Si le Conseil d'État a décidé, le 29 octobre, de suspendre le décret qui avait exclu les autotests supervisés de la liste des tests permettant aux patients d’obtenir un passe sanitaire, il a fallu attendre quelques jours pour que SI-DEP soit mis à jour…
Prenant tout le monde de court, le Conseil d'État a réhabilité les autotests supervisés qui, en cas de résultat négatif, peuvent de nouveau donner accès au passe sanitaire. Une décision qui aurait théoriquement dû être exécutée sans délai par le gouvernement, soit dès le samedi 30 octobre. Les jours suivant l'annulation du décret, des pharmaciens ont été sollicités par des patients qui n'étaient pas passés à côté de l'information. Pourtant, le site officiel du gouvernement « Info Coronavirus Covid-19 » précise toujours ce 5 novembre que « les autotests réalisés sous la supervision d’un professionnel de santé ne sont plus reconnus comme preuves pour le passe sanitaire ». Pour rajouter encore à la confusion, impossible pour les pharmaciens, pendant plusieurs jours, d'enregistrer sur SI-DEP le résultat d'un autotest supervisé, et donc de délivrer un passe sanitaire aux patients testés négatifs.
Visiblement embarrassé par la décision du Conseil d'État, le ministère de la Santé ne s'est pas empressé d'en informer les professionnels de santé, ni de hâter la mise à jour de SI-DEP. Candidat possible à l'élection présidentielle et ancien député, Jean-Frédéric Poisson s'est ému de cette situation et a alerté l'exécutif. « Je constate, grâce à vos très nombreux témoignages, que l’ordonnance du Conseil d’État réintroduisant les autotests supervisés comme test ouvrant droit au passe sanitaire n’a pas été suivi d’exécution par le Gouvernement. Je viens donc de saisir le service contentieux ad hoc », a-t-il notamment tweeté le 2 novembre avant d'écrire un courrier à ce sujet au Premier ministre.
Le mercredi 3 novembre, à 19 h 30 précises, les lignes bougent. Sur le site de SI-DEP on peut en effet lire alors que « la saisie dans SI-DEP des autotests réalisés sous la supervision des professionnels de santé habilités (est) rétablie et, sur résultat négatif, permettra de délivrer un passe sanitaire ». Tout n'est pas encore réglé cependant comme veut le rappeler Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). « A priori, aucun autotest supervisé ne pourra être pris en charge car ils ne sont toujours réservés qu'aux majeurs asymptomatiques non-cas contact, donc une catégorie de patients dont les tests ne sont plus remboursés sauf ordonnance. » En revanche, si ce type de patients arrive en officine muni d'une ordonnance, pourront-ils bénéficier d'une prise en charge pour un autotest supervisé ? « Sur ce point, on attend des précisions du ministère, même si on peut penser que les médecins préféreront prescrire des tests antigéniques (ou PCR) qui sont beaucoup plus fiables », estime Pierre-Olivier Variot. Le président de l'USPO attend également que les autorités se prononcent sur le prix qui doit désormais s'appliquer au dispositif. « Reviendra-t-on au prix d'avant le 15 octobre (12,90 euros TTC) ? Le prix sera-t-il libre ou encadré ? » Pour l'instant, rien n'est acquis.
En attendant, les pharmaciens sollicités peuvent donc faire payer des autotests supervisés au prix qu'ils veulent en attendant que les règles soient éventuellement clarifiées. Quoi qu'il en soit, les représentants de la profession apprécient avec modération, c'est un euphémisme, le retour inattendu d'un dispositif qui n'a jamais beaucoup séduit (100 000 autotests supervisés par semaine environ à la fin de l'été). « Je ne vais pas pousser mon réseau à s'y mettre », admet Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), qui regrette vivement la réintroduction des autotests supervisés dans un contexte de reprise de l'épidémie. « Les patients qui vont les demander sont des non vaccinés qui veulent avoir leur passe sanitaire au prix le plus bas possible et qui n'ont que faire de la fiabilité du test. » En tout cas, Laurent Filoche constate déjà des conséquences au comptoir. « Hier, une pharmacienne de mon réseau a été menacée d'un procès par un patient parce qu'elle ne faisait pas d'autotests supervisés. »
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