Indicateur de rentabilité

En 2023, l’Excédent brut d’exploitation (EBE) semble assailli de toutes parts

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Publié le 29/10/2024
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Chaque année, les experts-comptables prennent le pouls de l’économie officinale à travers l’évolution de l’EBE. Bien qu’il paraisse en forme par rapport aux années antérieures au Covid, l’EBE n’affiche qu’une petite santé. De quoi craindre de sa capacité à rembourser l’emprunt et à rémunérer le titulaire, si sa courbe poursuivait sa chute.

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En 2023,l’Excédent brut d’exploitation (EBE) a perdu entre 64 000 et 87 000 euros
Crédit photo : GARO/PHANIE

Indicateur clé de la santé économique de l’officine, l’Excédent brut d’exploitation (EBE) perd entre 64 000 et 87 000 euros pour se retrouver à 255 000 euros (Fiducial), 299 000 euros (KPMG) ou 305 000 euros (CGP). C’est avec cette somme que le titulaire devra se rémunérer, rembourser son emprunt et payer ses impôts et taxes.

« C’est le nerf de la guerre de l’exploitation d’une officine », insiste Joël Lecoeur. Certes, en 2023 cet indicateur clé connaît un niveau certes légèrement supérieur à celui de 2020. Mais comme le relève l’expert-comptable, « retraité des activités Covid, l’EBE perd 13 000 euros pour se retrouver à 292 000 euros, soit 8 000 euros de plus qu’en 2020 ». Les titulaires peuvent-ils se satisfaire de ces 2 000,00 euros supplémentaires empochés chaque année pendant quatre ans ? « Nous avons essayé de lisser l’EBE entre 2019 et 2013, et il prend environ 2 % par an. Cela veut dire que le pharmacien n’a pas gagné pendant cette période. D’autant que le coût du crédit s’est renchéri pendant cette période », note Emmanuel Leroy. « Toute la marge excédentaire a été consommée par l’évolution des frais généraux et de la masse salariale », résume, de son côté, Joël Lecoeur. « Par conséquent, de manière globale, on ne peut pas dire que le réseau ait performé en termes de rentabilité, il est juste revenu au niveau de 2020 ! », lâche l’expert-comptable.

Travailler plus pour gagner à l’identique

Une situation qu’ Emmanuel Leroy résume de manière lapidaire : « l’EBE s’est stabilisé. En un mot, les pharmaciens ont gagné la même chose alors que pendant cette période ils ont travaillé plus. » Et ce n’est pas fini, poursuit-il, l’inflation a atteint 15 % au cours de ces trois années. Et si elle a affecté les frais généraux et les frais de personnel, l’inflation n’a nullement influé à la hausse sur l’EBE. Par conséquent, base de rémunération du titulaire, l’EBE n’a de facto pas augmenté. Alors même que, renchérissent les experts-comptables, la concentration du réseau a mécaniquement contribué à la hausse du chiffre d’affaires moyen de l’officine. L’EBE n’aurait-il donc, comme l’analyse Emmanuel Leroy, conservé le même niveau « que facialement ».

La profession a donc des inquiétudes à se faire. La situation pourrait même devenir catastrophique pour certains titulaires. Le poids de charges de la vie courante ayant augmenté considérablement au cours de quatre dernières années, le pharmacien a forcément puisé dans son pouvoir d’achat. L’EBE étant ce que dégage le pharmacien pour assurer son train de vie, il va être difficile dans ce contexte baissier de rembourser l’emprunt et même de se rémunérer.

Autre corollaire de la baisse de l’EBE, celui-ci servant de base à l’évaluation d’un fonds d’officine, il aura nécessairement un lien direct sur le prix de cession. Raison de plus pour « travailler son EBE », pour reprendre l’une des expressions des experts-comptables.

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien