Au début du XXe siècle, en 1906, Willem Einthoven (prix Nobel de médecine en 1924) publie le premier électrocardiogramme montrant une fibrillation atriale (1). Trois ans plus tard, Thomas Lewis (université de Cardiff) décrit pour la première fois les caractéristiques de la fibrillation atriale (FA) dans un article publié dans le British Medical Journal daté du 27 novembre 1909.
Aujourd’hui, la fibrillation atriale est devenue l’un des centres d’attention des cardiologues et des neurologues en s’établissant comme l’un des facteurs de risque importants d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Selon les recommandations de la Société française de médecine d’urgence et de la Société française de cardiologie, la fibrillation atriale se définit par une activité électrique anarchique et rapide du myocarde atrial. Cette arythmie résulte de multiples foyers ectopiques doués d’automatismes anormaux au sein des oreillettes ou des veines pulmonaires et de nombreux microcircuits de réentrée en rapport avec des plages de fibrose (2).
Fréquence : 5 % chez les plus de 65 ans
La fibrillation atriale est le plus fréquent des troubles du rythme. En France, environ 600 000 à 1 million de personnes sont victimes de FA. En population générale, sa prévalence est faible avant 40 ans, moins de 0,5 %, puis elle augmente à 5 % après 65 ans et atteint 10 % après 80 ans.
La physiopathologie de la fibrillation atriale est bien connue. Les FA sont habituellement secondaires à la coexistence d’un substrat tissulaire (zones d’inflammation ou de fibrose que l’on rencontre au cours des cardiopathies aiguës ou chroniques) et d’un facteur déclenchant.
Risque thromboembolique
Cette pathologie du sujet âgé est majorée en cas de cardiopathie et avec l’évolution de celle‑ci. Elle progresse depuis des épisodes courts et rares vers des épisodes plus longs et fréquents. La gravité de la FA est liée au risque thromboembolique et au risque d’insuffisance cardiaque, fonction de la cardiopathie sous-jacente. Plus l’arythmie se prolonge, plus le risque de thrombose intra‑atriale augmente.
En effet, en cas de FA, l’absence de contraction efficace des oreillettes entraîne une stagnation du sang dans ces dernières avec un risque de formation de caillots. Ces thrombus peuvent alors passer dans les ventricules, puis dans les artères, en particulier dans les carotides.
De ce fait, la fibrillation atriale multiplie par cinq le risque d’AVC. Au total, près de 20 % des AVC auraient pour origine une FA.
Le risque de récidive de l’AVC est de 10 % la première année et de 5 % les années suivantes.
Pour la Haute Autorité de santé (HAS), l’enjeu principal du traitement de la FA est de prévenir la survenue de ces accidents, notamment des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques (3).
Un score clinique de risque
Le risque thromboembolique en cas de FA est objectivé par le calcul du score CHA2DS2‑VASc. Ce score clinique est simple et réalisable par tout médecin. Il varie de 0 à 9 points (cf. tableau) et prédit une incidence annuelle d’AVC variable entre < 1 % et > 20 %. En cas de score CHA2DS2‑VASc ≥ 2, un traitement anticoagulant est recommandé par AVK ou anticoagulants oraux directs (AOD), sauf contre‑indication, en termes de thromboprophylaxie.
Mis sur le marché en France en 2008 dans la prévention des événements thromboemboliques veineux en chirurgie programmée de la hanche et du genou, les indications des AOD ont été élargies en 2011 et 2012 à la prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des embolies systémiques chez les patients adultes avec fibrillation auriculaire non valvulaire ayant un ou plusieurs facteurs de risque vasculaire associés (4). Les AOD représentent, selon les indications, une alternative aux antivitamines K et/ou aux héparines de bas poids moléculaire (HBPM) (5).
