L'affaire avait commencé en 2019, grâce aux signalements de pharmaciens d’officine et d’industriels du médicament, qui alertaient sur la multiplication de prescriptions douteuses, falsifiées ou volées, de médicaments anticancéreux et anti-hépatites très onéreux. Mobilisés sur l'affaire, les enquêteurs de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) ont mis fin au trafic au terme d'un an d'enquête. Le préjudice total, auprès de 17 caisses primaires d’assurance maladie françaises, s'élève à 661 123 euros.
Le procès concernait 14 prévenus : le couple à la tête du réseau, composé de Mohamed Elsewedi (déjà condamné à 3 ans de prison dans un autre trafic de médicaments) et son épouse Hanan, qui opérait d'Égypte, absente au procès. Avec eux, trois « lieutenants » agissant à Paris, des intermédiaires, et enfin plusieurs « petites mains » qui armées de leur carte Vitale et de fausses ordonnances visitaient les pharmacies pour obtenir les médicaments, qui étaient ensuite écoulés en Égypte.
Un trafic pour rembourser les dettes… issues d'un trafic
À la barre, Mohamed Elsewedi a d'abord tenté de reporter l'essentiel de la responsabilité du trafic sur son épouse. Avant d'expliquer que la mise en place de ce réseau visait surtout à rembourser des dettes contractées lors d'une première condamnation pour trafic de médicament. Lors d'une précédente affaire, l'homme avait en effet été arrêté avant d'avoir pu envoyer les produits « commandés » par des médecins égyptiens envers lesquels il restait donc redevable…
À l’issue du procès, les époux ont écopé de peines sévères : sept ans de prison ferme pour les deux, ainsi que d'une interdiction définitive du territoire français pour l'homme, et un mandat d'arrêt pour la femme, ainsi que 250 000 euros d'amende chacun.
Côté parties civiles, l'Ordre des pharmaciens a obtenu l’euro symbolique qu’il demandait et 13 des 14 prévenus devront verser 150 euros chacun à l’Institut Curie, dont le nom apparaissait sur les fausses ordonnances. Les demandes des 17 caisses primaires d’assurance maladie victimes, qui sollicitent au total 661 123 euros, seront examinées le 6 septembre.
Expérimentation
Pour éviter que ce type d'affaire se renouvelle, le service de répression des fraudes du ministère de l'Économie et des Finances, l'AP-HP et les représentants des pharmaciens étudient actuellement un système capable de déceler les fausses prescriptions.
Mis en œuvre sous forme d'expérimentation en Île-de-France, ce dispositif permettra aux pharmaciens, doutant de l'authenticité d'une ordonnance, d'interroger le site de l'AP-HP qui dira, en moins de 24 heures, si le patient a été récemment admis dans un des services des hôpitaux de Paris.
Reste désormais à trouver un système permettant à l'AP-HP de reconnaître que l'appel émane bien d'un pharmacien…
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