Une enseigne historique

À Nantes, la Grande Pharmacie de Paris fête ses 120 ans

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Publié le 06/11/2025
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Depuis toujours, la Grande Pharmacie de Paris a été une officine nantaise classée à part pour la diversité de son offre de produits et de missions. Pour fêter ses 120 ans d’existence, elle organise une exposition dans ses murs.

La Grande pharmacie de Paris est une institution nantaise

La Grande pharmacie de Paris est une institution nantaise
Crédit photo : DR

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120 ans d’histoire de la pharmacie en vitrine

C’est l’un des rares commerces de Nantes à ne pas avoir changé d’adresse en un siècle. Il faut dire que la Grande Pharmacie de Paris est idéalement placée en plein cœur de la ville, à l’angle de la Place Royale et d’une rue piétonne. Elle doit son nom à un certain Maurice Berger. Quand ce pharmacien diplômé de l’École supérieure de Paris reprend la « Pharmacie Nouvelle » en 1905, il voit grand. En ce début de siècle, évoquer la capitale, c’est refléter la modernité. Déjà, à l’époque, il profite de l’enfilade de vitrines, dont les visuels sont renouvelés chaque semaine. Des panneaux sont placardés entre les fenêtres pour annoncer la diversité de l’offre : de la « pharmacie d’ordonnances », de l’optique, de l’herboristerie, de l’homéopathie, de la parfumerie… « On y proposait de la livraison en calèche : c’était déjà une officine moderne dans ses missions. Ils étaient 50 préparateurs, trois pharmaciens, trois opticiens, quatre orthopédistes corsetières ceinturières… », s’étonne Marion Chevrier, cotitulaire de l’officine depuis 2018 avec Teddy Robert.

Un bombardement a rasé les lieux le 16 septembre 1943 : la pharmacie sera reconstruite à l’identique sept ans plus tard.

Cigarettes et cacao

Cette diversité est mise à l’honneur le temps d’une exposition tout au long du mois de novembre au deuxième étage de l’officine. Avec des cartes postales du bâtiment, mais aussi des encarts aguicheurs publiés dans la presse et qui surprennent aujourd’hui. Ainsi une publicité présente l’officine comme « La plus vaste, la mieux approvisionnée. La seule vendant à bon marché des médicaments de première qualité très purs et toujours frais ». D’autres archives valent le détour. Comme cet ordonnancier de 1946 écrit à la main. Ou encore ce catalogue des ventes d’une centaine de pages illustrés de dessins. On y trouve des médicaments encore en vente comme le Gardénal, des bas de compression mais aussi des produits plus farfelus ou datés, tels ces cigarettes contre l’asthme ou encore cacao Van Houten. Quelques rares objets ont également été retrouvés comme des règles d’écoliers. « On offrait de petits jeux aux enfants le jeudi », indique Marion Chevrier, qui a fait rééditer une règle et fait produire quelques goodies comme une boîte de pastilles de menthe, afin de célébrer les 120 ans de l’officine avec ses quelque 3 000 clients/jour.

Dans cette existence, seuls deux écueils se sont trouvés dans la trajectoire du paquebot. Un bombardement a rasé les lieux le 16 septembre 1943 : la pharmacie sera reconstruite à l’identique en 1951. Puis elle se retrouve en liquidation judiciaire en 1999 : Jean Tyssandier la reprend à la barre du tribunal de commerce. Le premier automate sera alors installé. Aujourd’hui, la réputation de choix et de prix de cette officine, passée sous enseigne Pharmabest, la précède. La Grande Pharmacie de Paris aux près de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires reste une institution !

Fabienne COLIN


Source : Le Quotidien du Pharmacien