DANS LE CADRE de la séance inaugurale des conférences Eduthera, dont la vocation est de fédérer les différents acteurs autour de l’éducation pour la santé, Claude Japhet, président de l’UNPF (Union nationale des pharmacies de France), a précisé la place du pharmacien d’officine. L’éducation thérapeutique des patients recouvre plusieurs finalités. Selon le Code de la santé publique, elle consiste à améliorer la qualité de vie du patient et à faciliter son adhésion au traitement, alors que pour l’OMS elle doit lui permettre d’acquérir des compétences relatives à sa maladie et à son traitement afin d’améliorer l’évolution de la pathologie. Le Haut conseil de la santé publique l’envisage comme un moyen d’aider le malade à comprendre sa pathologie et de coopérer avec les soignants. Lors de la dispensation des médicaments, les deux moyens d’intervention du pharmacien sont l’accompagnement du patient et les programmes d’apprentissage des gestes techniques, mais cela suppose une très bonne coordination entre tous les professionnels de santé, sans aucune discordance. Les pratiques sont différentes selon les pathologies à faible ou haute prévalence, comme le diabète ou l’HTA, et il y a plusieurs étapes à respecter dans l’ETP.
Le premier problème qui se pose au pharmacien est de s’assurer, à tout moment, que la personne a compris les enjeux de son traitement et le programme qui lui est proposé. Un autre point important est de repérer les signes qui doivent alerter le patient en cas de déséquilibre de son traitement, ou les phénomènes déviants dont le médecin n’a pas conscience, et de savoir décider quand une consultation s’impose (exemple, lors d’une crise d’asthme). Le pharmacien doit apprendre au malade à gérer lui-même son traitement, et lui enseigner les bons gestes et les bonnes pratiques pour une autonomie « éclairée ». Son rôle est aussi d’accompagner et d’informer la famille ou les proches selon les circonstances.
Les atouts du modèle français.
« Notre profession s’inscrit dans un triptyque qui réunit médecin, pharmacien et infirmière, entouré des professions paramédicales, des associations et des aides de vie, estime Claude Japhet. La loi HPST nous donne différents moyens pour mener à bien ces missions : conseils, entretien pharmaceutique, rendez-vous santé, coopération, pharmacien correspondant… mais cela prendra du temps. Ces avancées doivent se concrétiser par de nombreux décrets. »
Dans la pratique, le modèle français présente, par rapport à d’autres pays européens, des atouts majeurs : c’est le pays où la démographie officinale est la mieux répartie, où la densité pharmaceutique est la plus forte, et qui compte le plus grand nombre de pharmaciens (titulaires et adjoints). « Certaines structures (30 % des pharmacies) manquent d’espace mais il faut éviter le phénomène qui consiste à désigner des experts qui ciblent une population donnée, souligne le président de l’UNPF. La confidentialité doit trouver les moyens de s’adapter. Les équipes officinales doivent être formées et surtout comprendre les enjeux de la refondation de leur exercice. Elles doivent ensuite externaliser leur savoir et leur savoir-faire, c’est-à-dire sortir de l’officine pour apporter les informations et les explications au chevet du malade. » Les personnes alitées ou handicapées doivent avoir le même accès aux soins que les valides. Prévention, dépistage, accompagnement et portage sont les premiers rouages à mettre en place autour de la dispensation du médicament.
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