Il faudrait un rythme de vaccination beaucoup plus rapide contre la variole du singe, estime l'épidémiologiste Dominique Costagliola. Et notamment en faisant davantage appel aux pharmaciens, affirme-t-elle dans un entretien à « l'Express ».
Si le nombre de cas recensés en France de variole du singe semble marquer le pas, certaines voix scientifiques s'élèvent pour regretter que notre pays néglige encore trop l'épidémie. Ainsi, Dominique Costagliola, épidémiologiste biostatisticienne et directrice émérite à l'Inserm, estime que la vaccination n'est pas assez rapide : « Si on se fonde sur la cible qui a été identifiée par la Haute Autorité de santé (HAS), soit 250 000 personnes à risque, et sur le rythme de vaccination actuel (environ 10 000 injections en sept jours), il faudrait 25 semaines pour que tout le monde soit vacciné une première fois, ce qui nous amène à la fin de l'année. C'est trop lent. » Selon elle, il aurait fallu un rythme trois à quatre fois plus rapide pour espérer vacciner toute la population à risque d'ici à la fin de l'été.
Pour y parvenir, l'appel à l'ensemble du réseau officinal lui semble être une évidence et elle ne comprend pas la réticence manifestée par les pouvoirs publics. « Je trouve surprenant de passer par une phase d'expérimentation dans la mise à disposition du vaccin contre la variole pour les pharmacies, avec un nombre ridicule d'officines concernées !, dit-elle dans une interview à « l'Express ». A-t-on vraiment besoin de savoir si les pharmaciens savent vacciner ? », s'interroge-t-elle, rappelant leur implication dans la vaccination contre le Covid. De même la nécessité d'une prescription médicale pour ce vaccin lui paraît être un frein inutile. « Les pouvoirs publics semblent craindre d'en faire trop. Or le Covid a montré, notamment en ce qui concerne les masques, qu'il est parfois bon d'en faire trop, notamment si la situation dégénère. »
Et l'épidémiologiste de mettre en garde : « Si on ne prend pas au sérieux cette maladie et que l'on ne prend pas de mesures suffisamment fortes et rapides, le virus s'étendra, entraînant une hausse du nombre de cas problématiques. » En espérant qu'il ne soit pas trop tard. « Nous avons raté le coche alors que nous avions les moyens de circonscrire l'épidémie. De mon point de vue, la seule attitude raisonnable en santé publique, c'est d'en faire trop. Et tant pis si cela génère des critiques. »
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