« L'éducation thérapeutique du patient (ETP) n'est pas directement liée à l'activité du pharmacien, mais lorsqu'il y participe, il montre aux autres professionnels de santé qu'il est aussi un soignant. Cette activité me sert en outre à mieux expliquer les médicaments », affirme Nicolas Bouvier. Ce pharmacien de Plouay (Morbihan), installé depuis sept ans, s'était d'abord rapproché d'un réseau d'ETP à Lorient, pour les personnes souffrant de diabète et de risques cardiovasculaires. Il préparait « l'inclusion » des personnes intéressées par un bilan éducatif, prendre le premier rendez-vous, fixer un objectif.
Le réseau lorientais a été dissous, fin 2018, et Nicolas Bouvier avait déjà été contacté par une infirmière de Plouay qui cherchait à recentrer une action analogue sur la ville de centre-Bretagne de 5 600 habitants. Une société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) devenait, de surcroît, opérationnelle pour Plouay et la campagne alentour dans un rayon d'une dizaine de kilomètres.
40 heures de formation
Des objectifs d'ETP « assez globaux » ont été fixés par l'agence régionale de santé (ARS) pour deux programmes : « Au cœur de ma santé », visant les maladies chroniques, dont le diabète de type 2, et « Du souffle à ma vie », pour la broncho-pneumonie chronique obstructive (BPCO). Les ateliers sont encadrés par des professionnels, médecins, pharmacien et infirmières, des séances gratuites et financées par l'ARS, en principe collectives, mais des séances individuelles sont aussi prévues.
« J'ai suivi au départ une formation de 40 heures en vue de ces ateliers, précise Nicolas Bouvier. Les patients que nous recevons ne sont pas toujours lourdement malades, surtout lorsque nous les recevons au début de leur maladie. Ils viennent de tous les milieux, sont souvent jeunes, et surtout connaissent mal leur maladie. » Les thèmes abordés concernent la connaissance de la maladie et du traitement, la gestion de ce traitement, de l'effort physique, de l'alimentation, du stress. Tous les patients ont été « recrutés » au comptoir de la pharmacie, ou par des médecins ou des infirmières.
Le confrère anime l'atelier de gestion du traitement, des réunions de cinq à six personnes, introduites par une présentation un peu théorique. « Les gens ensuite se parlent entre eux, parlent de leur traitement, entre le préventif et le traitement de fond. Notre but est de rendre le patient acteur de son traitement. Comment pratiquent-ils avec leur aérosol ? L'un le montre, les autres observent et évaluent. Ils pensent tous bien suivre leur traitement, mais il existe un fossé avec la réalité, un réel problème d'observance. »
Chacun dans son rôle
Le titulaire estime que beaucoup de patients n'ont pas pris conscience de leur maladie, mais que la conversation avec d'autres les y amène. « À la pharmacie, on essaie d'expliquer la maladie, la prise du traitement, mais ce n'est pas toujours simple, il y a du monde autour. Les membres de l'équipe cherchent à être davantage que de simples vendeurs, mais on vit aussi une accélération des missions. On fait, par exemple, le double contrôle de toutes les délivrances. »
« Avec la SISA, l'information passe mieux ; médecins et infirmières ont été vus et informés, deux médecins sont dans le programme. On a de jeunes médecins qui ont une vision assez large de leur métier, ils acceptent volontiers de déléguer la vaccination, l'évolution des dosages ; ils ont une démarche tout à fait dans l'air du temps. Chaque professionnel de santé est pleinement dans son rôle. » Pour preuve : la maison de santé accueille les ateliers.
Thésé en 2007, Nicolas Bouvier se souvient de cours magistraux à la fac, peu en phase avec son métier actuel. « L'image du pharmacien a évolué, les pratiques aussi. Il faut toujours se remettre en question, affirme-t-il. J'ai pleinement conscience d'avoir encore beaucoup à apprendre. »
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