Le développement de la forme orale pour de nombreux anticancéreux présente de sérieux avantages pour les patients, en particulier sur leur qualité de vie. Mais il soulève d’autres problématiques telles que l’observance (adhésion, respect des horaires de prise, erreurs de dosage, oubli…), la gestion des effets indésirables à domicile, l’adaptation posologique liée à la biodisponibilité… C’est dans ce cadre que l’implication du pharmacien, en lien avec les prescripteurs et le médecin traitant, est essentielle. L’accompagnement des patients sous anticancéreux oraux, désormais officiellement lancé, trouve ainsi toute sa place au sein des nouvelles missions officinales.
• Les objectifs
L’avenant 21 fixe de multiples objectifs à cet accompagnement : « rendre le patient autonome et acteur de son traitement ; limiter la perte de repères de ces patients ; favoriser le suivi, le bon usage et l’observance des anticancéreux oraux ; informer le patient et obtenir l’adhésion à son traitement ; l’aider dans la gestion des traitements ; prévenir les effets indésirables ; assurer une prise en soins coordonnée du patient ». La forme per os ne diminuant pas la fréquence ou la gravité des effets indésirables des anticancéreux, leur survenue à domicile impose la mobilisation des professionnels de santé de ville et les équipes de primoprescription des établissements de santé. Dans ce contexte, la coopération interprofessionnelle entre toutes les parties prenantes est l'une des clés de la réussite.
• La formation
Si la formation n’est pas obligatoire, elle est vivement recommandée. Une formation à actualiser régulièrement pour faire face aux innovations continues dans le domaine. Nombre d’organismes proposent déjà différents modules aux pharmaciens.
• L’adhésion du patient
Cet accompagnement s’adresse aussi bien aux patients en initiation de traitement qu’à ceux dont la thérapie est déjà en cours. Le patient doit être âgé d’au moins 18 ans et être traité par un anticancéreux oral appartenant aux classes ATC L01 et L02 (liste mise à jour deux fois par an). Après présentation de la démarche et des objectifs poursuivis, l’adhésion du patient doit être formalisée par une inscription via un formulaire disponible sur le site ameli.fr.
• Les entretiens pharmaceutiques
La première année, trois entretiens pharmaceutiques doivent être menés. Le premier est centré sur l’analyse des interactions des traitements. Analyse réalisée au préalable, au besoin après avoir contacté le prescripteur, le pharmacien hospitalier ou l’équipe hospitalière. Le pharmacien recueille ensuite les informations générales auprès du patient, évalue ses connaissances quant au traitement suivi ainsi que son ressenti, et détaille les modalités de prise, y compris la conduite à tenir en cas d’oubli ou de surdosage. Il déconseille toute automédication sans l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien et fait le point sur les contre-indications alimentaires ou médicamenteuses.
Le deuxième entretien vise à identifier les difficultés quotidiennes rencontrées par le patient dans le cadre de son traitement et à aborder les effets indésirables auxquels il est confronté. C’est l’occasion de rappeler les règles générales pour tout traitement par anticancéreux oraux (limiter la consommation d’alcool, ne pas s’exposer au soleil, etc.), l'impact de ces molécules sur la vigilance ou leurs effets tératogènes. La douleur, souvent très présente, doit aussi être abordée, évaluée, et son traitement (dérivés morphiniques) expliqué. Le troisième entretien a pour objectif d’évaluer l’observance du patient.
L’année suivante, le pharmacien met en place au moins un entretien pour les patients sous anticancéreux au long cours et deux entretiens pour les autres anticancéreux : l’un sur la vie quotidienne du patient et les effets indésirables, l’autre sur son observance. L’accompagnement doit s’adapter au patient en fonction de sa réceptivité et de l’appropriation des messages transmis. Le recueil de tout élément nouveau – changement de traitement, d’alimentation, d’environnement, d’état de santé… - doit être réalisé à chaque entretien. Chacun d'entre eux est l'occasion d'un temps d’échanges plus informel, avant de fixer la date du prochain rendez-vous.
• Un guide et des fiches validés par l’INCa
Le guide d’accompagnement du patient, validé par l’Institut national du cancer (INCa), constitue la bible du pharmacien engagé dans la démarche. Publié au « Journal officiel » en annexe de l’avenant 21, il est aussi à disposition des officinaux sur le site Internet de l’assurance-maladie, dans des versions permettant d’être téléchargé et imprimé. En outre, des fiches de suivi reprennent l’ensemble des points incontournables à la réalisation de cet accompagnement et servent de support d’échanges avec le patient et le médecin traitant.
• La rémunération
L’avenant 21 introduit le paiement au terme de chaque entretien pharmaceutique, et non plus sous forme de rémunération sur objectif de santé publique (ROSP). La première année, le pharmacien doit avoir enregistré l’adhésion du patient et réalisé trois entretiens (année glissante), pour prétendre à une rémunération, puis un ou deux entretiens les années suivantes.
Cette facturation comprend deux montants distincts. Ainsi, pour des anticancéreux oraux au long cours, à savoir l’hormonothérapie (tamoxifène, anastrozole, létrozole, exémestane), le méthotrexate, l’hydroxycarbamide et le bicalutamide, la facturation de la première année s’élève à 60 euros (63 euros en outre-mer), puis à 20 euros les années suivantes (21 euros pour l’outre-mer). En revanche, pour les autres anticancéreux per os (figurant toujours dans les classes ATC L01 et L02), la première année est facturée 80 euros (84 euros pour l’outre-mer), et 30 euros les années suivantes (31,50 euros pour l’outre-mer).
En cas de changement de traitement survenant l’année de l’adhésion, le pharmacien peut facturer le tarif de l’année de référence et le tarif de l’année N + X, à condition qu’il ait réalisé au moins l’entretien initial et un entretien thématique avant le changement de traitement, puis deux entretiens thématiques après changement de traitement. Si cette modification intervient l’année suivant l’adhésion, le pharmacien peut facturer deux années N + X s’il a réalisé au moins un entretien avant changement et deux entretiens après.
En cas de décès du patient, le pharmacien est éligible à la rémunération prévue dès lors qu’il a réalisé l’entretien initial la première année, ou au moins un entretien thématique les années suivantes. Enfin, la rémunération des accompagnements est exonérée de TVA.
Dans les Alpes-Maritimes
Dépistage du VIH : une expérimentation à l’officine
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques