« L’infection à virus Zika est venue s’ajouter à la liste de plus en plus longue des infections émergentes à prendre en compte au retour de voyage », expliquent les Pr Éric Caumes et Daniel Camus, président et vice-président du Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d'importattion (CMVI).
« Le risque de malformations neurologiques d’importance a été estimé à 1 % des grossesses de femmes infectées » soulignent-ils dans le dernier numéro du « BEH » consacré aux recommandations sanitaires pour les voyageurs.
Elles invitent les femmes enceintes au report de tout voyage en zone d’épidémie et, aux femmes vivant en zone d’épidémie et aux voyageuses en âge de procréer qui s’y rendent, de différer tout projet de grossesse tant que l’épidémie est active. Le bulletin précise que l'infection par cet arbovirus de la même famille que la dengue et la fièvre jaune se révèle asymptomatique dans 70 à 80 % des cas.
Et quand les symptômes sont présents, la présentation clinique est fruste, pouvant associer, à des degrés divers, arthralgies, œdèmes des extrémités, fièvre modérée, céphalées, douleurs rétro-orbitaires, hyperhémie conjonctivale et exanthème maculo-papuleux. Les signes persistent de 2 à 5 jours. Toute personne de retour depuis moins de 15 jours d’une zone endémique et présentant au moins un des symptômes associés au Zika doit être signalée à l’ARS et faire l’objet d’une demande de confirmation biologique.
La dengue et le chikungunya représentent, par ailleurs, une part importante des épisodes fébriles relevés au retour de voyage. La dengue reste l’arbovirose qui se développe le plus tant en nombre de cas qu’en dispersion spatiale.
Cas importés de paludisme en hausse
L’année 2015 confirme la tendance à l’augmentation des cas de paludisme importés en France métropolitaine observée depuis 2013. Le nombre de cas de paludisme d’importation a été estimé à environ 4 840 cas pour l’ensemble de la France métropolitaine. Les données sur l’évolution des chimiorésistances aux antipaludiques restent stables par rapport aux années antérieures, justifiant une chimioprophylaxie en adéquation avec les recommandations internationales.
« Aucun moyen préventif n’assure à lui seul une protection totale. Il convient donc d’insister sur la nécessité de l’observance simultanée d’une protectioncontre les piqûres de moustiques associée à la chimioprophylaxie », soulignent les auteurs. « Toute fièvre au retour des tropiques, quels que soient les symptômes associés, doit être considérée a priori comme pouvant être d’origine palustre et nécessite une consultation en urgence », poursuivent-ils.
En ce qui concerne les schémas prophylactiques, les traitements à base de chloroquine (Nivaquine 100 mg et Nivaquine sirop 25 mg/5 ml), ou d'association chloroquine et proguanil, sont à débuter le jour de l’arrivée dans la zone à risque, et à poursuivre quatre semaines après l’avoir quittée. Pour l'association atovaquone (250 mg) - proguanil (100 mg), il n'est à poursuivre qu'une semaine après. La prise de la Méfloquine (Lariam 250 mg) doit, elle, débuter au moins 10 jours avant le départ et être poursuivie trois semaines au retour.
Fièvre jaune et Ebola
La vaccination contre la fièvre jaune est actuellement considérée par les autorités sanitaires comme « indispensable » pour un séjour dans une zone endémique (régions intertropicales d’Afrique et d’Amérique du Sud), y compris pour les enfants à partir de 9 mois (voire même 6 mois en zone rurale), ainsi que les femmes enceintes et allaitantes.
L'agence signale également que « le risque d’importation du virus Ebola par le biais des voyageurs (hors pays d’Afrique de l’Ouest frontaliers ou proches) est faible mais ne peut être totalement exclu ». Au 1er mars 2016, 65 cas d’Ebola ont été rapatriés dont 38 vers l’Europe (dont 25 asymptomatiques) : 3 en Allemagne, 2 en Espagne, en France et au Royaume-Uni, un en Norvège, en Italie, aux Pays Bas et en Suisse.
Infections sexuellement transmissibles
Les experts s'inquiètent par ailleurs de l'émergence de la transmission sexuelle d'un certain nombre de virus dans un contexte de recrudescence des maladies sexuellement transmissibles classiques (gonococcie, herpès…) « Zika n’est pas le seul virus dont on a découvert le mode de transmission sexuelle au cours des derniers mois », est-il relevé.
C’est également le cas du virus Ebola, et de l'arbovirus responsable de la fièvre de la vallée du Rift. Il est à ce titre rappelé aux médecins « qu’ils ont un double rôle à jouer : avant le départ, dans la prévention des infections sexuellement transmissibles qui font partie des risques du voyage mais aussi, après le retour, dans le dépistage et le diagnostic de cas d’infection par ces virus sexuellement transmissibles ».
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