Première cause de handicap acquis de l’adulte
Selon le Plan d’actions national « Accidents vasculaires cérébraux 2010-2014 », qui n’a pas été renouvelé, 400 000 personnes en France souffrent d’un AVC (6), soit 150 000 nouveaux cas par an (7). L’AVC représente la troisième cause de mortalité chez l’homme et la deuxième chez la femme avec 40 000 décès et compte pour la première cause de handicap acquis de l’adulte. L’AVC est ainsi une pathologie coûteuse avec un coût moyen durant la première année de 16 686 €/patient, puis annuel de 8 099 €/patient.
En prévention des AVC et dans leur prise en charge au long cours, la FA apparaît donc comme un facteur de risque important aux côtés de l’hypertension artérielle qui multiplie par trois le risque d’AVC ischémique. Pour chaque diminution de 10 à 12 mmHg de la pression artérielle systolique et de 5 à 6 mmHg de la pression artérielle diastolique, les études montrent une diminution de 38 % du risque d’AVC. Plus récemment, le syndrome d’apnées obstructives du sommeil qui touche 5 à 15 % de la population a également été décrit comme un facteur de risque indépendant d’AVC ischémique.
La prévention et la prise en charge des AVC reposent donc sur une nouvelle approche neuro-vasculaire et cardio-vasculaire coordonnée (heart and brain centers) tant pour la prévention que la prise en charge au long cours.
(1) Aronson JK. One hundred years of atrial fibrillation. Br J Clin Pharmacol 2005 ; 60 : 345-6.
(2) Prise en charge de la fibrillation atriale en médecine d’urgence. Recommandations de la Société française de médecine d’urgence en partenariat avec la Société française de cardiologie. Ann Fr Med Urgence 2015 ; 5 : 260-79.
(3) HAS. Guide parcours de soins. Fibrillation atriale. 22 mai 2014.
(4) HAS. Fibrillation auriculaire non valvulaire : quelle place pour les anticoagulants oraux ? Septembre 2015.
(5) ANSM. Les anticoagulants en France en 2014 : état des lieux, synthèse et surveillance. Avril 2014.
(6) Plan d’actions national « Accidents vasculaires cérébraux 2010-2014 ». Avril 2010.
(7) http://www.ars.iledefrance.sante.fr/ Les-AVC-en-chiffres.141548.0.html
Aujourd’hui, la fibrillation atriale est devenue l’un des centres d’attention des cardiologues et des neurologues en s’établissant comme l’un des facteurs de risque importants d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Selon les recommandations de la Société française de médecine d’urgence et de la Société française de cardiologie, la fibrillation atriale se définit par une activité électrique anarchique et rapide du myocarde atrial. Cette arythmie résulte de multiples foyers ectopiques doués d’automatismes anormaux au sein des oreillettes ou des veines pulmonaires et de nombreux microcircuits de réentrée en rapport avec des plages de fibrose (2).
Fréquence : 5 % chez les plus de 65 ans
La fibrillation atriale est le plus fréquent des troubles du rythme. En France, environ 600 000 à 1 million de personnes sont victimes de FA. En population générale, sa prévalence est faible avant 40 ans, moins de 0,5 %, puis elle augmente à 5 % après 65 ans et atteint 10 % après 80 ans.
La physiopathologie de la fibrillation atriale est bien connue. Les FA sont habituellement secondaires à la coexistence d’un substrat tissulaire (zones d’inflammation ou de fibrose que l’on rencontre au cours des cardiopathies aiguës ou chroniques) et d’un facteur déclenchant.
Risque thromboembolique
Cette pathologie du sujet âgé est majorée en cas de cardiopathie et avec l’évolution de celle‑ci. Elle progresse depuis des épisodes courts et rares vers des épisodes plus longs et fréquents. La gravité de la FA est liée au risque thromboembolique et au risque d’insuffisance cardiaque, fonction de la cardiopathie sous-jacente. Plus l’arythmie se prolonge, plus le risque de thrombose intra‑atriale augmente.
