Selon des chiffres donnés par le Pr Nicolas Authier, médecin psychiatre et pharmacologue, président du comité chargé de l'expérimentation sur le cannabis thérapeutique, entre 15 et 20 % des Français ont déjà consommé du cannabidiol (CBD).
Un produit que de nombreux pharmaciens commencent à connaître mais qui reste, pour d'autres, encore un peu mystérieux. « Le CBD n'est qu'une partie du cannabis médical, il est particulièrement utilisé dans les formes d'épilepsie pharmacorésistante, contre les spasmes musculaires douloureux, ou contre la spasticité musculaire, comme dans le cas de la sclérose en plaques. Il est souvent associé au THC car le CBD seul est rarement efficace », résume le Pr Authier. À l’heure actuelle, trois principales raisons animent les patients qui souhaitent avoir recours au CBD : lutter contre le stress, contre la douleur et agir sur le sommeil. « C'est un sujet qui nécessitera de nombreuses mises à jour, on attend encore des preuves scientifiques, rappelle le médecin. Le CBD est une substance qui peut avoir un intérêt pour de nombreux patients. Sa consommation va aller en augmentant, donc il est souhaitable que l'usage du CBD se fasse avec de bons produits, conseillés par les bonnes personnes, et je suis convaincu que le pharmacien est justement la bonne personne pour conseiller ce produit à des patients », pense le Pr Authier.
Prévenir les interactions médicamenteuses
Le recours au CBD nécessite en effet d'être vigilant sur plusieurs aspects. À commencer par les effets secondaires chez le patient, notamment les troubles digestifs et la somnolence. Le rôle du pharmacien est aussi très important pour surveiller les interactions médicamenteuses en cas de prise de CBD. « Il faut vérifier que le patient n'a pas d'autres traitements, en particulier à marge thérapeutique étroite. Des interactions peuvent avoir lieu avec des immunodépresseurs, la méthadone, des anti-inflammatoires, des antidépresseurs, des antibiotiques… », rappelle le Pr Authier. Il conseille également de « ne pas dépasser 150 ou 200 mg/jour en automédication en pharmacie. Si l'on doit augmenter des posologies élevées, cela peut signifier que ce n'est pas le bon traitement. »
Pharmacien et addictologue, René Maarek appelle en tout cas les officinaux à s'intéresser au CBD et à se former. « Dans un avenir proche, on va pouvoir et devoir délivrer du cannabis thérapeutique, que l'on soit pour ou contre », souligne-t-il premièrement. « Il ne faut pas avoir peur de ce produit et le remède à la peur c'est la connaissance. J'encourage donc les pharmaciens à se former. Il est de notre devoir de connaître ce produit, au moins pour pouvoir conseiller les patients, qui sont nombreux à acheter du CBD en pharmacie ou ailleurs. Il faut aussi s'intéresser à ce sujet pour être sûr d'avoir des produits conformes à la loi et qui ne revendiquent pas d'allégation thérapeutique », conseille René Maarek.
D'après une conférence du e-congrès de la pharmacie organisé par l'USPO.
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