Pour la première fois, les pharmaciens vont être autorisés à poser un diagnostic. Mais ils devront pour cela réaliser un geste autrement plus invasif que la vaccination ou même le TROD Angine. D'où un besoin de formation, théorique et pratique, pour les pharmaciens et leurs préparateurs qui seront également habilités à effectuer ces tests. Si les laboratoires fournissent quelques tutoriels avec leurs produits, ils ne sauraient se substituer aux organismes de formation, ni aux URPS, qui déjà élaborent leurs programmes pour les proposer dès la fin de la semaine prochaine.
Les groupements seront bien évidemment les relais de ces formations. « Nous allons tenter de proposer des séquences 100 % digitales, avec la possibilité de faire valider la partie pratique auprès d’un infirmier dans un organisme de formation, en filmant le geste », expose Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmacies d’officine (UDGPO). Reste que la prise en charge de ces formations dans le DPC ne pourra être assurée, car, déplore Laurent Filoche, « cela vient trop tard. En revanche certains groupements ont déposé le dossier auprès du fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIF PL). »
Les soirées de formation en présentiel pouvant être compromises dans de nombreuses villes en raison du couvre-feu, la plupart des modules en préparation sont en e-learning. C’est le cas à l’UTIP qui dispense déjà une soirée de formation autour du Covid et des différents types de tests. Beaucoup d’aspects restent suspendus aux compléments d’informations des autorités. « Toutefois, les pouvoirs publics cherchent à démultiplier les points de dépistage, aussi il ne devrait pas y avoir trop de restrictions », estime Alain Guilleminot, président d’UTIP association. Il n’attire pas moins l’attention sur un aspect primordial de ces tests nasopharyngés : « leur pertinence dépendra de la qualité du prélèvement ! »
Faux nez et vrais collègues
Cette partie pratique oblige les organismes de formation à innover, comme explique Marie-Hélène Gauthey, présidente d’Atoopharm. « Il ne s’agit pas d’un geste anodin, ce n’est pas un TROD angine ! », insiste-t-elle. La présidente de l'organisme de formation en veut pour preuve la référence de l’arrêté du 16 octobre aux recommandations de la Société française de microbiologie. « Des fiches de compétences et des critères d’évaluation sont prévus, des consignes mentionnent également la conduite à tenir en cas d’incident », indique Marie-Hélène Gauthey, ajoutant : « Si on ne veut pas que la profession se discrédite, il faut prendre le temps de se former. »
Selon elle, la formation doit comprendre plusieurs volets. L’organisation des tests à l’officine soulève ainsi de nombreuses interrogations. « Comment accueillir ces patients, organiser la file d’attente, répartir le temps de ces tests dans le quotidien de l’officine ? Combien de prélèvements peut-on réaliser à la suite ? », énumère la présidente d'Atoopharm. La communication est également un point à soigner : quelle est la conduite à tenir envers des personnes qui ne sont pas concernées parce qu’elles sont cas contacts ou, au contraire, symptomatiques depuis plus de quatre jours ? Comment annoncer à un patient chronique, et donc à risques, qu’il est positif ?
Mais le point le plus crucial reste l’apprentissage du geste en formation à distance. Pour Marie-Hélène Gauthey, les pharmaciens, à l’instar d’autres professionnels de santé, devront s’exercer sur des collègues. Les nez factices, accessibles sur le marché pour environ 300 à 400 euros, sont une fausse bonne idée. Car si les faux bras avaient fait l’affaire pour la formation à la vaccination, un faux nez ne reflète en rien les conditions réelles. « Un faux nez ne déglutit pas, il n’éternue pas, il ne fait pas piquer les yeux », objecte Marie-Hélène Gauthey. Pour elle, rien ne remplace la formation « sur l’humain » avant de passer au patient.
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