LA DIVERSIFICATION alimentaire commence idéalement après six mois avec l’introduction d’aliments non lactés. Elle doit se faire en douceur sinon le passage trop rapide à l’alimentation des « grands » risque de générer des déficits en vitamines et minéraux (la carence en fer reste l’une des plus fréquentes chez les enfants en bas âge), des excès en protéines, sodium et lipides, ainsi que des troubles digestifs et des allergies.
Les règles de base d’une diversification réussie.
L’utilisation des laits 2e âge reste conseillée jusqu’à l’âge d’un an, au moins 500 ml par jour, mais l’alimentation de l’enfant va passer d’une alimentation lactée exclusive à deux repas diversifiés par jour et deux biberons. Cette première phase dure deux à trois mois. Elle a pour objectif de faire découvrir à l’enfant les aliments des quatre groupes alimentaires : produits laitiers, produits céréaliers, fruits et légumes, viandes, poisson et œuf, avec l’apprentissage de la cuillère. La seconde phase qui est plus longue, dure jusqu’à l’âge de trois ans, âge à partir duquel l’enfant peut commencer à manger comme les adultes. Durant cette phase, l’enfant découvre les différentes saveurs et textures. Si l’enfant a soif, l’eau reste la meilleure boisson, les sodas devant rester l’exception ainsi que toutes les friandises. Le rythme de quatre repas est suffisant, les collations supplémentaires ne sont pas justifiées.
La consommation des laits de croissance doit être maintenue jusqu’à trois ans et les produits laitiers « spécial bébé » sont préférables aux produits lactés à base de lait de vache. En effet, le lait de vache n’est pas adapté au jeune enfant, il est trop riche en protéines et en sodium, et il ne couvre pas ses besoins en fer, en vitamines et en acides gras essentiels, indispensables au bon développement du cerveau. L’enfant a besoin de peu de matières grasses ajoutées et il faut préférer l’huile de colza riche en oméga 3 ou l’huile d’olive (une cuillère à café), ou du beurre (une noisette) au repas.
Les dérapages.
Si la diversification est de plus en plus tardive et de mieux en mieux réalisée, l’enfant entre dans une période critique dès l’âge d’un an. Les chiffres le prouvent : plus de la moitié des 13 à 18 mois mangent déjà comme les adultes et leur alimentation est souvent trop grasse, trop sucrée et trop salée. Les frites sont introduites trop tôt, entre le dixième et le douzième mois chez 50 % des enfants ; le ketchup et la mayonnaise sont proposés vers 10 à 12 mois ; vers 13 à 18 mois les enfants sont habitués aux sodas et leur consommation ne cesse d’augmenter par la suite, et un tiers d’entre eux consomment de la charcuterie. Entre 15 et 18 mois, les risques de déséquilibres nutritionnels peuvent être à la fois d’ordre qualitatif et quantitatif. En effet, l’étape 15 à 18 mois est l’âge où les enfants délaissent les légumes verts pour les féculents, et où les parents abandonnent complètement l’alimentation de « l’enfant-bébé », le traitant comme un petit adulte. Ils le nourrissent de l’alimentation familiale avec un apport trop important de féculents, de protéines animales, de corps gras, et ils oublient trop souvent le lait et les produits laitiers. Les quantités sont excédentaires : si l’enfant fait partie d’une fratrie, les parents ont tendance à donner à tous les enfants les mêmes rations qu’ils aient 2 ou 5 ans.
Fait-maison, surgelé, bio, comment s’y retrouver ?
Le fait-maison fait son retour depuis quelques années : il permet à la maman de contrôler les matières grasses, le sucre et le sel ajoutés. Tout cela part d’une bonne intention mais fait-maison ne veut pas dire meilleur nutritionnellement. La majorité des préparations pour bébés ont des qualités nutritionnelles peu discutables et le fait-maison doit, lui aussi, respecter des règles de cuisson et de conservation. Les légumes du potager peuvent être excellents si leur teneur en engrais et en pesticides est très limitée, les fruits et les légumes doivent être fraîchement cueillis et rapidement consommés après cuisson (pour garantir la teneur en vitamine C). Attention au « faux fait-maison » réalisé à partir de légumes cuisinés destinés à l’alimentation adulte, souvent trop salés. Les surgelés, très pratiques, sont tout à fait acceptables, ils sont une bonne alternative au fait-maison et de qualité au moins égale. Quant au bio, il vise majoritairement le respect de l’environnement mais n’offre aucune exigence de résultats et ne présente aucun avantage nutritionnel ou sanitaire significatif prouvé pour bébé.
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