Dans un contexte de diminution du nombre d'étudiants en filière pharmacie, avec 1 027 places vacantes à la rentrée 2022 en deuxième année (+550 % par rapport à l'année précédente), l'ANEPF a mené une enquête auprès des étudiants des 24 facultés de pharmacie et de toutes les promotions, afin de recueillir leur avis sur la réforme de l’entrée dans les études de santé (REES) et la pertinence d'une sélection préalable sur Parcoursup.
Selon les résultats, seulement 2,6 % des étudiants déclarent avoir été informés sur l’existence de la filière pharmacie au cours de leurs années lycée. Pire, cette information viendrait majoritairement de la famille (21,4 %) ou d'autres étudiants (15,2 %), et non des conseillers et services d’orientation (1,3 % seulement). « Ceci nous questionne donc quant à la qualité de l’orientation dans les lycées », commente l'ANEPF, qui considère qu'un choix précoce de la filière dès le lycée serait délétère en raison du manque d’information sur les métiers de la pharmacie. L'association a donc renouvelé son souhait de maintenir la filière dans une première année commune (parmi MMOPK*) avant l’entrée à l’université.
Pourquoi une telle position, alors que les études de pharmacie ont pendant longtemps débuté par une première année dédiée (PCEP1) jusqu'à son remplacement, en 2010, par la première année commune aux études de santé (PACES) ? Pour Adrien Caron, vice-président en charge de l'Enseignement supérieur chez l'ANEPF, la vérité est que l'image du pharmacien s'est considérablement dégradée. « Les Français ont une vision très réductrice du pharmacien, vu comme un vendeur de boîtes. Les a priori sont très présents, ceux des parents se répercutent sur les enfants », affirme-t-il.
Une nouvelle génération motivée
Loin des clichés résumant la nouvelle génération comme « peu investie » et constituée d'étudiants choisissant pharmacie par défaut plutôt que par vocation, c'est le manque de communication qui explique le désamour pour la filière. Ainsi, la majorité des étudiants n’ayant pas pris pharmacie en premier choix l'expliquent par une méconnaissance de la filière (30,0 %) et des débouchés (27,6 %).
« Les nouveaux étudiants sont très motivés et ne sont pas là par défaut. Mais il y a un très gros manque de connaissances sur le métier. On ne pourra pas faire naître de vocations sans de larges efforts pour faire découvrir notre métier aux plus jeunes », affirme Adrien Caron, qui se félicite toutefois de certaines avancées. « Les années précédentes, le mot "pharmacie" n'apparaissait même pas sur Parcoursup, il n'y avait rien ! Maintenant, nous sommes visibles, avec un espace santé dédiée, des vidéos… »
Une campagne permanente
Face à ce manque de connaissance du monde de la pharmacie par les lycéens, entraînant une faible attraction de la filière, l'ANEPF est particulièrement active. L'association mène de nombreuses actions dans les salons étudiants et forums métiers afin de présenter la filière aux étudiants « Dans l'idéal, le métier devrait être valorisé dès le collège, considère Adrien Caron. Il faut aussi former les conseillers d’orientation sur le métier de la pharmacie. Ceux que nous rencontrons sur les forums étudiants sont très peu renseignés, et sont bien contents de recevoir nos guides. » À terme, l'ANEPF envisage de dynamiser ses partenariats avec les associations locales, pour être sûre de toucher le plus de monde possible, et pas seulement les étudiants eux-mêmes.
* Maïeutique, médecine, odontologie, pharmacie, kinésithérapie.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Gestion comptable
Fidéliser sa clientèle ? Oui, mais pas à n’importe quel prix
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics