de la stratégie chez PharmaVie. Il arrive également que les groupements agissent en protecteurs contre le charlatanisme de certains opérateurs, comme le rappelle Mehdi Djilani, président d'HPI Totum. De fait, l'approche de ce marché jusqu'alors inconnu requiert, de la part des groupements, technicité, exigences et méthodologie. Ils ont à sourcer des prestataires nouveaux et des offres qu'il faut savoir décrypter. «Nous avons lancé un appel d'offres pour faire le tri des différentes solutions de téléconsultations avant de porter notre choix sur deux partenaires selon leur méthode et leur pool de médecins derrière l'écran», se souvient Antoine Souied, l'un des dirigeants de LeaderSanté, le groupement ayant finalement conclu un partenariat avec Medadom et avec Bewell Connect. Pharmavie déclare quant à lui avoir fait dans Maiia, le choix d'un partenaire garantissant un déploiement efficace sur toute la France, grâce à ses 18 000 à 19 000 disponibles sur la plateforme en moins de 3 minutes.
« Cinq critères présidaient au sourcing de nos prestataires, se souvient Anne-Laure Aulair, pharmacienne chargée de marketing services chez Pharmactiv, la solution doit référencer un nombre important de médecins, plusieurs milliers, elle doit être déployable au niveau national, certains prestataires ne fonctionnant que par région, ce prestataire doit mettre l'équipement à disposition, la proximité du médecin doit être assurée afin de pouvoir prétendre à un remboursement de l'assurance maladie et enfin la solution proposée ne doit pas être trop onéreuse. Elle doit rester abordable pour tous les adhérents.»
De fait, le cahier des charges des groupements a été dicté par plusieurs impératifs : proposer un acteur qui répondra aux besoins des patients et aux contraintes financières des pharmacies et à l'autre bout de la chaîne, assurer que l'opérateur dispose de médecins en quantité suffisante, des praticiens installés et répondant aux critères de proximité édictés par l'assurance-maladie. Dans cet esprit, nombre de groupements privilégient la connexion à des médecins de l'environnement immédiat de la pharmacie afin de créer un maillage territorial. Convaincu de cette nécessité, PUC Pharma a conclu un accord avec MaQuestionMedicale , cette plateforme créée par le Dr Jean Tafazzoli regroupant 2 500 médecins généralistes. «Elle permet ainsi de lever les réticences réelles ou suppposées des médecins entourant les pharmacies qui la déploient, en leur créant gracieusement une salle d'attente virtuelle pour leurs propres patients», expose Didier Le Bail, président de PUC Pharma.
En prise directe avec la réalité de l'officine
La proximité avec les prescripteurs a également été un argument pour Pharmactiv qui a signé un partenariat avec Maiia en début d'année. «La solution Maiia comprend un équipement ainsi qu'un accès à une plateforme de téléconsultation avec plus de 18 000 prescripteurs, répartis sur l'ensemble du territoire français, expose Serge Carrier, directeur général du groupement. Une répartition géographique qui permet de répondre au mieux aux critères de proximité et de territorialité des soins, nécessaires pour accéder au remboursement des téléconsultations.
Ce critère a ainsi été au coeur de la démarche de Pharmabest, dont le choix s'est porté sur la société Tesly, parce qu'elle propose une solution interopérable pour structurer la territorialité. Une condition sine qua non pour être en phase avec la réglementation, rappelle le groupement qui participe ainsi à des organisations de téléconsultations territoriales. «Cette technologie permet d'accéder très rapidement et facilement à tous les médecins pour une appréciation générale de l'état de santé d'un patient dans tout environnement et d'établir une aide aux diagnostics à distance pour une meilleure coordination des soins et du suivi» , indique David Abenhaim, président du groupement.
Pour Ceido, cet impératif de la territorialité a également présidé aux choix technologiques : « Ceido n’a pas pris l’option d’une plateforme médicale et a privilégié l’approche territoriale en s’appuyant sur les libéraux de proximité, avec en relai des médecins généralistes des territoires périphériques. De même, nous n’avons pas choisi une logique de cabine , en intégrant les équipements dans l'espace ou les espaces de confidentialité qui sont conçus pour être multiusage et en prise directe avec la réalité de l’officine», expose son directeur, Christian-Eric Mauffré.
Précisant que le besoin en télémédecine est très présent, en ville comme en zone urbaine, Bertrand Pagès, co-dirigeant de Médiprix, estime que la téléconsultation « complète parfaitement les manques et simplifie la vie de nos patients. Les médecins de nos zones sont partenaires et peuvent référer à certains spécialistes pour certains patients qui n'y auraient pas eu accès faute de transport...»