Au 21 novembre 2019 on dénombre 2 190 103 personnes vaccinées en pharmacie sur un total de 9 millions de doses délivrées, selon les chiffres dévoilés dans un bilan réalisé par la société Open Health, qui a recueilli les données auprès d’un panel représentatif de près de 11 700 pharmacies. C’est un succès pour la santé publique que n’a pas manqué de saluer Carine Wolf-Thal lors de la 32e Journée de l’Ordre des pharmaciens, le 25 novembre. La présidente de l’Ordre a remercié les pharmaciens pour leur engagement dans cette mission et a souligné la bonne adhésion du public à cette nouvelle option dans le parcours de soins.
Une envolée
Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), se réjouit de ces premières données. Pour lui, c’est un message très positif pour la réussite de la généralisation de la vaccination en pharmacie qui, à ce jour, s'est déroulée sans encombre. Lui-même a pu vérifier cette envolée dans son officine : « nous avons déjà vacciné 200 personnes, qui sont des primo-vaccinés, et je connais beaucoup de pharmacies qui en ont vacciné 500 », avance-t-il. Le président de la FSPF souligne que son logiciel métier est d’une aide très précieuse dans cette nouvelle mission : « il affiche des alertes - une fenêtre pop-up - pour chaque personne éligible à la vaccination. Cette évolution nous permet d’aller au-devant des patients et de leur proposer de se faire vacciner. » Philippe Besset compte bien militer pour que cet outil soit présent dans tous les logiciels d’aide là la dispensation dès l’année prochaine.
Olivier Rozaire, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui participe à la vaccination en pharmacie depuis l’expérimentation de 2017, reconnaît que cette mission a bien pris son envol dans sa région, notamment « dans la métropole lyonnaise, où désormais 2 vaccins délivrés sur 3 sont injectés à l’officine ». Il ajoute que « de plus en plus de personnes de 65 à 68 ans, qui ne s’étaient jamais fait vacciner, ont découvert qu’elles avaient la possibilité de le faire à l’officine et sont passées à l’acte cette année ».
Toutefois, le titulaire s’étonne des chiffres annoncés par Open Health. « Avec 700 000 vaccinés en pharmacie l’année dernière dans 4 régions, j’estimais que cette année on atteindrait les 2,4 millions de vaccinés en fin de campagne. Mais on serait déjà à 2 millions au bout de 5 semaines ! Cela parait beaucoup, surtout si l’on compare au Royaume-Uni, où 1,8 million de personnes se font vacciner en pharmacie chaque année ! » Si ces données laissent augurer le meilleur, il attend les chiffres de l’assurance-maladie, vers le 15 janvier 2020, avant de tirer des conclusions.
5 points de plus
Par ailleurs, il faudra s'assurer que ces chiffres se traduisent par une amélioration de la couverture vaccinale de la population cible. Autrement dit, qu'il n'y ait pas seulement un transfert des vaccinations effectuées chez le médecin ou l'infirmier vers la pharmacie, mais surtout que les personnes qui ne se vaccinaient pas, jusque-là, le font aujourd'hui via l'officine. Or, si l'on en croit les chiffres d’Open Health, la couverture vaccinale des 65 ans et plus se serait améliorée de 5,1 points par rapport à l’année dernière sur la même période, passant à 54,8 %. Ce qui laisse présager une augmentation du taux de couverture vaccinale des populations à risque.
Rappelons que la France est, pour le moment, en mauvaise position dans ce domaine : l’année dernière, seulement 46,8 % des personnes à risque se sont fait vacciner, alors que l’objectif à atteindre est 75 % selon les préconisations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Nous sommes le 12e pays en Europe concernant ce taux de vaccination », déplore Olivier Rozaire. Néanmoins, « si la couverture vaccinale contre la grippe n’était pas encore à la hauteur de nos espérances l’année dernière, elle ne faisait que diminuer depuis des années ; avec les expérimentations de vaccination en pharmacie en 2017 et 2018 dans 2 puis 4 régions, elle s’est améliorée. Peu, certes, mais nous avons réussi à inverser la courbe », poursuit Olivier Rozaire.
Aujourd’hui, la généralisation de la vaccination en pharmacie semble accélérer cette tendance et pourrait faire enfin décoller la couverture vaccinale en France. Avec pour finalité de limiter les décès dans les populations les plus fragiles. Pour mémoire, 9 900 décès dus à la grippe en 2018-2019 ont été recensés. « Déjà, si nous réussissons à dépasser les 50 % de personnes vaccinées dans les populations cibles - que ce soient les seniors, les personnes en ALD ou les femmes enceintes, etc. - ce serait une immense victoire », estime Philippe Besset.
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