AUJOURD’HUI, près de 3 millions de Français souffrent de diabète, « un chiffre qui dépasse les prévisions les plus pessimistes et auquel il faut ajouter les 500 000 ou 600 000 autres qui ignorent leur maladie », déplore le Pr Jacques Bringer, président de la Société francophone du diabète (SFD). « Cette progression inquiétante, de l’ordre de 6 % par an depuis 12 ans, concorde exactement avec celle de l’obésité. »
Le coût du diabète, dû en grande partie aux complications et aux comorbidités, est passé de 7,1 milliards d’euros en 2001 à 14 milliards en 2009 et représente 10 % des dépenses de santé, dont environ 40 % sont liés aux hospitalisations. Un diabète débutant coûte 600 euros/an, sous dialyse 65 000 euros, et entre les deux stades 10 000 euros en moyenne. « Quelle société peut assumer une telle explosion ? Doit-on se résoudre à en subir les conséquences humaines et financières ? », s’interroge le Pr Bringer.
Il faut passer du « constat peu réjouissant » à l’action parce que « ça urge ! », alerte Alain Coulomb, ancien directeur de la Haute Autorité de santé (HAS), cosignataire (avec le Pr Halimi) du premier « Livre blanc du diabète »*, adressé à 5 000 institutionnels, parlementaires, décideurs et associations de malades.
« Orchestrer la partition ».
Ce « livre blanc » ne se contente effectivement pas de faire le point sur le phénomène, son impact socio-économique, les modalités et les faiblesses de la prise en charge du diabète. Il propose 7 pistes concrètes à suivre pour infléchir « l’épidémie silencieuse du XXIe siècle » et réduire le nombre de formes sévères. Selon Alain Coulomb, « le système actuel est très cloisonné, peu ouvert à la prévention et à l’éducation thérapeutique, et la coopération entre les différents professionnels de santé, pourtant nécessaire comme pour toute maladie chronique, n’est pas une tradition en France… »
Un point à corriger impérativement : l’hospitalocentrisme. « En France, le poids du diabète repose beaucoup trop sur les hôpitaux, bien plus que chez nos voisins européens (4,7 milliards d’euros par an). Or, sur 3 millions de diabétiques, seuls 500 000 relèvent d’un plateau technique… », note le Pr Serge Halimi, chef du service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition au CHU de Grenoble. Quelques-unes des solutions proposées : « orchestrer la partition » des médecins généralistes, diabétologues, pharmaciens, néphrologues, ophtalmologistes, pneumologues, infirmiers, diététiciens, infirmiers et podologues et multiplier les réseaux diabète (74 aujourd’hui), mieux former les professionnels à l’éducation thérapeutique du patient et expérimenter le paiement au forfait pour ceux qui souhaiteraient s’impliquer, recourir à la télémédecine…
Autre proposition que le Pr Halimi juge essentielle : « médiatiser » le diabète de type 2 pour mieux le prévenir, en ciblant les populations à risque, et améliorer le dépistage.
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