La jeune start-up niçoise est-elle devenue l’ennemi à abattre ? Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) a assigné en référé la société de livraison de médicaments Livmed’s, au motif que celle-ci exercerait une activité de vente ou de courtage de médicaments. Ce dont elle se défend vigoureusement. Après une audience le 2 mars, la décision judiciaire est attendue d’ici à la mi-avril.
Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) a confirmé hier avoir assigné en référé la société de livraison de médicaments Livmed’s. Mais n’en dira pas plus. Chez Livmed’s aussi, la communication est prudente face à une procédure en cours. Son jeune cofondateur, Talel Hakimi, ne cache pas sa stupéfaction. Rien ne présageait, selon lui, une telle attaque, trois ans après avoir lancé Livmed’s. Il en est convaincu, son initiative remporte les suffrages des patients, de nombreux pharmaciens avec lesquels il travaille, et même du gouvernement.
Mais au dernier trimestre 2022, un événement joue les trouble-fêtes, alors que Livmed’s s’apprête à clôturer une 2e levée fonds de 5 millions d’euros dont Sanofi est l’investisseur principal. L’une des pharmacies clientes de Livmed’s est contrôlée par l’agence régionale de santé (ARS) de PACA. Les conclusions de l’ARS sont envoyées au Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens (CROP). « L’ARS indique que le pharmacien peut faire appel à Livmed’s tant que c’est bien le pharmacien qui facture. Ce qui est bien le cas », précise, rassuré, Talel Hakimi.
Tout semble donc rentrer dans l’ordre… Jusqu’à la réception d’une assignation en référé émanant du CNOP pour exercice d’une activité de vente ou de courtage en médicaments. Ce que le président et cofondateur nie en bloc. « Livmed’s ne vend aucun médicament, ne prend aucune commission, n’a aucun stock, ne voit pas les commandes puisque les données sont cryptées… Nous n’avons rien à voir avec un courtier en médicaments ! » Alors que des rumeurs courent sur l’existence de plusieurs recours en justice, notamment pour exercice illégal de la pharmacie, Livmed’s s’inscrit en faux : le seul recours existant est l’assignation en référé à l’initiative du CNOP, au seul motif de l’exercice d’une activité de vente ou de courtage en médicaments. De même, tient-il à préciser, « l’argent encaissé au moment de la livraison est géré par un tiers de confiance. Seule la somme correspondant à la livraison est effectivement reversée à Livmed’s. Les pharmaciens qui décident de livrer eux-mêmes, en utilisant notre application, sont rémunérés par Livmed’s au titre de la livraison ».
Talel Hakimi veut rester confiant, même s’il aurait préféré que ses demandes de médiation soient entendues plutôt que devoir aller en justice. « Nous avons fait établir un rapport d’expertise et un constat d’huissier qui montrent que, à chaque étape de notre fonctionnement, nous respectons le monopole officinal, qui comprend les activités de vente - notamment en ligne - et de dispensation de médicaments. Par ailleurs, les termes de l’article L.5125-25 du code de la santé publique sont très clairs sur le fait que l’activité de livraison des médicaments ne relève pas du monopole officinal, et peut être effectuée par tout tiers mandaté. Ce qui est notre cas. »
Quant aux accusations qu’il essuie concernant une communication trop « agressive », voire « borderline », Talel Hakimi est prêt à les entendre : « Pas de problème, si ma communication gène, mettons-nous autour d’une table et parlons-en. Tout ce que j’espère c’est qu’on aille vers le dialogue avec tous les représentants de la profession. » La décision judiciaire est attendue d’ici à la mi-avril.
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