Mis en place à la mi-2022, le dispositif OSyS entre dans sa phase 2. Désormais, 74 pharmacies bretonnes vont prendre en charge les « petits maux » au sein de ce dispositif qui vient d’être prolongé jusqu’à la fin 2024. Trois autres régions testeront OSyS à partir de septembre et d’ici 18 mois, le conseil d’Etat tranchera si ce modèle entre ou non dans le droit commun.
À « petits maux », un grand remède. A Moncontour, dans les Côtes d’Armor, a été officiellement annoncé ce matin le prolongement jusqu’à la fin 2024 de l’expérimentation OSyS (Orientation dans le système de soins), un dispositif qui repose sur la prise en charge de « petits maux » par les pharmaciens bretons. L'évaluation favorable, dont les résultats ont été rendus en juin, a conduit l’ARS Bretagne, l’association Pharma Système Qualité, à l'initiative de cette expérience, ainsi que le ministère de la Santé à reconduire pour dix-huit mois ce modèle et à l'étendre à 74 officines bretonnes, dont 44 ont adhéré en 2023.
Au total, 1900 triages de patients ont été effectués depuis la mi-2022. « L’ARS Bretagne et le ministère de la Santé soutiennent cette expérience innovante unique en France », a déclaré Anne-Briac Bili, directrice de cabinet de l’ARS Bretagne. Ainsi, le dispositif OSyS bénéficie d’une enveloppe de 330 000 euros, dont 230 000 euros apportés par l’ARS Bretagne pour soutenir les 74 pharmaciens (conseils, arbres décisionnels, formation, logistique, temps passé, etc) et 100 000 euros accordés par le fonds innovation du ministère de la Santé.
Six situations cliniques
Désormais dans sa phase deux, le dispositif OSyS se concentre toutefois sur six situations cliniques (plaies simples, les piqûres de tiques, les cystites, les brûlures du 1er degré, les douleurs pharyngées et les conjonctivites) contre 13 initialement (rhinite, douleur mictionnelle, douleurs lombaires, diarrhées, plaie simple vulvo-vaginite, céphalées, constipation). « Nous nous sommes recentrés sur les situations les plus fréquentes, les sept autres étant anecdotiques. C’est l’avantage de l’expérimentation », explique la directrice de cabinet.
Autre ajustement, la rémunération des pharmaciens passe de 15 à 12,5 euros par acte de triage. « Le calcul est basé sur le temps passé. Au départ, nous avions estimé le temps consacré au triage à 15 minutes par patient or il est en moyenne de 8 minutes. Nous avons calculé au pro-rata », explique Martine Costedoat, directrice générale de Pharma Système Qualité.
Davantage qu’une question de rémunération pour les titulaires, poursuit-elle, « l’idée initiale d’OSys est de désencombrer les urgences et de palier le manque de médecins. C’est un service rendu à la population avec une première évaluation du patient réalisée en officine sans rendez-vous. » L’intervention rapide du pharmacien permet de conseiller au patient un médicament adapté, hors prescription médicale obligatoire, de l’adresser à un médecin généraliste ou encore de l’envoyer vers un service d’urgence.
Sur les 1900 triages réalisés dans les 74 officines bretonnes, 58% des soins ont été prodigués directement dans les pharmacies, 40% chez un médecin et 2% aux urgences. Selon des évaluations externes, 99% des patients se sont déclarés très satisfaits de leur passage en officines. L’expérimentation a évité jusque là 420 consultations médicales et 68 passages aux urgences.
De fait, les 74 titulaires bretons retenus sont ainsi installés dans des ZIP (Zones d'intervention prioritaires) ou sur les zones littorales à faible densité médicale qui accueillent un surcroît de touristes l’été. Dans sa nouvelle phase, OSyS se concentrera principalement sur les pharmacies rurales. Intégrée au dispositif dès l’origine, la pharmacie de la Cité à Moncontour a ainsi effectué 200 triages. Titulaire depuis 2022, Clément Beurel, 28 ans, n’y trouve que des avantages. « Pour un jeune pharmacien sans expérience comme moi, c’est une sécurité. Osys apporte une vraie aide et assure la traçabilité des actes. C’est une vraie plus value pour les six pathologies. Et si j’ai un doute, je peux m’appuyer sur l’arbre décisionnel et ainsi sécuriser ma décision d’orientation », explique-t-il. Ce qui reste un défi dans cette commune médiévale de 865 habitants qui ne compte aucun médecin depuis des années, quatre sont installés dans les communes alentours.
Renforcer la communication
Toutefois, le dispositif Osys ne rencontre pas forcément l’unanimité auprès des médecins. « C’est un plus, note Gwendoline Tijeras, médecin à Bréhand, à une dizaine de kilomètres de Moncontour. C’est une démarche de conseil et d’orientation qui ne nécessite pas forcément une consultation chez un médecin, comme pour une piqûre de tique. Mais il faudrait davantage communiquer entre nous. Il arrive que des patients arrivent en urgence avec la prescription du pharmacien sur un post-it ! »
« Le projet Osys doit amener les pharmaciens à travailler avec les médecins », rappelle Martine Costedoat. Un appel entendu. « En Bretagne, il y a un historique de collaboration entre les deux professions. Le projet doit renforcer cette coopération. Il y a 4 millions d’actes traités par jour en pharmacie en France et 1 million de consultations chez les médecins. On a besoin de liens et d’échanges. Car l’inquiétude chez les médecins, c’est que les pharmaciens nous prennent les actes simples», relève Romain Gaillard, de l’Union régionale des médecins libéraux (URPS) de Bretagne. Pour convaincre les plus réticents, un webinaire sera lancé en octobre par l’ARS, la CNAM et l’URPS afin d’expliquer aux médecins l’intérêt de collaborer avec OSyS.
Et dès septembre, le ministère de la santé devrait désigner trois nouvelles régions pour expérimenter le dispositif. Dans le cadre de l’article 51, un rapport sur Osys sera établi fin 2024 et transmis au conseil d’Etat « qui validera ou non l’entrée du dispositif dans le droit commun », annonce Anne-Briac Bili.
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