Troisièmes plus gros consommateurs d’antibiotiques au monde, les Français continuent d’en méconnaître l’usage tout comme les risques d’antibiorésistance. Le ministère de la Santé s’apprête à lancer une nouvelle opération en 2017. Avec, à l’appui, un encadrement plus strict des prescriptions et la mise en place d'une ordonnance spéciale.
Le slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique » lancé il y a quinze ans a perdu de sa force. Depuis 2010, la consommation d’antibiotiques est repartie à la hausse, plaçant la France derrière la Grèce et la Roumanie en termes de surconsommation. Les statistiques du gouvernement font même état d’indicateurs inquiétants. Près de 30 à 50 % des traitements seraient prescrits inutilement car inadaptés aux pathologies indiquées.
Une enquête réalisée par OpinionWay* pour le Laboratoire Sanofi, corrobore ces données. Ainsi, 40 % des Français déclarent réclamer un antibiotique à leur médecin lorsque celui-ci leur diagnostique une maladie virale. L’ignorance du mésusage et de ses risques est particulièrement importante chez les moins de 35 ans, dont 66 % n’ont jamais entendu parler d’antibiorésistance. Or, selon le ministère de la Santé, les infections bactériennes résistantes sont responsables de plus de 30 morts par jour, soit près de 13 000 décès par an.
Lançant le défi de descendre « sous la barre des 10 000 morts par an imputables à une infection par un germe multirésistant », le gouvernement veut réduire la consommation d’antibiotiques de 25 % d’ici à 2018. Il annonce pour 2017 une grande campagne de promotion sur le bon usage des antibiotiques.
Outre un budget de 330 millions d’euros alloués en priorité sur cinq ans à la recherche, des mesures concerneront directement le médicament. Les prescriptions seront plus encadrées, notamment pour les antibiotiques susceptibles de faire émerger le plus de germes résistants. La première prescription sera limitée à 7 jours et pour des indications précises. Ces antibiotiques seront prescrits à l’issue d’un test rapide de diagnostic, et sur ordonnance spéciale, à l’instar des stupéfiants. Le ministère de la Santé déclare par ailleurs qu’il va renforcer le recours aux tests rapides pour la détection des angines virales ou bactériennes.
Avec l'AFP.
*Enquête réalisée auprès de 1 029 personnes, les 19 et 20 octobre 2016.
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