Des peines allant de deux à cinq ans de prison, dont un avec sursis, ont été requises, le 31 mai à Bobigny, à l'encontre de six personnes, dont un médecin, pour trafic de médicaments.
Lyrica, Rivotril, Subutex, Valium… Un couple sillonnait en voiture les rues de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et le nord de Paris pour proposer à la revente ces médicaments, entre mars 2022 et avril 2023.
Au total, six personnes, dont un médecin, ont comparu pour ce trafic de médicaments devant le tribunal de Bobigny, le 31 mai. Quatre hommes et une femme comparaissaient détenus pour exercice illégal du métier de pharmacien tandis que le médecin, qui se présentait libre, était poursuivi pour complicité de ces infractions.
Les prévenus, pour la plupart toxicomanes, obtenaient des ordonnances de complaisance rédigées notamment par un médecin installé à Sevran, puis se rendaient en pharmacie pour aller chercher légalement les boîtes de médicaments prescrites avant de les revendre sous le manteau. Pour le couple revendeur - en proie à de lourdes addictions - le ministère public a requis cinq ans de prison, dont un an avec sursis.
C'est à l'occasion d'achat de cigarettes à La Courneuve auprès de vendeurs à la sauvette que les apprentis pharmaciens entendent parler de la « combine » de revente de médicaments pour quelques centaines d'euros. Des noms de médecins peu regardants sur les prescriptions circulent dans le milieu. L’affaire « pouvait rapporter 300-400 euros tous les 3 jours », a expliqué la prévenue. Une plaquette de Subutex se revendait 10 euros, 50 pour le Lyrica et 5 euros pour un comprimé de Valium. Selon les enquêteurs, plus d'un millier de boites de médicaments ont été revendues pour un bénéfice estimé à 500 000 euros. Pour l'un des prévenus, surnommé « le magicien », tout a commencé dans la rue par la consommation de drogue forte. Désirant arrêter, il se met à acheter du Subutex qu'il va finir par revendre pour « aider ses amis » à arrêter le crack.
Quant au médecin, interdit d'exercer depuis cette affaire, il assure avoir subi des « menaces » pendant les consultations du couple auquel il a prescrit durant près de trois ans plusieurs psychotropes sans être leur médecin traitant. « Si j'avais su, j'aurais arrêté », a-t-il juré à la barre. Le parquet a requis à son encontre deux ans de prison et une interdiction d'exercer pendant trois ans.
« Le trafic de médicaments est le lot quotidien du tribunal de Bobigny où les consommateurs sont aussi les revendeurs de rue », a déclaré la procureure, en préambule de son réquisitoire. « La vente de médicaments prend le pas sur le trafic de stupéfiants », a alerté la magistrate.
Le jugement a été mis en délibéré au 13 juin.
Avec l'AFP.
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