DÈS MERCREDI, trente-cinq officines de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) vont se lancer dans une expérimentation au long cours de dépistage du diabète. La nouveauté, c’est qu’elles seront rémunérées par leur agence régionale de santé (ARS). Pendant un an, moyennant un forfait de 100 euros par mois pour dix dépistages, les pharmaciens proposeront ce service à un public bien ciblé. « L’ARS cherche
à détecter les patients “laissés pour-compte” qui échappent habituellement au système de soins », souligne Michel Siffre, secrétaire de l’union régionale des professionnels de santé (URPS) des pharmaciens de PACA. Et pour cela, elle a misé sur les pharmaciens « qui ont accès à une clientèle nombreuse et n’ayant pas spécialement de pathologie » et qui consulte rarement. « L’ARS était intéressée par la participation des pharmaciens, car c’est un service nouveau, qui n’est pas encore pris en charge par la caisse primaire d’assurance-maladie. Lorsque les rémunérations des nouvelles missions seront inscrites dans la convention, l’ARS n’aura plus besoin de s’occuper de cela », souligne Michel Siffre. Une enveloppe de
42 000 euros a donc été attribuée à ce projet. L’ARS a fixé à trente-cinq le nombre d’officines participantes, sélectionnées dans des cantons touchés par une surmortalité liée au diabète.
Formation obligatoire.
Le dépistage s’adressera aux patients de plus de 45 ans, qui n’ont pas vu de médecin depuis plus d’un an et qui présentent un excès pondéral visible. Pour chaque patient, le pharmacien prendra la tension, l’indice de masse corporelle et la glycémie. À l’issue du rendez-vous, l’officinal remplira une fiche patient. « Si le résultat est positif, on orientera la personne vers son médecin traitant. Il faudra ensuite effectuer un suivi pour s’assurer qu’elle l’a bien consulté. L’ARS souhaite que le pharmacien rappelle son patient un mois après le dépistage pour le vérifier », explique Michel Siffre. Avant de proposer le dépistage, une formation est obligatoire. Financée par l’URPS, la première séance débutera dès demain soir, avec la participation de médecins et d’infirmières de deux réseaux diabète, Diabaix et Marseille Diabète. « Les professionnels aborderont la théorie sur le diabète, et proposeront ensuite un atelier pratique », détaille le secrétaire de l’URPS. Les lecteurs de glycémie seront offerts au pharmacien par un laboratoire. « C’est la première fois qu’on met en place une nouvelle mission rémunérée par l’ARS », se félicite-t-il.
En effet, si des URPS de pharmaciens d’autres régions ont déjà déposé des contributions, les délais de réponse des agences s’avèrent plutôt longs. En Île-de-France, par exemple, la contribution des officinaux a été déposée en juin dernier, mais l’ARS ne s’est pas encore prononcée. « Nous n’avons eu aucune remarque sur les sujets proposés, mais certains ont cependant été repris dans le schéma régional d’orientation des soins, précise Renaud Nadjahi, président de l’URPS des pharmaciens d’Île-de-France. Nous avons travaillé plus de 600 heures depuis notre installation en mars pour présenter ce projet », calcule le président, qui tient à rappeler que les trois syndicats d’officinaux sont représentés et travaillent en bonne intelligence au sein de l’URPS. Leur contribution comprend des propositions sur l’entretien pharmaceutique, le suivi de l’observance, la prévention (contraception, vaccination, saturnisme, etc.), mais aussi sur la sortie hospitalière, en particulier des patients atteints de cancer. « Le point positif, c’est que nous avons très bonne presse auprès de l’ARS et des différents groupes de travail », souligne Renaud Nadjahi.
Des propositions bien accueillies.
De son côté, l’URPS des pharmaciens de Lorraine ne s’attend pas à des avancées avant fin mars, au mieux. « L’ARS travaille en priorité sur son plan régional de santé, explique Christophe Wilcke, président de l’URPS des pharmaciens de Lorraine. Lorsqu’il sera publié, nous pourrons sans doute mettre quelques actions en place. » En attendant, les pharmaciens se sont positionnés sur tous les objectifs retenus par l’ARS de Lorraine. « Nos propositions les plus importantes concernent le champ de l’observance, du dépistage et de la prévention, énumère Christophe Wilcke. En filigrane, nous soulevons aussi le problème des ordonnances de sortie hospitalière et du libre choix du patient qui n’est pas toujours respecté. » Comme en Île-de-France, même si l’ARS n’a pas encore tranché, les propositions des officinaux ont déjà reçu un bon accueil. « Nous avons eu des retours positifs de la part des chefs de départements à l’ARS et notre document a été transmis aux maisons d’accueil Alzheimer qui ont été enchantées de nos propositions, se félicite le président de l’URPS. L’intérêt de ce document est de montrer que le pharmacien n’est pas un simple dispensateur de médicaments : nous mettons en avant notre rôle de professionnel de santé, ainsi que notre rôle social d’écoute et d’alerte. Le message semble déjà être passé auprès de l’ARS de Lorraine. Il reste désormais à convaincre les autres professionnels de santé », conclut-il.
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