Cas de comptoir
Le contexte : Mme B., 75 ans, est inquiète. Elle a l’impression de mettre un peu de temps à se rappeler de petites informations du quotidien : ce qu’elle voulait mettre sur la liste de courses, le nom de son nouveau voisin…
Votre conseil : Le fait que Mme B. retrouve finalement les informations qu’elle cherchait, même si c’est avec un petit temps de retard, est plutôt rassurant. On peut lui proposer un complément à base de Ginkgo biloba et lui demander si elle a l’habitude de faire des activités stimulantes pour sa mémoire. En l’absence d’amélioration, elle devra en parler à son médecin.
Points clés
Le métabolisme protéique diminue chez les personnes âgées et un apport alimentaire protéique suffisant est donc important : entre 1 et 1,2 g/kg/jour chez le sénior bien portant et entre 1,2 et 1,5 g/kg/jour chez le sénior dénutri.
Avec l’âge, le système immunitaire s’affaiblit et des troubles légers de la mémoire apparaissent fréquemment.
De bonnes habitudes alimentaires et une activité physique régulière contribuent au maintien des fonctions physiques et cognitives.
L’importance du lien social ne doit pas être négligée. Les personnes isolées souffrent plus fréquemment de stress, de dépression et de manque de vitalité.
La lecture, les mots croisés, les jeux de cartes stimulent leur mémoire.
Les compléments alimentaires peuvent contenir des vitamines, des minéraux, des plantes stimulantes.
La vitamine D et le zinc contribuent au bon fonctionnement du système immunitaire.
Des plantes comme ginkgo biloba ou le bacopa peuvent être utilisées pour stimuler la mémoire.
Définitions
- Dénutrition : état d’un organisme en déséquilibre nutritionnel, caractérisé par un bilan énergétique et/ou protéique négatif.
- Hyposmie : baisse de l’odorat.
- Agueusie : perte du goût.
- Ostéoporose : maladie diffuse du squelette caractérisée par une diminution de la densité osseuse et des altérations de la micro-architecture des os.
Physiopathologie
En pharmacie, les personnes âgées représentent une population bien à part, et pour cause ! Avec l’âge, elles deviennent plus fragiles, ont des besoins particuliers et leur métabolisme est différent. Et contrairement aux idées reçues, il ne faut pas moins manger en vieillissant.
Une altération du goût et de l’odorat
Chez les personnes âgées, le vieillissement a tendance à entraîner une altération du goût et de l’odorat (agueusie et hyposmie). Des problèmes bucco-dentaires peuvent rendre difficile la mastication. Ces phénomènes ont des conséquences directes sur l’appétit : manger peut devenir moins agréable, se mettre à table n’est plus un plaisir et les assiettes ne sont alors pas toujours terminées.
La perte d’appétit peut se compliquer d’une réelle diminution des apports alimentaires et à terme d’une dénutrition, qui affaiblit l’organisme et favorise la perte d’autonomie.
Une diminution du métabolisme protéique
La masse musculaire se développe jusqu’à l’âge de 20 à 30 ans, puis elle a ensuite tendance à diminuer. Cette dégénérescence progressive s’accélère à partir de 50 ans. Lorsqu’elle est importante et qu’elle s’accompagne d’une diminution de la fonction et de la force musculaire, il s’agit de sarcopénie.
Cette fonte musculaire est principalement due à un déséquilibre entre la synthèse des protéines musculaires et leur dégradation, apparaissant avec l’âge. Les besoins alimentaires en protéines augmentent donc chez les personnes âgées qui, parallèlement, ont tendance à moins manger. L’apport nutritionnel conseillé en protéines est ainsi compris entre 1 et 1,2 g/kg/jour chez le sénior bien portant (contre 0,8 g/kg/jour chez l’adulte) et entre 1,2 et 1,5 g/kg/jour chez le sénior dénutri. Il est conseillé de varier les sources d’apport de protéines : viandes, poissons, œufs…
1,2 à 1,5 g/kg/jour
C’est l’apport protéique recommandé chez le sénior dénutri
L’importance du calcium et de la vitamine D
Un apport suffisant en calcium et vitamine D (pour fixer le calcium) est important chez les personnes âgées, notamment chez les femmes après la ménopause afin de prévenir le risque d’ostéoporose. Le programme national nutrition santé (PNNS) 4 de 2019-2023 recommande de consommer 3 produits laitiers par jour, une portion correspondant à 150 ml de lait, 30 grammes de fromage ou 125 grammes de yaourt.
Les troubles de la mémoire liés à l’âge
En vieillissant, le nombre de neurones diminue, tout comme la vitesse de l’influx entre les neurones. Cela explique pourquoi avec l’âge, il faut davantage de temps pour traiter une information.
Ce ralentissement a des conséquences sur le fonctionnement cognitif, intellectuel et notamment sur la mémorisation qui devient plus difficile. Ce déclin de la fonction cérébrale est physiologique et normal s’il demeure léger.
L’immunosénescence
Le système immunitaire perd de son efficacité avec l’âge. En effet, les cellules immunitaires sont produites en moins grand nombre et sont moins fonctionnelles. Ainsi, la capacité à réagir face à de nouveaux antigènes est réduite compte tenu d’une diminution du nombre de lymphocytes.
Enfin, certains facteurs fréquemment retrouvés chez les séniors comme une dénutrition, un stress ou une pathologie chronique, ont un effet négatif sur l’immunité. Les personnes âgées sont donc plus sensibles à certaines infections, qu’elles soient bactériennes, virales ou fongiques, et certains cancers.
Conduite à tenir
De bonnes habitudes alimentaires et une activité physique régulière contribuent au maintien des fonctions physiques et cognitives.
