PLFSS 2026

Budget de la Sécu : le grand flou

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Publié le 18/12/2025
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Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 adopté par les députés (rejeté par les sénateurs) ne ressemble pas à celui proposé par Sébastien Lecornu. Les pharmaciens y ont obtenu des avancées, notamment sur les remises génériques. Seront-elles promulguées dans la loi ?

Un PLFSS mitigé pour l’officine

Un PLFSS mitigé pour l’officine
Crédit photo : ISA HARSIN/SIPA

C’est un budget « Frankenstein » qu’avait présenté le 14 octobre le gouvernement de Sébastien Lecornu, deuxième du nom, reprenant certaines idées de son prédécesseur François Bayrou : extension des franchises aux dispositifs médicaux, doublement des plafonds des franchises et collecte au comptoir, obligation vaccinale des soignants… Ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 prévoyait des mesures d’économie drastiques pour ramener le déficit de la Sécurité sociale à 17,5 milliards d’euros (contre 23 milliards d’euros en 2025). Pour l’assurance-maladie, il s’agit d’économiser 7,1 milliards d’euros, incluant des baisses de prix d’un montant total de 1,4 milliard d'euros sur les médicaments, dont 0,2 milliard d'euros sur les médicaments génériques et 0,2 milliard d'euros sur les dispositifs médicaux. Quant aux dépenses de santé, elles étaient initialement plus que limitées en 2026, avec un objectif national de dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) réduit à 1,6 % quand l’État s’autorisait les années précédentes une progression des dépenses de plus de 4 %.

Véritable « musée des horreurs » selon les députés des partis extrêmes, ce PLFSS contient de nombreux sujets « irritants », comme, outre les franchises médicales, le gel des pensions de retraite, la baisse du plafond de prise en charge des indemnités journalières pour les affections de longue durée (ALD) non exonérantes, l’encadrement des arrêts de travail…

À l’heure où nous bouclons, c’est un PLFSS remanié qui vient d’être adopté par les députés en deuxième lecture, marqué par le report de la réforme des retraites et une hausse de l’ONDAM à 3 %. Mais c’est un PLFSS qui alourdit la dette sociale (19,4 milliards d’euros, amoindrit grâce au transfert de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'État vers celles de la sécurité sociale), d’où le rejet par les sénateurs en deuxième lecture.

Certains y voient un PLFSS de compromis. « Un bon compromis, c'est quand à la fin, personne n'est vraiment content. Mission accomplie », lancera à la tribune de l’Assemblée nationale lors du vote solennel du 9 décembre le député Pierre Cazeneuve (Ensemble ! majorité présidentielle), frère de Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l'assurance-maladie jusqu’en décembre 2025.

Des satisfactions

Pour l’officine aussi, ce PLFSS est mitigé. Certes, il permet de fixer dans la loi ce que les pharmaciens attendaient tous : un plafond de remises sur les médicaments génériques à 40 %, protégeant ainsi la profession d’une nouvelle baisse. La bataille a été rude contre le gouvernement (lire page 2).

Pour améliorer l’accès aux soins, le texte permet, après un amendement du gouvernement, de généraliser l’expérimentation OSyS (pour orientation dans le système de soins). En même temps le gouvernement pose le cadre du réseau France Santé, composé d’un ensemble de structures de soins de premier recours labellisées (dont les pharmacies) facilitant la mise en relation avec un médecin, le label permettant d’obtenir des aides financières.

Il est aussi question d’étendre l'expérimentation des antennes de pharmacie, aujourd’hui limitée à 6 régions, à l'ensemble du territoire national et aux communes déléguées en zone de montagne, et de la généraliser au 1er juillet 2027. Un bon point pour le maillage officinal.

Enfin, ce PLFSS prend plusieurs mesures pour faciliter la substitution des biosimilaires, levier essentiel pour l’économie de l’officine. Le texte met en place un mécanisme de tiers payant contre biosimilaires (mais aussi pour les médicaments hybrides), impose un tarif ajusté deux ans après l'inscription d'un biosimilaire au sein d'un groupe donné et supprime l'obligation de prescrire les médicaments biosimilaires en nom de marque en plus de la dénomination de la molécule. Tout cela devrait permettre d’économiser 2,8 millions d’euros par point de pénétration gagné.

La grande absente : la prévention

Le texte n’est pas encore promulgué mais il a provoqué quelques frayeurs : mise en place d’un référencement sélectif des médicaments sur appel d’offres en vue de leur remboursement (supprimée), collecte des franchises au comptoir (supprimée), expérimentation de la réutilisation des médicaments non utilisés (uniquement en établissement de santé)… Il a créé des polémiques, avec l’attribution d’exonérations fiscales pour les groupements coopératifs et les commerces associés de la pharmacie (supprimée).

Le PLFSS pour 2026 manque d’ambition en matière de prévention. La seule mesure préventive installe un cadre légal pour instaurer l’obligation vaccinale des professionnels de santé contre la grippe et la rougeole, ainsi qu’une obligation de vaccination contre la grippe pour les résidents d’EHPAD. La mesure dépend d’une recommandation préalable de la Haute Autorité de santé (HAS), attendue dans le premier semestre 2026.

Or, en matière de vaccination, les pharmaciens attendent toujours de pouvoir prescrire et administrer les vaccins du voyageur. Plus globalement en matière de prévention, ils attendent aussi la prise en charge des substituts nicotiniques dispensés sans ordonnance.

Anne-Hélène Collin

Source : Le Quotidien du Pharmacien