Conseils pour les peaux acnéiques

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Publié le 04/07/2024

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Des boutons, des comédons et la peau qui luit… cette image n’est toujours pas « instagrammable » et est pourtant le lot de nombreux jeunes et moins jeunes gens. Avant de sortir l’artillerie lourde, des solutions sont à rechercher du côté des cosmétiques non comédogènes et des conseils hygiénodiététiques.

Les premiers conseils dans l’acné sont de respecter la peau et de la protéger
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Cas de comptoir

Le contexte : « J’ai presque 40 ans et toujours des boutons d’acné, toujours avant mes règles ! Qu’est-ce que je peux faire ? »

Votre réponse : L’acné peut être liée à une perturbation hormonale. Si les boutons surviennent en deuxième partie de cycle, il peut s’agir d’une carence en œstrogènes. Nous pouvons voir aussi ensemble les bonnes mesures d’hygiène locale de la peau.

Définitions

Acné : dermatose très fréquente à la puberté, due à l’inflammation des follicules sébacés liée à une rétention du sébum.

Comédon : lésion des glandes sébacées, liée à l’accumulation de sébum dans les follicules pileux ; les comédons peuvent être ouverts (point noir) ou fermés (bouton blanc).

Papule ou boutons : lésion caractérisée par une surélévation solide, de forme variable, liée à une inflammation.

Pustules : papules infectées.

Kystes : pustules situées dans les couches profondes de la peau pouvant être douloureux.

Sébum : substance grasse produite par des glandes sébacées situées dans les follicules pileux.

Physiopathologie

L’acné est une dermatose chronique fréquente caractérisée par l’éruption de papules, la présence de comédons, de points noirs, de kystes inflammatoires et la survenue de cicatrices persistantes. Les lésions sont principalement localisées sur le nez, le front, les joues, le haut du dos, les épaules et le haut du torse.

Il existe deux types d’acné : l’acné rétentionnelle se traduisant par des points noirs ou des boutons blancs ; et l’acné inflammatoire, caractérisée par la présence de papules, de pustules et des kystes pouvant laisser des cicatrices rebelles.

L'acné évolue par poussées, entrecoupées de périodes d’accalmie.

Plusieurs facteurs entrent en jeu dans l’apparition de l’acné : une production excessive de sébum, l’obturation folliculaire par le sébum et les kératinocytes, la présence de la bactérie Cutibacterium acnes (anciennement appelé Propionibacterium acnes) qui se multiplie de manière anormale et une inflammation locale perturbant l’épithélium, sans oublier le terrain génétique. Les papules apparaissent lors de la rupture des follicules pilosébacés inflammatoires.

L’influence hormonale sur l’acné est bien connue. À la puberté, l'augmentation des androgènes stimule la production de sébum et l'hyperprolifération des kératinocytes, touchant plus les garçons que les filles. En dehors de la période de l’adolescence, les modifications hormonales à certains moments du cycle ou pendant la grossesse peuvent être à l’origine de la survenue d’acné.

Autres causes possibles : une hygiène de la peau inadaptée (nettoyants, lotion asséchante, cosmétiques occlusifs gras), la manipulation des boutons et certains médicaments (androgènes, contraceptifs, corticoïdes, lithium, phénytoïne, isoniazide).

80 % des jeunes de 12 à 20 ans développent une acné. Dans 15 à 20 % des cas, l’acné est sévère

(Source : assurance-maladie)

Conduite à tenir

Une peau à respecter

Pour limiter d’aggraver l’acné survenant par poussées, il est important de rappeler quelques règles élémentaires, dont la première est de se retenir de toute manipulation des boutons et des comédons.

L’exposition au soleil sans protection est à éviter pour deux raisons : la première est le risque de poussée ultérieure du fait de l’épaississement de l’épiderme sous l’action des UV ; la deuxième est la persistance des cicatrices des lésions acnéiques s’assombrissant avec le soleil.

Enfin, il vaut mieux limiter la consommation de tabac et le stress, deux facteurs d’aggravation de l’acné.

