Cette approche, nommée « Immunité par la communauté », a consisté à faire intervenir des parents ayant confiance en la vaccination pour convaincre ceux qui y sont réticents, dans les centres de santé ou les écoles, en personne ou sur les réseaux sociaux. Cette méthode, mise en application pendant trois ans dans deux communautés de l’État de Washington aux États-Unis, donne de bons résultats puisque l’on observe en particulier que la proportion de parents hésitant par rapport aux vaccins est passée de 23 à 14 %, et que ceux qui étaient inquiets que d’autres parents ne vaccinent pas leurs enfants sont 89 % à la fin de l’étude (contre 81 % au début). Moins de parents pensaient que les enfants étaient vaccinés trop jeunes, tandis que davantage estimaient que vacciner leur enfant était une bonne décision. La limite de cette étude était l’absence de groupe contrôle, d’autres facteurs pouvant expliquer les changements survenant entre 2011 et 2014, dates de début et de fin de l’enquête.
Les auteurs soulignent que les parents « vecteurs » peuvent transmettre des messages positifs d’une manière qui n’utilise pas la confrontation – ou ce qui peut être vécu comme tel par les parents face aux médecins. Ils estiment que ce projet contrebalance les messages anti-vaccins très présents sur les réseaux sociaux, qui ne reflètent cependant par le fait que la plupart des parents vaccinent leurs enfants et soutiennent la vaccination.
Des vaccins victimes de leur succès
Les dirigeants de l’Emory Vaccine Center, un centre de recherche vaccinale situé à Atlanta, en Géorgie, se sont eux penchés sur l’importance d’améliorer la confiance dans les vaccins – sans quoi, « le meilleur vaccin au monde aura une efficacité de 0 % s’il n’est pas utilisé », disent-ils. Pour améliorer cette confiance, professionnels de santé et personnes-ressources de la société civile doivent travailler ensemble, afin de montrer les bénéfices économiques et sanitaires des vaccins, pour ceux qui sont vaccinés et leur communauté (principalement ceux qui ne peuvent être vaccinés).
Les auteurs rappellent les chiffres de différents rapports montrant l’augmentation de la méfiance par rapport aux vaccins : ainsi, parmi 159 cas de rougeole survenus entre le 4 janvier et le 2 avril 2015 aux États-Unis, 68 n’étaient pas vaccinés, et 29 d’entre eux citaient des objections religieuses ou philosophiques. Une autre étude nationale montrait que les pédiatres américains étaient 87 % à rapporter des refus de parents par rapport à la vaccination en 2013, contre 74,5 % en 2006. Et d’après une étude menée dans 67 pays, 5,8 % des sondés étaient sceptiques à propos de l’importance des vaccins. Pourtant, les bénéfices sanitaires et économiques des vaccins sont nets : 9 maladies ont été réduites de plus de 90 % et plusieurs éliminées ou réduites de plus de 99 % grâce aux vaccins ; quand le bénéfice économique net des vaccins s’élève à 69 milliards de dollars aux États-Unis.
« Les vaccins sont en fait victimes de leur succès puisque la peur des vaccins et de leurs effets secondaires a augmenté alors que la connaissance de leurs bénéfices diminuait puisque les maladies qu’ils évitaient avaient largement disparu », estiment les auteurs.
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