À compter du 1er février, les pharmaciens belges sont dotés d’une nouvelle mission rémunérée : l’aide au sevrage des benzodiazépines et apparentés. En France, une expérimentation doit commencer au printemps 2023 dans 20 pharmacies, à l’initiative du groupement Totum en partenariat avec le CHU de Grenoble.
À l’image des conventions signées en France entre les syndicats de pharmaciens et l’assurance-maladie pour faire évoluer la profession, c’est à la faveur d’un accord liant l’Association pharmaceutique belge (APB) et l’Institut national d’assurance-maladie invalidité (INAMI) qu’une nouvelle mission est dévolue aux pharmaciens belges. Initialement prévu pour débuter le 1er avril, le service de sevrage des benzodiazépines et apparentés peut commencer dès mercredi 1er février.
Ce plan de sevrage peut être proposé à toute personne de 18 ans et plus présentant un usage chronique d’une benzodiazépine depuis au moins trois mois et qui lui a été prescrite dans l’insomnie. Pour en bénéficier, le patient doit parapher un formulaire d’accord tripartite, également signé par son médecin et son pharmacien. Dès lors, le pharmacien peut lui proposer un entretien d’initiation, puis un entretien de suivi, chacun étant rémunéré 22 euros.
Le principe est de mettre en place un plan de sevrage progressif par palier à l’aide de préparations magistrales permettant une réduction précise des doses. Jusqu’alors des plans de sevrage basés sur des préparations magistrales pouvaient être proposés aux patients, mais sans aucune prise en charge par la collectivité. « Or c’est la méthodologie la plus simple pour ce sevrage », souligne Alain Chaspierre, directeur général de la Société scientifique des pharmaciens francophones (SSPF).
Dans une interview accordée en décembre 2022 au journal « Le Spécialiste », il explique les différents schémas possibles préalablement déterminés par le médecin : « Quand il y a 5 paliers, il y a une réduction de 20 % des doses (par palier). Quand il y a 10 paliers, la réduction est de 10 % des doses. Un palier peut durer maximum 30 jours. Le patient peut bénéficier deux rallonges s’il ne se sent pas bien. Il peut donc prolonger au maximum de 2 fois 30 jours. Ce qui fait que le plan de sevrage peut durer au maximum un an. » La recommandation reste néanmoins de parvenir à un sevrage de 4 à 10 semaines. « Les quatre benzodiazépines les plus utilisées en Belgique sont disponibles en matière première, ce qui permet de réaliser la préparation magistrale. Pour les autres spécialités, on peut écraser les comprimés pour faire les gélules », précise Alain Chaspierre dans « Le Journal du médecin ».
En France, une expérimentation du groupement Totum en partenariat avec le CHU de Grenoble doit être lancée au printemps prochain. Une vingtaine de pharmaciens répartis sur tout le territoire vont y participer, dans le but d’évaluer la contribution du pharmacien dans la « déprescription » des benzodiazépines et apparentés chez les patients qui en utilisent depuis au moins six mois. Le protocole prévoit trois interventions pharmaceutiques : une à l’inclusion, une à 6 mois et une à 12 mois. « L'objectif est de réduire la consommation d'au moins 50 % dans les six mois sans que la qualité de vie du patient ne soit affectée », précise Matthieu Gauthier, pharmacien, vice-président de TotumLab et directeur médical de Totum.
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