Nathan F., 5 ans 17 kg
Atarax sirop 8 ml le matin
Théralène sirop 0,5 mg/kg soit 1 ml/kg au coucher pendant une semaine.
Le contexte
Nathan est atteint par la varicelle : des macules roses et prurigineuses parsèment son visage, comme celui d’autres enfants de son école également infectés par le virus zona-varicelle (VZV).
Le médecin a prescrit deux médicaments à visée sédative. L’hydroxyzine (Atarax) bénéficie à la fois d’une action anxiolytique et anti-histaminique : efficace pour calmer l’enfant, elle n’en reste pas moins ici prescrite hors AMM (elle l’est dans le traitement de deuxième intention des insomnies d'endormissement liées à un état d'hyper-éveil). L’alimémazine (Théralène) est un anti-histaminique fortement sédatif : elle favorisera le sommeil de Nathan, gêné par un prurit intense. Elle ne s’administre pas plus de quelques jours : une prescription pour une semaine sera donc suffisante et il sera préférable de réduire dose et durée du traitement sitôt que le petit garçon ira mieux.
Votre conseil
Le pharmacien montre le gobelet doseur du Théralène gradué en 2,5 ml, 5 ml et 10 ml : Nathan pèse 17 kg, d’où un volume à administrer de 17 ml. Par ailleurs, il rappelle que l’application de compresses humides contribue à calmer les démangeaisons, souvent mal supportées par le jeune patient. Il ne faut jamais appliquer de médicament topique sur les lésions, notamment de pommade antibiotique ou antiprurigineuse. Il est recommandé de veiller à ce que les ongles de l’enfant soient coupés court et tenus propres pour limiter le risque de surinfection des lésions.
Les parents alarmés face à un tableau clinique spectaculaire sont rassurés lorsque le pharmacien confirme le propos du médecin : les vésicules se dessèchent en deux trois jours puis les croûtes tombent au bout de 10 à 12 jours. Il est fréquent que des stades variables de l’infection coexistent, avec présence simultanée de macules rosées, de papules prurigineuses, de vésicules, de croûtes…
Léo G., Huit mois
Hydrocortisone Kérapharm 1 % crème 2 applications/j en couche fine, 1 tube
Glycérol/vaseline/paraffine crème 3 tubes
Traitement de 3 semaines. Arrêt progressif sur une semaine.
Le contexte
Léo présente depuis quelques jours des lésions rouges et croûteuses sur le cuir chevelu et les fesses. Un prurit intense le rend irritable et l’empêche de faire de bonnes nuits.
Le pédiatre a diagnostiqué un eczéma atopique ; pathologie dermatologique banale, volontiers handicapante pour l’enfant, évoluant généralement par la suite en allergie et asthme. Il a prescrit un traitement qui ne doit pas empêcher la prise de nombreuses mesures d’hygiène de vie et une surveillance étroite car le diagnostic différentiel entre eczéma atopique et dermite de contact reste délicat.
L’hydrocortisone à 1 % est un dermocorticoïde d’activité faible. La formulation sous forme d’une crème est adaptée à tous les types de lésions, y compris suintantes (les pommades sont adaptées aux lésions sèches). Le médicament est appliqué en couche fine sur les seules zones inflammées et/ou prurigineuses
La crème associant glycérol + vaseline + paraffine a des propriétés émollientes intéressantes sur les lésions atopiques avec sécheresse cutanée. Il est aussi possible de recourir à des applications de vaseline blanche, de lanoline (sauf allergie). L’huile d’amande douce peut se révéler allergisante. L’émollient est appliqué de préférence au sortir du bain, lorsque la peau est encore légèrement humide.
Le traitement est arrêté progressivement sur dix jours environ pour prévenir la survenue d’une dermite cortico-induite. La surface traitée sera réduite au fur et à mesure de l’atténuation et de la disparition des lésions.
Votre conseil
La peau est nettoyée avec soin pour prévenir le risque de surinfection bactérienne ; le pharmacien conseille un pain dermatologique formulé pour peau atopique.
