Un projet de décret prévoit de faire passer la prise en charge des contrats d’apprentissage du DEUST de « préparateur/technicien en pharmacie » par l’OPCO des Entreprises de proximité (OPCO-EP) de 9 500 à 3 327 euros. Les représentants de la profession sont vent debout contre cette mesure qui anéantirait tous les efforts de revalorisation de la formation des préparateurs.
À quelques jours de la parution du décret relatif à la fixation des niveaux de prise en charge (NEPC) des contrats d’apprentissage, la surprise est la plus totale parmi les syndicats de titulaires et de salariés. Selon les informations qu'ils ont obtenues, une baisse drastique – 3 327 euros par an contre 9 500 euros - devrait intervenir au risque de décourager les organismes de formation. Voire de précipiter leur fermeture. « France Compétences avait informé les interlocuteurs sociaux d’un recadrage budgétaire mais une réduction de deux tiers est très surprenante et aucunement tenable par les organismes de formation qui proposent ce cursus », s’insurge Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral pharmacie d’officine du syndicat Force ouvrière (FO).
Il s’agit selon lui « purement et simplement d’une remise en cause de l’existence même de la formation du préparateur en pharmacie puisque l’apprentissage est en l’occurrence la voie ultra-majoritaire de formation par l’alternance ». Philippe Denry, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) chargé de la formation initiale, partage cette analyse. « Si cette mesure est appliquée, c'est la mort de la formation et avec elle, la fin de l'arrivée de nouveaux préparateurs sur le marché du travail. Un paradoxe à l'heure où l'officine, déployant ses missions, a besoin de personnels qualifiés. Une aberration complète en termes de santé publique. »
Le vice-président de la FSPF comprend d'autant moins cette décision que le DEUST (niveau Bac +2) a accru les besoins en suivi et en évaluation de l'apprenti : deux partiels par an, soit quatre examens sur l'ensemble du cursus, davantage de contrôle continu, l'intervention d'universitaires, la correction des rapports de stage, un suivi plus renforcé à l'officine… « Les organismes ne pourront fonctionner avec un tel financement. D’autant que les facs de pharma perçoivent elles aussi une quote-part. Déjà avec un BP financé à hauteur de 5 500 euros, la situation était difficilement tenable pour les CFA. Sans compter que s’ajoutent aujourd’hui des frais pédagogiques liés au numérique », renchérit Olivier Clarhaut. Au-delà, c’est la branche tout entière qui est menacée par cette décision, souligne-t-il, en référence à la pénurie de professionnels diplômés.
Philippe Denry fait remarquer la contradiction entre ce projet et la volonté du président de la République de développer l'apprentissage en France. « