LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Les groupements sont passés d’une logique économique à celle de fournisseur de services, services dont fait partie la formation. Comment analysez-vous cette transformation ?
Pascal Louis.- C’est exact, mais cette évolution ne date pas d’hier. Les groupements ont pour la plupart vu le jour il y a une bonne vingtaine d’années. Rapidement est née une volonté simultanée de la part des groupements et des pharmaciens de ne pas se limiter à un simple service commercial. Cela fait donc des années que les groupements proposent des services d’agencement, d’aide à la mise en place de la vitrine, d’accompagnement dans la mise en œuvre d’une politique de prix, des formations… Il est désormais tout à fait normal pour un adhérent de se tourner vers son groupement pour bénéficier de ces services, qui continuent d’ailleurs à s’étoffer. Le choix d’un groupement ne se fait plus uniquement sur le référencement et la politique de prix mais aussi sur l’offre de services.
L’offre de formation pose-t-elle des problèmes particuliers dans sa mise en place pour un groupement ?
Au contraire, c’est peut-être le plus simple à mettre en place. La formation initiale du pharmacien est parfaite pour tout ce qui touche au médicament, mais beaucoup moins sur le volet chef d’entreprise. Les groupements se sont emparés de cette place vacante. Ils ont aussi lancé beaucoup d’opérations de santé publique, qui doivent être menées par des pharmaciens compétents ; les groupements ont formé leurs adhérents pour offrir le meilleur service possible aux patients. Quand on affiche une appartenance à un groupement, tout le monde a intérêt à ce que tout se passe bien, le pharmacien s’expose, le groupement également : plus ils pousseront vers l’enseigne et plus les exigences de qualité et de compétences vont se durcir. Ce n’est pas un hasard si les visites de clients mystères se multiplient : on ne peut se permettre d’avoir 10 % de ses adhérents hors des clous.
Le service de dépistage du risque cardiovasculaire lancé par le CNGPO impose une formation au pharmacien qui s’engage. Cela répond-il à la logique que vous venez d’évoquer ?
Il s’agit effectivement d’une condition obligatoire. Le pharmacien qui s’engage doit suivre une formation par e-learning. Le dépistage n’est pas fondamentalement compliqué mais c’est tellement différent de la pratique habituelle du pharmacien qu’il a semblé inconcevable de faire sans un minimum de formation. Ce dispositif continue de fonctionner, nous enregistrons régulièrement de nouveaux inscrits, et nous réfléchissons à adapter la formation actuelle. Avec le lancement des entretiens pharmaceutiques, ce dispositif s’est mis en retrait, mais nous travaillons sur une relance avec la Fondation Cœur et Artères.
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