Vaccins, nutrition, promesses de nouveaux médicaments, coaching bien-être… : la santé est très souvent au cœur des fausses informations. Et la pandémie de Covid-19 est passée par là.
« Lors des crises sanitaires, on observe toujours une transformation profonde dans la manière dont les populations interagissent avec l’information. Depuis le Covid-19, les populations ont acquis une certaine connaissance des dynamiques pandémiques et cette expérience collective va influencer leurs comportements lors de la prochaine crise. Leurs réactions seront probablement plus rapides, plus intenses, mais peut-être aussi plus critiques vis-à-vis des recommandations officielles », analyse Sylvie Briand, scientifique en chef de l’OMS. Or le problème, c’est que les populations partent en quête d’informations dans un univers saturé, où le vrai côtoie le faux, où les algorithmes des réseaux sociaux les enferment dans leurs propres croyances.
Quand la santé devient une opinion
« Sur X, les mécanismes transforment les informations scientifiques ou vérifiées en signaux faibles, relégués à l’arrière-plan », explique Gilles Brachotte, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Bourgogne Europe, auteur d’une étude sur X qu’il qualifie d’« amplificateur de désordre ». À tel point que « tout est question d’identité. Se vacciner, refuser les traitements médicaux… deviennent des appartenances culturelles, presque des étiquettes sociales. La santé se politise, elle se moralise ». On est loin de la donnée factuelle.
« Entre les crises, il est important de donner aux populations des outils pour accéder à une information correcte, mais aussi leur permettre de comprendre les enjeux en santé », poursuit Sylvie Briand. Pour la scientifique, il est impératif que les autorités se saisissent de ce problème, surtout à l’heure où les moteurs d’IA générative se démocratisent. Il faut renforcer – certains diront restaurer – la confiance avec les citoyens pour que les recommandations soient entendues.
L’Inserm a développé « Canal Détox » pour répondre aux fausses informations avec des arguments sourcés et scientifiquement validés. L’ANRS a monté un groupe de recherche sur le sujet. La France a constitué une cellule au sein de son ministère de la Santé et une commission d’expertise doit rendre un rapport en fin d’année. Mais quelle stratégie adopter : répondre à la fausse information ou diffuser massivement l’information ?
« Il faut augmenter l’accès à l’information scientifique. Il y a une stratégie à mettre en œuvre pour comprendre comment on communique au XXIe siècle sur les réseaux sociaux et en dehors. Ce n’est pas uniquement de la communication de message. Ça ne doit pas passer uniquement par des scientifiques. On peut aussi utiliser nos professionnels de santé pour relayer les informations : ils ont la confiance de la population », conclut Sylvie Briand.
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