Alors que les nouvelles missions se multiplient pour les pharmaciens, la question de la délégation de la prise en charge de certaines pathologies courantes aux officinaux se pose de plus en plus. Une éventualité accueillie avec scepticisme par les médecins.
Une expérimentation de prise en charge des patients en pharmacie sans passer par la case médecin, pour 13 pathologies courantes, est déjà testée en Bretagne depuis l'automne 2021. Le principe est simple : dans des situations bénignes (lombalgie, diarrhée, conjonctivite, plaie simple, brûlure légère…), les patients peuvent être pris en charge par les pharmaciens (ayant suivi une formation) en premier lieu, et redirigés vers les médecins ou les urgences si la situation l'exige. Ce dispositif permet d'offrir une réponse rapide aux malades et de désengorger les urgences. Mais pourrait-il être étendu à tout le territoire ?
Les médecins semblent peu emballés par cette idée, comme le souligne un sondage abordant la question (« Faut-il déléguer aux pharmaciens la prise en charge des petits bobos du quotidien ? »), mis en ligne lundi par le « Quotidien du médecin ». À ce jour, sur les 119 réponses, 71 % sont négatives, 26 % positives, et 3 % des internautes ne se sont pas prononcés.
Parmi les commentaires de ce sondage, un médecin s'interroge sur les priorités gouvernementales : « Je respecte nos collègues pharmaciens, mais je ne comprends pas pourquoi on me met de tels bâtons dans les roues pour une activité de téléconsultation, tandis que l'on va confier le premier recours aux pharmaciens qui sont hypercompétents en pharmacologie, mais n'ont pas de formation en pathologie en dehors de leur pratique », explique-t-il.
Dans la majorité des commentaires, les médecins, dubitatifs sur l'apport réel de la mesure, remettent en question le but affiché d'accès aux soins pour les patients : « Les pouvoirs publics veulent pallier la pénurie de médecins par ce tour de passe-passe », juge l'un d'entre eux. Si plusieurs remettent directement en cause la capacité des pharmaciens à se charger de cette activité, ils restent minoritaires.
Pour certains, cette avancée est plus ou moins inéluctable : « Il fallait bien que l’État trouve des solutions, même si ça ne plaît pas. De nombreux patients ne trouvent pas de solution pour une prise en charge médicale. N’aurions-nous pas scié nous-mêmes la branche sur laquelle nous étions assis ? Beaucoup d’entre nous refusent les nouveaux patients… »
Plus sarcastique, un médecin propose, amusé : « Eh bien moi, je demande à vendre des médicaments, il n’y a pas de raison que cela soit à sens unique ! » Et quelques pharmaciens le mettent au défi.
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