Une peau à protéger

Sans la décaper, il est important de suivre une hygiène rigoureuse de la peau, qui sera nettoyée une à deux fois par jour, sans frotter et sans manipuler les lésions, avec des produits de toilette doux, purifiants, au pH voisin de celui de la peau afin d’éliminer l'excès de sébum. Les produits antiseptiques et alcoolisés sont proscrits car inefficaces et irritants. Les cosmétiques gras, bouchant les pores de la peau, sont également à éviter.

Un soin hydratant adapté à la peau (crème, émulsion…), anti-acnéique, non comédogène et sans parfum, pourra être appliqué le matin. En effet, une peau déshydratée produit plus de sébum et donc aggrave l’acné. Si la peau est grasse, une crème matifiante et anti-imperfections sera conseillée.

En cas d’exposition au soleil, qui est à limiter, l’application d’un produit solaire (crème ou lait) indice 50 SPF est indispensable.

Les produits de gommage et de masque peuvent être utilisés une fois par semaine maximum et surtout bien rincés.

Le maquillage est également autorisé à condition d’utiliser des produits cosmétiques à base d'eau, non comédogènes et de les ôter systématiquement le soir avec un gel micellaire adapté. Les produits de « camouflage » adaptés aux peaux acnéiques peuvent aussi être conseillés si besoin.

Pour les garçons, le rasage quotidien doit être évité car irritant. Le rasoir électrique est préféré au rasoir à lames classiques, avec, si besoin, une crème de rasage.

Alimentation

Le rôle de l’alimentation dans la survenue ou l’aggravation de l’acné est controversé. Selon la Société française de dermatologie, les données sont contradictoires pour les aliments à haut indice glycémique mais les études concernant le rôle de la consommation de lait sont en faveur d’une association avec la survenue d’acné. Les dernières mises à jour ne recommandent pas de modifier le régime alimentaire pour améliorer l’acné.

Cependant, les idées reçues sont fréquentes et il est nécessaire d’ôter de la tête des personnes souffrant d’acné que les corps gras doivent être supprimés de l’alimentation. Il est parfois utile de conseiller des mesures alimentaires essentielles et de bon sens, surtout aux adolescents.

Privilégier ainsi les huiles végétales à consommer quotidiennement (2 cuillères à soupe par jour), notamment les huiles riches en oméga-3 (huile de colza et de noix). Les poissons riches en acides gras oméga-3 tels que les sardines, le maquereau et le saumon seront consommés régulièrement. Il convient surtout de limiter la consommation des produits riches en acides gras saturés (charcuterie, viandes grasses, viennoiseries, plats préparés, junk food). Les produits industriels, gras et/ou très sucrés, à indice glycémique élevé sont aussi à fortement limiter (sodas, bonbons, friandises, pain de mie industriel et blanc…).

Conseiller par ailleurs une consommation quotidienne de fruits et légumes de saison, les plus colorés car riches en provitamine A cicatrisante et anti-oxydants. Les produits laitiers ne doivent pas être exclus, surtout les yaourts nature et le fromage blanc de préférence entier, car ils renferment des protéines, du calcium et de la vitamine D. Enfin la consommation de produits contenant du zinc, nécessaire pour assurer la bonne santé de la peau, peut être à promouvoir : pain complet, légumes verts, volaille, œufs, crustacés. Parallèlement, il faudra veiller à modérer la consommation excessive de boissons à base de café et de thé pouvant diminuer l’absorption du zinc.

Direction le médecin

Lorsque les conseils d’hygiène et les traitements locaux sont insuffisants, orienter chez un médecin ou un dermatologue afin de mettre en place un traitement adapté, notamment si des kystes, des furoncles ou des cicatrices apparaissent. Attention aussi chez les jeunes personnes pouvant souffrir moralement de leurs lésions acnéiques.

Il est aussi plus sage d’orienter vers un médecin toute personne prenant des médicaments favorisant la survenue d’acné (androgènes, contraceptifs, corticoïdes, lithium…).

Enfin, chez les jeunes filles ou les femmes manifestant des symptômes associés à l’acné tels qu’une pilosité excessive, une prise de poids, la perte des cheveux et des perturbations du cycle hormonal, la consultation médicale est obligatoire afin de procéder à un bilan biologique.

