UN PATIENT à risques, en plein dérapage, qui ne sort plus et refuse de se laver… Les officinaux sont souvent confrontés à des situations délicates car les malades atteints de troubles psychiatriques sont de plus en plus suivis en ville. Afin d’améliorer leur prise en charge, certains ont choisi de se former. C’est le cas d’Anne Janvier, titulaire à Saint-Martin-Le-Vinoux (Isère) : « J’ai décidé de renforcer mes compétences, d’autant plus que j’ai dans ma clientèle de nombreuses personnes handicapées mentales et les patients du centre médico-psychologique de Saint-Egrève. » Il y a un an, cette consœur a pris le chemin de l’Association pour la formation et l’information sur le médicament (AFIM).
En mars 2008, Isabelle de Beauchamp, pharmacienne au centre hospitalier de Saint-Egrève, et Akram Barrak, son confrère du CHU de Grenoble, ont organisé une formation pour renseigner les officinaux sur les médicaments à visée psychiatrique. Pas moins de trente-neuf d’entre eux ont assisté aux quatre modules, animés par un binôme pharmacien/psychiatre : neuroleptiques et psychoses ; antidépresseurs, normothymiques et troubles de l’humeur ; anxiolytiques/hypnotiques et troubles anxieux ; et, enfin, toxicodépendance et médicaments du sevrage et de substitution. « Nous voulions les aider à adapter leur dialogue avec le patient, en adoptant une démarche éducative en lien avec le prescripteur », explique Akram Barrak. En effet, ces malades se montrent particulièrement sensibles au stress ; il n’est pas rare qu’ils arrêtent leur traitement et qu’ils rechutent. « L’officinal peut alors renouer le dialogue avec l’équipe soignante », ajoute Isabelle de Beauchamp.
Prévenir les comportements à risques.
En se formant, le pharmacien apprend aussi à mieux orienter le patient : « J’engage la discussion si je pense que le traitement – les hypnotiques, par exemple – n’est pas adapté, précise Anne Janvier. Je les guide peu à peu vers le psychiatre, quand leur comportement dénote un mal-être. »
L’officinal améliore aussi ses conseils en lien avec la prescription. Par exemple, au niveau de la chronobiologie : il peut recommander au malade de prendre ses hypnotiques le soir quand il se couche.
Enfin, devant les comportements à risques, les pharmaciens savent alerter immédiatement les praticiens : « J’ai une patiente qui essaye d’obtenir des somnifères en allant voir différents médecins. Je n’hésite pas à appeler le CMP pour savoir si je dois lui délivrer ou non, et je précise ensuite les informations dans mon ordinateur », explique Jacqueline Leonardi, pharmacien à Vizille (Isère), qui a suivi une formation sur les antidépresseurs. En attendant que le DP remplisse pleinement ce rôle...
Outre l’AFIM, le réseau Pharmaciens Information Communication (PIC), qui réunit des pharmaciens hospitaliers exerçant dans des établissements spécialisés en santé mentale, est très actif. « Nous avons mené plusieurs sessions sur les maladies et les médicaments à Toulouse et à Lille », souligne Claire Pollet, vice-présidente du réseau et pharmacien hospitalier à l’EPSM de Lille-Métropole Armentières.
Comme l’AFIM, le réseau PIC travaille en partenariat avec les autres professionnels de santé. Une démarche intéressante pour les officinaux, parfois un peu désarçonnés face aux traitements prescrits : « Nous voyons les ordonnances sans toujours connaître la nature de la pathologie, souligne Catherine Cayla, titulaire à Paris (XVIIIe). Nous pourrions apporter une meilleure aide au malade si nous avions un dialogue avec le médecin. »
Un souci que ne connaît plus Anne Janvier, depuis qu’elle a fait connaissance avec toute l’équipe du CMP de Saint-Egrève lors de la formation : « Grâce à cette rencontre, j’ai compris les objectifs thérapeutiques des praticiens ». Un dialogue fructueux qui permet de mieux accompagner le patient dans son traitement.
AFIM : 04 76 56 42 75 ou par e-mail : idebeauchamp2@ch-saint-egreve.fr.
Réseau PIC : www.reseau-pic.info.
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