Certains patients ont tendance à penser que les autotests sont pris en charge tout le temps et pour tout le monde. Alors, quand leur pharmacien leur apprend qu'ils ne sont pas éligibles et qu'ils devront les payer eux-mêmes, ils n'hésitent pas à se montrer menaçants.
Les conditions de prise en charge des autotests ont changé plusieurs fois au cours de ces dernières semaines. Aujourd'hui, les salariés des services à domicile, le personnel de l'éducation nationale, ou encore les personnes déclarées cas contact peuvent bénéficier d'une prise en charge par l'assurance-maladie, sous certaines conditions et sous réserve de présenter les justificatifs nécessaires. En aucun cas les autotests ne sont gratuits pour l'ensemble de la population. C'est pourtant ce que pensent certains patients qui, même s'ils ne sont pas éligibles, débarquent dans la pharmacie plein de confiance, persuadés de pouvoir y récupérer des autotests sans débourser le moindre centime. Sur les réseaux sociaux, des pharmaciens ne cachent plus leur exaspération. « Cela fait plusieurs fois qu'on se fait menacer de dépôt de plainte ou de publication Facebook car on refuse de délivrer gratuitement des autotests quand le patient se pointe la fleur au fusil sans SMS Sécu, sans papier école… en estimant que sa seule bonne foi suffit. Suis-je la seule ? », se demande ainsi une officinale sur le groupe Facebook « Tu sais que tu es pharmacien ».
Visiblement, l'idée de devoir s'acquitter de la somme mirobolante de 5,20 euros l'unité (le prix limite de vente fixé pour les autotests aujourd'hui) fait perdre tout sens de la mesure et du savoir-vivre à certains. Frustrés de devoir payer un produit qu'ils pensaient gratuit, des patients tentent d'intimider leurs pharmaciens pour avoir gain de cause. « La semaine dernière en garde à 22 h 45… Patient inconnu de la pharmacie sans carte vitale, juste avec l’attestation de l’école. On lui a proposé de les acheter il n’a jamais voulu… "Je dois les avoir gratis", voilà sa réponse, et pour finir "vous entendrez parler de moi". » Si peu d'entre eux se risqueraient à aller voir la police pour un motif aussi futile (et injustifié), ils sont en revanche plus nombreux à se sentir le courage de poster sur les réseaux sociaux un message dénigrant l'officine qui les a contrariés. Du « name and shame » de caniveau, qui peut tout de même être préjudiciable pour le pharmacien et sa réputation. « Une demi-heure après sa sortie, un patient a publié un post Facebook diffamatoire. J'ai fait appel à ma protection juridique », explique une pharmacienne.
Les officinaux doivent également déjouer les stratagèmes de certains parents d'élèves qui cherchent à amasser les autotests. « Des mamans s'amusent à imprimer plusieurs fois la feuille et faire les pharmacies du coin », a pu observer une autre consœur. Face à toutes ces incivilités, d'autres essaient de rester philosophes. « Il faut arrêter d'avoir peur des menaces comme ça. C'est juste une astuce pour obtenir ce qu'ils veulent car ils n’acceptent pas la frustration, mais le chien qui aboie est rarement celui qui mord… », tente de rassurer une pharmacienne. Malheureusement pour les officinaux, ce n'est pas toujours le cas.
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