Veiller à ne pas appliquer le corticoïde sur des zones saines ni sur les paupières (risque de cataracte ou de glaucome, surtout avec les préparations d’activité forte ou très forte). Une action systémique reste possible lorsque le topique est appliqué sur des zones étendues, si l’on utilise des corticoïdes puissants ou si les lésions sont couvertes d’un pansement occlusif (penser aux occlusions spontanées chez le nourrisson, dans les plis cutanés ou sous les couches).
Le bébé est baigné dans de l’eau tiède pendant 5 à 10 minutes au maximum pour limiter la vasodilatation. Des extraits d’avoine peuvent être ajoutés au bain. Les vêtements du nourrisson, amples, sont rincés après lavage et le recours aux agents assouplissants et aux lessives contenant des phosphates est proscrit. Les sous-vêtements, en coton, sont changés quotidiennement.
La maman s’étonne que le médecin n’ait rien prescrit pour calmer l’enfant et faciliter son sommeil. Le pharmacien la rassure : le traitement topique devrait rapidement entraîner la sédation des troubles !
Emma D., 5 mois 6,3 kilogrammes
Dosettes de sérum physiologique une boîte de 100
Nettoyage des fosses nasales 3 à 5 fois/j, notamment au coucher, pendant deux semaines
Paracétamol 100mg 3 fois par jour pendant 4 jours
Le contexte
Agitée depuis trois jours, Emma est prise de quintes d’une toux sèche qui la fait pleurer et rend les expectorations difficiles : cette toux cesse dès l’endormissement et ne l’empêche pas de se nourrir. Elle ne présente aucun signe de détresse respiratoire (tachypnée ou apnée, geignements, cyanose) Alors qu’elle vient chercher les produits prescrits par le médecin, sa maman ne cache pas son étonnement face à cette ordonnance… limitée. À défaut, elle demande si elle peut appliquer sur le torse du bébé la pommade Vicks Vaporub de la pharmacie familiale.
Un bébé est plus sensible qu’un adulte aux agressions respiratoires exogènes, qu’il s’agisse d’infections ou de pollution atmosphérique (tabac notamment). Ici, en l’absence de causes identifiables, il faut soupçonner une étiologie virale, la plus commune, avec infection des bronches. Il n’y a pas lieu de réaliser des examens complémentaires au vu d’un tableau peu alarmant (sauf pour les parents bien sûr …).
Le médecin n’a pas prescrit d’antitussif ni de fluidifiant bronchique : les fluidifiants sont contre-indiqués chez le nourrisson car inefficace et parfois mal tolérés. Il ne traite pas par antibiothérapie car elle serait inefficace et exposerait au développement de résistances bactériennes.
Le paracétamol est indiqué comme antipyrétique car Emma présente une légère fièvre. La posologie est correcte.
Votre conseil
Au-delà des conseils hygiéno-diététiques de base (lavage des mains, surélévation légère de la tête et du thorax pendant le sommeil, hydratation régulière et abondante), le pharmacien rassure la maman : la toux du bébé ne doit pas inciter à lui administrer des antibiotiques ou des fluidifiants bronchiques. Les signes cliniques disparaissent en une semaine, parfois deux, sans que ce délai suggère une complication - le médecin a toutefois demandé à revoir le bébé s’il n’y a aucune amélioration au bout d’une quinzaine de jours.
Le bébé dormira dans une chambre dont la température n’est pas exagérée (environ 19°C), et il ne sera pas exposé au tabagisme passif. Il ne faut pas donner de miel aux enfants de moins de un an (par simple précaution) ni prescrire de la kinésithérapie - contrairement à ce qui est préconisé pour traiter une bronchiolite. Il ne faut pas utiliser de spécialités contenant du camphre, de l’eucalyptol ou des huiles végétales riches en terpènes comme la pommade Vicks Vaporub chez un enfant de moins de 6 ans en raison du risque neurologique (convulsions). La maman se limitera au sérum physiologique… la meilleure des options pour bébé !
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