Le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur les prestataires de services et distributeurs de matériel (PSDM), rendu public en août, avait livré des conclusions plus que mitigées sur l'action de ces derniers, déjà peu appréciés par de nombreux professionnels de santé.
Dans ce document d'une centaine de pages, plusieurs griefs dont un « faible niveau d’exigences réglementaires » pour exercer cette activité et des « contrôles très limités opérés par les pouvoirs publics malgré les dérives avérées liées aux effets des pratiques commerciales, dans un contexte de forte concurrence ». Des dérives qui peuvent nuire « à la fois à la qualité d’exécution des missions et au gaspillage environnemental et financier, avec un système de paiement à l’acte qui encourage l’accroissement des volumes ». Si les auteurs du rapport n'excluaient tout de même pas de possibles évolutions pour les PSDM, ils avaient affirmé leur opposition à l'idée d'octroyer à ces derniers un véritable statut de professionnel de santé. Un texte qui avait alors fait réagir l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) qui s'était réjoui que les préconisations de l'IGAS soient conformes à l'avis qu'elle avait rendu. L'USPO recommandait en particulier de « remettre de l'ordre dans l'organisation des sorties d'hospitalisation » ainsi que dans les « relations avec les établissements de santé ».
« Une opposition d'un autre temps »
Comment les principales organisations de PSDM ont-elles réagi au travail de l'IGAS, pour lequel elles ont toutes été entendues, et qui a qualifié de « nuancé » le bilan de leur action ? Préférant retenir le positif, la Fédération des prestataires de santé à domicile (PSAD) a partagé son interprétation, plutôt optimiste, du document. Le syndicat se félicite en effet que le rapport souligne « l''efficacité et la réactivité des PSAD », notamment durant « la crise du coronavirus ». « L'importance de nos métiers n'est plus à démontrer », estime son président, Charles-Henri des Villettes, qui, au passage, ne se prive pas d'adresser une pique aux acteurs de santé qui ont tendance à critiquer les membres de sa profession. « Cette opposition, de nature catégorielle et destinée à préserver des prés carrés, est d'un autre temps », s'offusque ainsi le président de la Fédération des PSAD. « Les prestataires de santé à domicile n'ont pas pour ambition de rogner les prérogatives des autres secteurs du soin mais bien de s'articuler en complémentarité avec eux », précise-t-il. Inquiète face à certaines prises de position, notamment celle visant à écarter les prestataires de certaines activités comme la dialyse, la Fédération des PSAD reste malgré tout confiante, allant jusqu'à espérer que ce rapport ne se transforme en une « une réelle opportunité pour clarifier pleinement le rôle des PSAD en qualité d'acteurs de santé ».
Faire le ménage contre certaines pratiques
Président de l'Union nationale des prestataires de dispositifs médicaux (UNPDM) et de la Commission métier de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Fabrice Camaioni souligne premièrement « le gros travail d'état des lieux » accompli dans le cadre de ces travaux. Satisfait d'avoir pu faire entendre sa position sur de nombreux sujets, il reconnaît dans le même temps que la lutte contre certaines dérives observées dans le secteur sera essentielle pour améliorer la relation avec les professionnels de santé, et notamment avec les pharmaciens. « Ce rapport a mis au jour des pratiques douteuses. Il faut faire le ménage et pêcher les mauvais poissons. Des contrôles et une régulation sont donc nécessaires, on ne peut faire l'économie de ça. Sur ce sujet, j'ose espérer que mes collègues syndicaux partagent la même volonté. » Si certains représentants des prestataires ont pu revendiquer, ou du moins espérer avoir un jour, un statut de professionnel de santé, ce n'est pas le cas de l'organisation de Fabrice Camaioni. « Même si un prestataire embauche des infirmiers, des pharmaciens ou des médecins, il ne devient pas pour autant professionnel de santé, c'est impossible. D'ailleurs, ce n'est pas ce que nous souhaitons à l'UNPDM. »
Non aux locaux déportés à l'hôpital
Favorable à la mise en place prochaine d'une certification qui permettra aux PSDM de mieux se former, Fabrice Camaioni veut attirer l'attention sur le libre choix du patient en sortie hospitalière, regrettant les négligences de certains établissements sur ce sujet. Il attend désormais de voir à quoi ressemblera précisément la future charte du CEPS. Une charte qui aurait dû être dévoilée en septembre mais qui risque de se faire attendre encore un peu. Il ne veut en tout cas pas entendre parler de dépôts d'orthèses dans des locaux déportés, à l'instar de Philippe Besset qui a fait de ce dernier point une priorité. « Le plus important pour moi, c'est que la future charte du CEPS, que nous avons pu consulter au mois de juillet, n'autorise pas de locaux déportés pour du matériel médical dans les hôpitaux. Cela ne doit absolument pas être autorisé », prévient d'ores et déjà le président de FSPF.
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