SUPPRIMER le concours de fin de première année de pharmacie. C’est l’une des propositions d’un volumineux rapport* rédigé par le député socialiste Jean-Yves Le Déaut et remis au Premier ministre il y a quelques semaines. Dans le cadre des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, Jean-Marc Ayrault avait en effet demandé à l’élu de Meurthe-et-Moselle d’identifier les évolutions législatives rendues nécessaires par les conclusions de cette vaste consultation. Un projet de loi est d’ailleurs actuellement à l’étude. Il devrait s’inspirer de ce document qui envisage une large réforme de la licence et une spécialisation disciplinaire plus progressive. Notamment pour les études de santé.
Une spécialisation progressive.
« Le système actuel cumule plusieurs défauts, estime Jean-Yves Le Déaut. D’une part, le concours de fin de première année induit une sélection très forte. D’autre part, la première année commune des études de santé (PACES) - qui partait d’une bonne intention - a hiérarchisé à outrance les différentes disciplines et est particulièrement pénalisantes pour certaines d’entre elles. » Et le député de citer pour exemple la pharmacie. « Ce qui est vrai pour réformer la licence l’est encore plus pour le premier cycle de santé », affirme le député. Aussi propose-t-il, au-delà de la suppression du concours de fin de première année, « la mise en place d’une spécialisation progressive dans le cadre d’une licence par grand domaine (médical, pharmaceutique, rééducation, soins infirmiers, maïeutique…) qui permettra d’orienter, en fonction des résultats académiques, les étudiants sur plusieurs années ».
À l’heure actuelle, la PACES, entrée en vigueur depuis la rentrée 2010, prévoit certes un cursus initial identique, mais maintient une sélection précoce des étudiants. La réforme proposée par Jean-Yves Le Déaut envisage, à l’inverse, un tronc commun plus long et une sélection plus tardive. « Les concours ouvrant aux formations diplômantes de niveau master et doctorat seront donc repoussés à la fin de la troisième année », précise le rapport. Objectif : réduire l’échec universitaire. « L’orientation active progressive aboutira à l’amélioration du taux de réussite au concours et mettra fin au gâchis actuel qui est inacceptable », affirme ainsi le député de Meurthe-et-Moselle.
Des doubles compétences.
La réforme des études de santé qu’il préconise entend également permettre l’acquisition de doubles compétences « particulièrement prometteuses en termes de secteurs économiques et d’emplois », telles droit/santé, santé/ingénierie ou santé/commerce. Dans le même esprit, des étudiants ayant validé brillamment leurs premières années d’études supérieures, notamment en sciences, pourraient, dans le cas où ces études seraient compatibles, rejoindre le parcours santé sans avoir pour autant suivi les premières années de ce cursus. Des diplômés en chimie pourraient ainsi rejoindre les bancs des facultés de pharmacie. « De telles passerelles existent déjà avec des écoles d’ingénieurs, elles devront être développées », insiste Jean-Yves Le Déaut, qui juge également souhaitable de rassembler dans les universités toutes les formations sanitaires et sociales inscrites dans le cadre du LMD (licence master doctorat). « Il est aberrant que l’acte II de la décentralisation ait donné la responsabilité du diplôme d’infirmière aux régions, alors que l’enseignement supérieur fait partie des missions de l’État », s’indigne-t-il.
Si l’idée de la suppression du concours de première année n’emballe pas les étudiants en pharmacie (voir ci-dessous), ils se réjouiront certainement d’une réforme de la PACES. Car, pour eux, cette première année commune est « un désastre » caractérisé l’année dernière par un fort taux d’échec. Dans les 24 facultés de pharmacie, près de 80 % des étudiants ont repassé leurs examens lors de la session de rattrapage et 20 % ont été contraints de redoubler. Des résultats alarmants qui inquiètent également les doyens de pharmacie. Tout le monde semble d’accord : le cursus universitaire santé doit encore être amélioré.
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