« OBJECTIF zéro : zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au sida. » Tel est le thème de la Journée mondiale du sida du 1er décembre pour les cinq prochaines années. « Il y a quelques années seulement, il paraissait fantaisiste d’annoncer la fin de l’épidémie de sida à court terme, mais la science, l’appui politique et la riposte communautaire commencent à produire des résultats certains et tangibles », affirme le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, en préambule du rapport annuel de l’organisation. On observe en effet une dynamique positive de l’épidémie et une amorce de régression.
Le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde était estimé à 34 millions à la fin de 2010, soit une hausse de 17 % par rapport à 2001 et un niveau jusque-là jamais atteint, qui s’explique essentiellement par un meilleur accès aux traitements. « Les gens vivent plus longtemps et les décès dus au sida chutent », souligne l’ONUSIDA. Près de 2,5 millions de décès ont ainsi été évités dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Dans le monde, le nombre de morts liés au sida est passé de 2,2 millions en 2005 à 1,8 million en 2010.
La clé du traitement.
La couverture par les antirétroviraux progresse surtout en Afrique subsaharienne, avec une hausse de 20 % en un an, entre 2009 et 2010. Le nombre de personnes bénéficiant d’un traitement dans les pays à revenus faibles et intermédiaires est estimé à 6,6 millions, 1,35 million de plus qu’en 2009. Cette année-là, seulement 39 % de ceux qui en avaient besoin bénéficiaient d’un traitement antirétroviral. Fin 2010, le pourcentage était de 47 % sur 14,2 millions. Certains pays comme le Botswana, la Namibie et le Rwanda ont même atteint l’objectif d’un accès universel (soit une couverture de 80 % ou plus).
Pour l’ONUSIDA, « le traitement antirétroviral est la clé d’une accélération du progrès ». La baisse des nouvelles infections induite par les programmes de prévention et les changements de comportements sexuels est suivie d’une stabilisation, souvent à des niveaux élevés. « Les preuves récentes suggèrent que cet effet de plateau peut être brisé par les bénéfices préventifs supplémentaires d’une couverture de soins plus intensive », souligne le rapport. L’exemple du Botswana est significatif. Les premières baisses du taux de nouvelles infections à VIH, observées alors que l’utilisation du préservatif augmentait entre 1998 et 2000, ont été suivies d’une phase de ralentissement correspondant à une stabilisation des schémas de comportements sexuels. Toutefois, le Botswana a été le premier pays africain à mettre en place un programme d’accès gratuit aux ARV dont la couverture est passée de moins de 5 % en 2000 à plus de 80 % en 2009 avec, en corollaire, une baisse des nouvelles infections de plus de deux tiers depuis la fin des années 1990. Selon l’ONUSIDA, le nombre des nouvelles infections serait « de 30 à 50 % inférieur à ce qu’il aurait été en l’absence de thérapie antirétrovirale ».
Au niveau mondial, le taux annuel de nouvelles infections a chuté de 21 % entre 1997 et 2010 et de 15 % en dix ans. Quelque 2,7 millions de personnes ont été infectées en 2010, dont encore 390 000 enfants. L’accès au traitement « optimise la réussite des programmes combinés de prévention du VIH », insiste le rapport. En diminuant la charge virale, les ARV permettent de réduire le risque de transmission du virus. « Coupler l’accès au traitement avec une combinaison d’options préventives fait baisser le taux de nouvelles infections à VIH vers des niveaux records », poursuit l’organisation. En plus du préservatif, l’ONUSIDA cite la mise à disposition des tests de dépistage rapide ou encore la circoncision médicale, comme au Kenya. « On estime que 20 millions d’hommes doivent encore être circoncis en Afrique du Sud et de l’Est pour que toute la population bénéficie de la prévention. Si cet objectif est atteint, près de 3,4 millions de nouvelles infections à VIH seront évitées d’ici à 2015 », insiste l’ONUSIDA.
24 milliards par an.
En dépit des progrès, « l’épidémie n’est pas terminée », souligne l’ONUSIDA. Pour atteindre l’objectif zéro, les États membres des Nations unies se sont mis d’accord pour un élargissement du financement à 22-24 milliards de dollars par an (16-17 milliards d’euros). Fin 2010, environ 15 milliards de dollars (11 milliards d’euros) étaient disponibles, l’aide internationale étant passé de 8,7 milliards de dollars (6,4 milliards d’euros) à 7,6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros), soit une baisse de 10 %. L’ONUSIDA prône une nouvelle approche consistant à investir de manière appropriée au bon endroit avec les bonnes stratégies. Réagissant aux résultats publiés par l’ONUSIDA, l’association One, cofondée par Bono, estime que les progrès sont significatifs, mais qu’ils constituent également « un cri d’alarme ». « Cette dernière année, 1,4 million de personnes supplémentaires ont pu bénéficier de traitements contre le sida (...) Mais plus de 7 millions de personnes sont toujours en attente de traitement et les chiffres des nouvelles infections ne déclinent pas », a constaté Guillaume Grosso, directeur de One France. L’association relève aussi qu’il « est choquant de constater que moins de la moitié des mères séropositives bénéficient de la prise en charge appropriée pour éviter de transmettre le virus à leurs enfants (...) le statu quo n’est pas suffisant. »
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