Ne pas s’isoler !
Conserver un lien social : voici un conseil primordial à donner à tous les séniors.
Le lien social est primordial car, outre le fait qu’une vie sociale stimule le fonctionnement cérébral, elle permet aussi de lutter contre le stress et la dépression et apporte au contraire de la convivialité. De la même façon, une personne âgée à risque de dénutrition sera plus encline à se mettre à table si elle est en bonne compagnie. En bref, le lien social est synonyme de joie de vivre.
Conserver un lien social est primordial.
Bien s’alimenter
Trois repas par jour, un apport protéique suffisant, trois produits laitiers ainsi que des fruits et des légumes, boire 1,5 litre quotidiennement : voici les conseils de base en termes d’alimentation.
Par ailleurs, le poids doit être surveillé régulièrement. Si la préparation des repas devient difficile, des solutions comme le portage des repas peuvent être évoquées.
Pratiquer une activité physique
La pratique d’une activité physique régulière est importante pour maintenir une bonne santé, aider le fonctionnement du système immunitaire et lutter contre les troubles anxieux ou les troubles du sommeil. Elle doit être adaptée à chaque personne : marche, vélo, natation, jardinage…
Faire travailler sa mémoire
Des activités simples peuvent être conseillées pour stimuler le fonctionnement cognitif et la mémoire : mots croisés, sudoku, lecture ou encore jeux de cartes comme le bridge. Le tout est de trouver une occupation ludique qui pourra être régulière.
Attention aux interactions médicamenteuses
Les personnes âgées représentent une population fragile, souvent polymédiquée, pouvant être atteinte d’une ou plusieurs pathologies chroniques.
Devant toute demande spontanée de compléments alimentaires, il convient donc de vérifier l’absence de contre-indications, d’interactions médicamenteuses, de précautions liées à une dégradation de la fonction rénale…
Les produits du conseil
Les compléments contre la fatigue physique
Les vitamines du groupe B sont souvent incorporées dans les compléments alimentaires pour réduire la fatigue car elles participent à la production d’énergie sous forme d’ATP (adénosine triphosphate). La vitamine C, ou acide ascorbique, est également intéressante puisqu’elle contribue au métabolisme énergétique et à la réduction de la fatigue.
Des minéraux tels que le magnésium et le fer sont également utilisés pour réduire la fatigue. Le fer est d’ailleurs mieux assimilé s’il est combiné à la vitamine C. D’autres minéraux peuvent être intéressants chez les personnes âgées : l’iode, pour réguler le stress et le sommeil, ou le calcium qui participe au bon fonctionnement nerveux.
Des plantes tonifiantes et stimulantes peuvent être proposées. Par exemple, le ginseng (Ginseng radix) est largement utilisé dans les compléments améliorant les capacités physiques et intellectuelles. Un avis médical sera conseillé en cas de diabète, d’hypertension artérielle ou encore de pathologie cardiaque.
Les compléments contribuant au fonctionnement du système immunitaire
Outre sa capacité à fixer le calcium, la vitamine D est également importante pour le système immunitaire. Elle permet le maintien de l’intégrité de la muqueuse intestinale (ce qui évite une hyperperméabilité aux pathogènes), elle stimule les systèmes immunitaires inné et adaptatif et augmente l’élimination des pathogènes.
Le zinc contribue également au fonctionnement normal du système immunitaire. Enfin, certains laboratoires proposent la gelée royale pour renforcer les défenses immunitaires et lutter contre la fatigue passagère : Immuvit’4G sénior de Forte Pharma, ampoules Superdiet à la gelée royale, sticks de gelée royale Naturactive, etc.
Les compléments pour les performances cognitives
Ginkgo biloba est traditionnellement utilisé pour protéger et renforcer les fonctions cognitives, favoriser la concentration et stimuler la mémoire. Il doit être évité chez les personnes sous traitement anticoagulant.
Bacopa monnieri est une plante adaptogène utilisée comme tonique intellectuel, en stimulant la mémoire et la concentration.
Les oméga 3 comme l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA) ont également un rôle dans le bon fonctionnement du système nerveux.
En complément
Différents compléments alimentaires destinés aux séniors contiennent également des composants pour maintenir la vue : la lutéine, anti-oxydant qui protège les cellules du cristallin et de la rétine des dommages provoqués par les radicaux libres, ou la myrtille qui contribue à une vision normale et au bon fonctionnement de la rétine.
Testez-vous !
1. Quels facteurs tendent à réduire l’apport alimentaire des séniors ?
a. Une sensibilité accrue aux différents goûts ;
b. Des problèmes buccodentaires ;
c. L’isolement social.
2. Quelles sont les conséquences de l’immunosénescence observée chez les séniors ?
a. Une plus grande susceptibilité à certaines infections ;
b. Une plus grande susceptibilité à certains cancers ;
c. Un risque majoré d’ostéoporose.
3. Quels conseils donner pour maintenir les fonctions cognitives ?
a. Maintenir une vie sociale ;
b. Trouver des activités stimulantes : mots croisés, bridge ou sudoku ;
c. Lutter contre le stress.
4. À propos de la vitamine D, quelles affirmations sont exactes ?
a. Elle permet la fixation du calcium ;
b. Elle augmente la perméabilité de la muqueuse intestinale ;
c. Elle stimule les systèmes immunitaires inné et adaptatif.
5. Quels ingrédients peuvent être proposés pour maintenir les fonctions cognitives ?
a. Vitamine D ;
b. Bacopa monnieri ;
c. Ginkgo biloba.
Réponses : 1-b) et c) ; 2-a) et b) ; 3- a), b) et c) ; 4-a) et c) ; 5-b) et c).
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