Les produits du conseil

Produits nettoyants

À proscrire : les savons classiques irritants (comme le savon de Marseille) qui élèvent le pH cutané, altèrent la fonction barrière de la couche superficielle de la peau, modifient la composition de la flore cutanée.

Ce sont des gels ou des pains sans savon qui seront utilisés permettant d’éliminer l’excès de sébum sans décaper la peau. Ces produits, composés de tensioactifs synthétiques, respectent le pH cutané afin d’éviter la sur-stimulation des glandes sébacées. Certains laits ou crèmes nettoyantes, ainsi que les eaux micellaires peuvent être utilisés, à condition d’être non comédogènes et rincés, notamment pour les laits.

Soins associés

- Soin hydratant : sous forme de crème, ou d’émulsion en cas de peau grasse, le soin hydratant est indispensable pour limiter les poussées d’acné, la survenue des comédons, la brillance de la peau et apaiser le dessèchement de la peau en cas de traitement oral contre l’acné. Les produits à base de silicones, non comédogènes à caractère émollient, seront davantage à conseiller que ceux ayant une base lipidique mais comédogène. Les actifs fréquemment retrouvés dans les soins hydratants sont le gluconate de zinc et la vitamine B6, freinant la production de sébum, des extraits de plante comme des extraits de courge, le ginkgo biloba anti-oxydant, le sabal serrulata, séborégulateur, et l’épilobe, limitant la brillance de la peau. Des actifs matifiants peuvent aussi être incorporés dans les formules : kaolin, zinc, silice, poudre de noyau d’abricot et poudre de riz.

- Soins traitants : ils se composent d’actifs ayant des effets kératorégulateurs, anti-bactériens, anti-inflammatoires, anti-irritants et cicatrisants. En tête de la liste non exhaustive : le gluconate de zinc qui limite l’hyperséborrhée et possède des effets antimicrobiens et anti-inflammatoires. L’acide glycolique permet de rendre la peau plus douce et plus lisse tout en atténuant les cicatrices tandis que l’acide glycyrrhétinique possède une action anti-inflammatoire. L’acide salicylique a une action comédolytique sur les comédons ouverts. Enfin, la vitamine B3 (niacinamide) est reconnue comme sébostatique.

Le soin hydratant est indispensable pour limiter les poussées d’acné, la survenue des comédons, la brillance de la peau et apaiser le dessèchement de la peau en cas de traitement oral contre l’acné

Cas particuliers des patients sous isotrétinoïne

Il est conseillé d’utiliser des produits adaptés à la peau acnéique mais plus hydratants que les produits classiques, en optant pour par exemple pour la texture crème ou de soins apaisants (exemples : crème Cleanance Hydra, Dermopure Soin hydratant adjuvant, Bioderma Sébium Sensitive…). Les objectifs de ces produits locaux sont de réduire les rougeurs, d’apaiser la peau, de soulager les tiraillements et de lutter contre les phénomènes de sécheresse et de desquamation.

Les gommages seront en revanche fortement déconseillés, au risque d’aggraver l’irritation de la peau.

En complément

Du côté de la phytothérapie, la principale plante utilisée dans l’acné modérée est la bardane, à prendre sous forme de gélule, ou parfois en tisane (2 à 6 g en infusion, 3 fois par jour) ou en teinture (25 % V/V ou 45 % V/V, 3 fois par jour). Elle possède des propriétés drainantes et détoxifiantes au niveau cutané, hépatique et rénal, ainsi qu’une action antimicrobienne favorisant l’assainissement de la peau. Elle peut être associée à la pensée sauvage, qui freine la production de sébum et détoxifie la peau grâce aux tanins astringents que la fleur renferme. Avec l’utilisation de ces deux plantes peut s’observer une augmentation temporaire de la sécrétion sébacée et des boutons pendant les premiers jours de traitement.

Les ingrédients comédogènes

Citons : la cire d’abeille, le beurre de cacao, la lanoline, les huiles végétales, les esters gras (myristate d’isopropyle, stéarate de butyl stéarate, oléate de décyle, palmitate d’octyle…) et les dérivés de la chimie des pétroles.