Plus de 200 cas par an en France

Sensibiliser les parents au syndrome du bébé secoué

Publié le 29/06/2009
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Prendre un enfant dans ses bras, le câliner, l’embrasser sont les gestes affectueux et quotidiens des parents. Mais il arrive, dans certaines circonstances, qu’une perte de contrôle de soi induise chez eux un geste aux conséquences redoutables : le secouement du bébé. On dénombre en France chaque année au moins 200 cas de syndrome du bébé secoué.
Pour sensibliser les mamans au syndrome, une plaquette d'information est glissée dans le carnet...

Pour sensibliser les mamans au syndrome, une plaquette d'information est glissée dans le carnet...
Crédit photo : Geluck

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Crédit photo : Geluck

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UN BÉBÉ SECOUÉ est un bébé dont la tête a subi plusieurs secousses répétées dans un temps très proche. Ces secousses provoquent des cisaillements de veinetons dans la boîte crânienne. « Ce mécanisme physiopathologique induit un hématome sous-dural, des hémorragies de fond d’œil, sans lésions traumatiques externes », souligne le Dr Caroline Mignot, pédiatre à l’hôpital Necker.

Un mécanisme qui peut handicaper à vie un petit, voire le tuer. « Il touche les enfants de moins d’un an, particulièrement de moins de six mois, et, de façon prédominante et constante, les garçons dans deux tiers des cas », pointe le Dr Anne Laurent-Vannier, spécialiste en médecine physique et de réadaptation à l’hôpital Saint-Maurice (Val de Marne), et présidente de l’association France Traumatisme Crânien*.

Ce syndrome peut survenir dans n’importe quel milieu, et le contexte est souvent le même : l’exaspération d’un adulte - parent, proche, assistante maternelle - seul avec l’enfant dont les pleurs prolongés font perdre le contrôle de lui-même. On estime le nombre de cas à au moins 200 par an en France.

Et les conséquences sont variables : « Certains enfants vont avoir des handicaps lourds. Ils resteront aveugles ou paraplégiques, par exemple, d’autres seront moins touchés. Ils auront des troubles visuels, de l’épilepsie… Nous suivons ces enfants jusqu’au CP et certains d’entre eux vont bien », précise le Dr Mignot.

Secouer n’est pas jouer.

Compte tenu des conséquences du syndrome, il importe de mettre l’accent sur la prévention. Premier maillon de la chaîne, le pédiatre qui voit la jeune maman et son bébé après son accouchement. « Nous pouvons les mettre en garde contre certaines pratiques lorsque nous sentons une fébrilité chez la mère », souligne le Dr François Hervé, pédiatre au service de néonatalogie de l’hôpital Tenon.

Agacement, nervosité, certaines mères se plaignent auprès de leur pharmacien des difficultés rencontrées avec leur bébé. Au retour de la maternité, les mamans sont souvent un peu perdues et demandent conseil pour les petits soucis rencontrés, dont les problèmes d’endormissement…

Le pharmacien peut glisser à ce moment-là des recommandations sur les gestes à effectuer, et l’équipe officinale a ici un rôle important à jouer pour sensibiliser les nouveaux parents à la fragilité du bébé : « Le pharmacien peut les prévenir que secouer, qui est vraiment à différencier du jeu, peut tuer ou handicaper à vie », explique le Dr Laurent-Vannier.

Ils peuvent également donner une plaquette d’information sur le sujet aux parents et leur conseiller de prendre contact avec l’assistante sociale s’ils en ressentent le besoin. Car être parents n’est pas si facile. « L’écoute de l’officinal s’avère très importante, rappelle Caroline Mignot. Il ne faut jamais banaliser la parole de la maman. » S’il sent une fébrilité particulière, le pharmacien peut lui proposer de contacter avec elle son pédiatre.

Autre point qui n’est pas à négliger : expliquer qu'il est normal qu'un bébé pleure plusieurs heures par jour à tel point que l’on peut avoir envie de le secouer. Des conseils pratiques peuvent alors être formulés par le pharmacien et le médecin. « Ils peuvent demander aux parents d'imaginer ce qu'ils feraient s'ils étaient très en colère contre leur enfant plutôt que de le secouer, et également de réfléchir à quelle personne-ressource ils pourraient faire appel », conclut le Dr Anne Laurent-Vannier.

Pour en savoir plus : www.francetraumatismecranien.fr.
OLIVIA JAMET

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2676