Les tensions entre patients et pharmaciens ne s'apaisent pas au sujet des vaccins antigrippaux qui font toujours cruellement défaut dans les frigos des officines françaises.
Ce matin sur « LCI », plusieurs pharmaciens ont témoigné pour évoquer leurs difficultés, les ruptures auxquelles ils doivent faire face et les plaintes qu'envisageraient de déposer certains patients qui ne comprennent pas pourquoi ils n'ont pas pu être vaccinés en dépit du fait qu'ils avaient une ordonnance. À l'image de Jean-Jacques Zambrowski, économiste de la santé et invité de l'émission, des voix accusent les officinaux d'être en partie responsables de cette pénurie. « Les pharmaciens ont passé commande en janvier, avant le début de l'épidémie de Covid-19. Ce sont eux qui commandent, ce n'est pas l'État (...) On aurait dû réagir plus tôt et les officinaux auraient dû en commander davantage, (ce qui aurait été le cas) si on les avait sensibilisés ou s'ils en avaient eu l'intuition, a estimé le Pr Zambrowski lors de cette émission. C'est l'ensemble du système qui n'a pas anticipé l'immense adhésion » de la population à la vaccination antigrippale, a-t-il dénoncé en conclusion, omettant de préciser que les officinaux avaient bien commandé 10 à 20 % de doses supplémentaires par rapport à l'an passé.
Dans ce contexte tendu, des patients étudieraient en tout cas la possibilité de se regrouper pour porter plainte contre des pharmaciens qui n'ont pu les vacciner. Un projet de class action (action collective) a notamment été évoqué par une pharmacienne du Nord qui s'est exprimée ce matin lors de l'émission. « Les patients sont en colère contre nous, explique cette officinale récemment menacée d'une plainte par une patiente qu'elle n'a pas pu vacciner. Un groupement serait en train d’être créé par des patients pour porter plainte contre les pharmaciens », a-t-elle également affirmé sans donner plus de précisions.
Président du Conseil central A de l'Ordre des pharmaciens, Pierre Béguerie confirme que des Ordres régionaux ont bien reçu des courriers de plaintes provenant de patients sur ce sujet. « Rien de significatif néanmoins, tempère-t-il. À titre d'exemple, en Ile-de-France, le CROP n'a reçu qu'un seul signalement sur ce sujet pour le moment. Quoi qu'il en soit, l'Ordre saura défendre les pharmaciens si certains d'entre eux devaient faire l'objet de plaintes pénales », tient à souligner le président de la section A. Selon une source contactée par le « Quotidien du pharmacien », il n'y aurait à ce jour aucune plainte officiellement déposée par un patient contre un pharmacien pour un « refus » de vaccination. « Les pharmaciens ne sont pas responsables de la mise à disposition des doses de vaccin de toute façon, tient à rappeler Pierre Béguerie. Si plainte il y a, ils auront largement les moyens de se défendre. »
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