Au Havre, un barnum fait polémique car il a été installé par un pharmacien basé… à Mantes-la-Jolie, à près de 150 km. Les syndicats demandent aux pouvoirs publics d'intervenir pour faire évoluer la réglementation.
Installé pendant les fêtes de fin d'année, un barnum monté sur la place de l'hôtel de ville du Havre propose des tests Covid et des résultats en seulement 10 minutes. Rien de bien surprenant à première vue, ces tentes prévues pour le dépistage ayant fleuri sur les trottoirs de nombreuses grandes villes françaises ces derniers mois. Pourtant, le barnum en question présente une particularité qui a poussé la presse locale à s'y intéresser. Si trois officines sont installées autour de la place, le pharmacien qui a obtenu l'autorisation de la mairie pour ouvrir ce barnum ne travaille dans aucune d'entre elles. Selon « France Bleu », ce dernier est basé à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, ville distante de 150 km de la sous-préfecture de la Seine-Maritime. Interrogée par le média local, l'infirmière embauchée pour effectuer les prélèvements indique « ne pas savoir qui est le pharmacien pour qui elle travaille » et précise avoir été recrutée par « une agence d'intérim médical ».
Une situation qui a fait réagir Philippe Besset. Lors d'une Web conférence le 4 février, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) s'est insurgé contre ce type de pratique. « J'ai demandé à Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale d'assurance-maladie, d'intervenir auprès du ministre de la Santé pour que la réglementation évolue au sujet de ces barnums distants des officines. Ce n'est pas possible d'avoir des barnums au Havre qui dépendent d'une pharmacie de Mantes-la-Jolie. Le professionnel de santé doit être sur place, à proximité immédiate du barnum. C'est valable pour les pharmaciens, mais aussi pour tous les professionnels de santé », estime Philippe Besset.
Une position que rejoint son homologue de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Pierre-Olivier Variot. Le syndicat a plusieurs fois alerté sur les nombreuses dérives observées avec les barnums (diagnostics réalisés par des étudiants qui n'en ont pas le droit, tests effectués dans des conditions de froid, résultats donnés à la vitesse de l'éclair…). Il estime désormais que les pouvoirs publics doivent apporter une réponse à la question de ces barnums ouverts à des kilomètres de lieu d'exercice du responsable. « Il n'est pas normal que quelqu'un travaille pour un professionnel de santé qu'il ne connaît pas », fait premièrement remarquer Pierre-Olivier Variot. « Un pharmacien peut gérer un barnum à 200 mètres de son établissement mais seulement si l'un de ses adjoints se trouve à l'intérieur. Dans tous les cas, Il faut que le barnum soit à proximité de la pharmacie et que le nom du professionnel de santé qui en est responsable soit affiché. Aujourd'hui ce n'est pas le cas et il est impossible de savoir qui est derrière. On a dit à l'assurance-maladie qu'elle devait faire quelque chose car cela va finir par se retourner contre les pharmaciens », redoute le président de l'USPO.
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