Les deux cent cinquante pharmacies du Morbihan viennent de participer, pendant quatre mois, à une campagne de la Sécurité routière. Le but était d'attirer l'attention du grand public, à l'officine en l'occurrence, aux dangers de somnolence créée par des médicaments, et pouvant affecter la vigilance au volant. Le Bureau enquête accident (BEA) a justement révélé, en avril dernier, que la collision entre un bus scolaire et un train, en 2017 dans les Pyrénées-Orientales, causant la mort de six collégiens, pouvait être due à l'assoupissement de la conductrice du bus du fait de médicaments.
« Nous sommes concernés au premier chef par la prise de médicaments, on en est conscients, on sait que les patients ont largement le temps de lire les pictogrammes liés aux dangers de somnolence, mais qu'ils le font trop peu », souligne Patricia Chaleix, à la pharmacie Sainte-Anne, à Vannes. La Sécurité routière avait retenu cette officine pour lancer la campagne, le 19 octobre 2018.
Une campagne nationale avait déjà été menée, invitant les pharmaciens à demander du matériel aux délégations de la Sécurité routière. Dans le Morbihan, ce service de l'État a inversé la procédure. En lien avec le syndicat et l'Ordre, le matériel a été envoyé d'office aux pharmacies, campagne de presse à l'appui.
Le matériel consistait en des tapis portant l'inscription « Les pharmaciens du Morbihan veillent sur votre santé », à poser sur le comptoir. Chaque tapis attirait l'œil, pour provoquer la discussion, présentant les trois pictogrammes, niveau 1, niveau 2 et niveau 3, présents sur les boîtes de médicaments. Chaque pharmacie a aussi reçu quatre cents petites brochures intitulées « La sécurité sur la route commence sur votre table de nuit », rappelant les pictogrammes, détaillant les bonnes démarches à suivre, et à remettre aux clients.
4 % des accidents mortels
« Trois à 4 % des accidents mortels sur la route sont liés à des prises de médicaments, dont les anxiolytiques, les hypnotiques, les antidépresseurs, qui concernent 11,5 millions de Français, rappelle Françoise Josse, cheffe d'unité à la Direction des territoires et de la mer (DDTM) du Morbihan. Nous avons vu, au travers de la campagne, un intérêt certain des pharmaciens qui constatent que les pictogrammes « font partie de l'emballage » et ne sont plus regardés. On a notamment remarqué que les clients les plus surpris, sur lesquels l'impact a été le plus fort, étaient ceux qui pratiquent l'automédication. Ils ne se sentaient pas concernés. »
« Beaucoup de médicaments créent un effet de somnolence, même un sirop pour la toux, confirme Stéphanie Cahu, pharmacienne à Plouay. La campagne nous a fait discuter avec les clients, qui regardaient les tapis au comptoir et posaient des questions. Surtout des gens qui prenaient un médicament nouveau pour eux, comme ce patient avec un lumbago, qui a dit ensuite qu'il prendrait son comprimé le soir. »
« C'est à nous de parler du médicament, reprend Patricia Chaleix, mais nous n'en avons pas toujours le temps. Il faut aussi interpeller les médecins, il est tout à fait anormal, par exemple, que des patients prennent un somnifère depuis vingt ou trente ans. »
La préfecture du Morbihan se félicite de cette campagne. « Beaucoup de pharmaciens donnaient déjà des informations, mais elle a donné un coup d'accélérateur et a été très bien perçue, souligne Françoise Josse. Les pharmaciens offrent une couverture géographique exceptionnelle, ce sont des professionnels qui parlent aux patients. Il est très intéressant pour la Sécurité routière de travailler avec eux. »
« Cette opération doit être renouvelée, car elle amène à discuter avec les patients, affirme Stéphanie Cahu. On ne leur parle pas forcément assez, ce qui renforce la nécessité du bilan de médication. »
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