En effet, en cas de FA, l’absence de contraction efficace des oreillettes entraîne une stagnation du sang dans ces dernières avec un risque de formation de caillots. Ces thrombus peuvent alors passer dans les ventricules, puis dans les artères, en particulier dans les carotides.
De ce fait, la fibrillation atriale multiplie par cinq le risque d’AVC. Au total, près de 20 % des AVC auraient pour origine une FA.
Le risque de récidive de l’AVC est de 10 % la première année et de 5 % les années suivantes.
Pour la Haute Autorité de santé (HAS), l’enjeu principal du traitement de la FA est de prévenir la survenue de ces accidents, notamment des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques (3).
Un score clinique de risque
Le risque thromboembolique en cas de FA est objectivé par le calcul du score CHA2DS2‑VASc. Ce score clinique est simple et réalisable par tout médecin. Il varie de 0 à 9 points (cf. tableau) et prédit une incidence annuelle d’AVC variable entre < 1 % et > 20 %. En cas de score CHA2DS2‑VASc ≥ 2, un traitement anticoagulant est recommandé par AVK ou anticoagulants oraux directs (AOD), sauf contre‑indication, en termes de thromboprophylaxie.
Mis sur le marché en France en 2008 dans la prévention des événements thromboemboliques veineux en chirurgie programmée de la hanche et du genou, les indications des AOD ont été élargies en 2011 et 2012 à la prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des embolies systémiques chez les patients adultes avec fibrillation auriculaire non valvulaire ayant un ou plusieurs facteurs de risque vasculaire associés (4). Les AOD représentent, selon les indications, une alternative aux antivitamines K et/ou aux héparines de bas poids moléculaire (HBPM) (5).
Première cause de handicap acquis de l’adulte
Selon le Plan d’actions national « Accidents vasculaires cérébraux 2010-2014 », qui n’a pas été renouvelé, 400 000 personnes en France souffrent d’un AVC (6), soit 150 000 nouveaux cas par an (7). L’AVC représente la troisième cause de mortalité chez l’homme et la deuxième chez la femme avec 40 000 décès et compte pour la première cause de handicap acquis de l’adulte. L’AVC est ainsi une pathologie coûteuse avec un coût moyen durant la première année de 16 686 €/patient, puis annuel de 8 099 €/patient.
En prévention des AVC et dans leur prise en charge au long cours, la FA apparaît donc comme un facteur de risque important aux côtés de l’hypertension artérielle qui multiplie par trois le risque d’AVC ischémique. Pour chaque diminution de 10 à 12 mmHg de la pression artérielle systolique et de 5 à 6 mmHg de la pression artérielle diastolique, les études montrent une diminution de 38 % du risque d’AVC. Plus récemment, le syndrome d’apnées obstructives du sommeil qui touche 5 à 15 % de la population a également été décrit comme un facteur de risque indépendant d’AVC ischémique.
La prévention et la prise en charge des AVC reposent donc sur une nouvelle approche neuro-vasculaire et cardio-vasculaire coordonnée (heart and brain centers) tant pour la prévention que la prise en charge au long cours.
(1) Aronson JK. One hundred years of atrial fibrillation. Br J Clin Pharmacol 2005 ; 60 : 345-6.
(2) Prise en charge de la fibrillation atriale en médecine d’urgence. Recommandations de la Société française de médecine d’urgence en partenariat avec la Société française de cardiologie. Ann Fr Med Urgence 2015 ; 5 : 260-79.
(3) HAS. Guide parcours de soins. Fibrillation atriale. 22 mai 2014.
(4) HAS. Fibrillation auriculaire non valvulaire : quelle place pour les anticoagulants oraux ? Septembre 2015.
(5) ANSM. Les anticoagulants en France en 2014 : état des lieux, synthèse et surveillance. Avril 2014.
(6) Plan d’actions national « Accidents vasculaires cérébraux 2010-2014 ». Avril 2010.
