Pour inciter les patients à arrêter le tabac, le conseil minimal devrait être systématique en officine. « Deux questions simples suffisent à attirer son attention : êtes-vous fumeur ? Envisagez-vous d'arrêter ? Si tous les professionnels de santé posaient ces mêmes questions aux patients fumeurs, cela engendrerait une prise de conscience propice au sevrage tabagique. Selon la Haute Autorité de santé, le conseil minimal déclenche 200 000 arrêts supplémentaires par an », souligne Valérie Rocchi, pharmacien-tabacologue à Marseille, et membre du conseil scientifique de l'Institut Pierre Fabre de Tabacologie (IPFT).
Diverses possibilités s’offrent aux pharmaciens souhaitant collaborer avec d'autres professionnels de santé, notamment par le biais de l'article 51 de la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires). « Pour ma part, je travaille au sein d’une maison de santé pluridisciplinaire avec deux médecins généralistes, une diététicienne, une sage-femme, des infirmiers et un kinésithérapeute. Cette collaboration me permet d'accompagner des patients vers la réduction et/ou l'arrêt du tabac et d’échanger de façon sécurisée avec les médecins et les autres professionnels dans l’intérêt du patient », assure Valérie Rocchi.
Un acteur idéal
L'expertise, la disponibilité et la proximité du pharmacien avec sa patientèle en font un acteur idéal dans l'accompagnement vers l'arrêt du tabac. « Il est important de former toute l'équipe officinale au conseil minimal. Une personne doit être dédiée à l'accompagnement au sevrage tabagique », note Valérie Rocchi. Une démarche dans laquelle cette pharmacienne s'est engagée avec l'IPFT (voir l'encadré). « Au sein du conseil scientifique, nous avons imaginé des outils pour aider les officinaux à accompagner les patients qui souhaitent arrêter de fumer », précise Valérie Rocchi.
Face à un patient motivé pour s'engager dans une démarche de sevrage, le pharmacien doit effectuer une évaluation rapide de sa dépendance, notamment via le test de Fagerström. Il doit évaluer les motivations et les craintes du fumeur, connaître son état de santé et lui faire préciser s'il souhaite la réduction avant l'arrêt définitif du tabac. « Le pharmacien est habilité à délivrer les substituts nicotiniques (en libre accès) et suivre son patient. Dans tous les cas, il doit le revoir dans les 7 à 10 jours qui suivent le début du sevrage pour réévaluer le protocole. Car il existe d'importantes variabilités individuelles liées au métabolisme de la nicotine, à la façon de fumer, au comportement. Il doit travailler en synergie avec les autres professionnels de santé et ne pas hésiter à orienter son patient, si besoin, vers des médecins addictologues », précise Valérie Rocchi.
Vers des entretiens pharmaceutiques rémunérés
Aujourd'hui, l'officinal n'est pas rémunéré pour le suivi du patient fumeur. L'avenant 11 de la convention prévoit de travailler sur la valorisation de la pratique professionnelle et, notamment, le sevrage tabagique. « Le remboursement des substituts nicotiniques est une formidable avancée pour le patient, mais cette mesure ne peut être complète, à mon sens, sans la prise en charge de l'accompagnement qui permet de favoriser l'observance et d'éviter les rechutes », conclut Valérie Rocchi.
D'après une conférence de presse de Pierre Fabre Healthcare.
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