(7) http://www.ars.iledefrance.sante.fr/ Les-AVC-en-chiffres.141548.0.html
Article précédent
Claude Galien, père de la pharmacie
Article suivant
L'ado a rendez-vous avec la sexualité
L’atout télémédecine
Patients fragiles et pré-fragiles : mission prévention
Les nouvelles recommandations de la SPLF
Les objets connectés vont-ils vraiment « révolutionner » la santé ?
Femmes à couper le souffle
Protection masculine ou manque de sensibilisation ?
Le serment de Galien et ses ancêtres
Un SESAM pour apprendre la médecine
Une nouvelle ère thérapeutique
Galien : J – 10
Le cerveau du cerveau
Les Européens à cœur ouvert
Regards sur l’œil du diabétique
Le cœur high-tech
Quand la réalité dépasse la fiction
PDA cherche cadre réglementaire
Des barrières de sécurité
La peau en danger
La BPCO tue 5 fois plus que la route
Une révolution dans le monde de la pharmacie
Deux types dans le viseur !
Les patients diabétiques bientôt tous connectés ?
À la recherche d’antalgiques puissants et bien tolérés
Le rouge de la honte
Galien : la comparaison « Nobel »
HTA : peut mieux faire
De la magic bullet au nanomédicament
Imaginer la cardiologie de demain…
Un leitmotiv : arriver à la « Aids-Free Generation »
Les clés d’une prise en charge optimale
Cap or
Ces cinq années qui ont permis de dompter l'hépatite C
Une révolution annoncée : voir au lieu d’écouter
La révolution du microbiote intestinal
Dix ans après : de plus en plus de champs thérapeutiques concernés
FODMAPs : une hypothèse qui fermente
Création du DU « e-santé et médecine connectée »
Le bébé en danger
Des avancées continues
Une arme de pointe en milieu carcéral
L’algorithme, futur bras droit du médecin ?
L’OFSEP : plus de 45 000 patients français à la loupe
Alcool cherche généraliste
Les médecines non conventionnelles à l’étude
Claude Galien, père de la pharmacie
De la fibrillation atriale à l’accident vasculaire cérébral
L'ado a rendez-vous avec la sexualité
L’école avec un grand H
Une avalanche de biomédicaments en rhumatologie
Roland Mehl, père du prix Galien
Menace intérieure sur la peau
Une décennie de révolution
Des données big data à l’immunothérapie dans l’asthme sévère
La montée en puissance des algorithmes
Lever les derniers freins
La peau… à rude épreuve !
Des pansements toujours plus intelligents
Les recommandations mises à jour
Les cinq cancers et l’hépatite C concernés
L’axe cerveau-peau
Quelles vaccinations ?
Zebda, Lhermitte, Garou et les autres
L’odyssée des AOD
Officines : 4 millions de personnes par jour
Les CeGIDD, une approche globale de la santé sexuelle
Big data : code en stocks
Zika : quand la peur permet d’éviter le danger
Lifting dans la gastro-entérite de l’enfant
Les biosimilaires arrivent en force
Maladie d’Alzheimer et syndromes apparentés
La ville sous le signe du cancer
Les nouveaux traitements en ligne de mire
Galien : les derniers crus
Traits de plume
Lombalgie : l’enjeu de la chronicisation
Les quatre de saison
Un passage exaucé par les aumôniers hospitaliers
Grippe : restaurer la confiance
L’homme trahi par sa prostate
La mauvaise e-réputation : prudence et vigilance
L’ASIP propose un guide aux éditeurs de logiciels
Nouveautés d’aujourd’hui, visions d’avenir
Une sécurité obligée
Couvrez cette peau…
Un rôle majeur dans l’organisation des soins
Passer de la cure au care – du soin à l’accompagnement
Alzheimer : des ateliers pour stimuler les patients
Il était une fois le Galien… Le tour du monde en 45 ans
Une évolution technologique fulgurante
Panser… demain !
Le LDL-cholestérol, une cible à privilégier
L’alcool, le fléau de l’hospitalisation
Une recherche clinique tous azimuts
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine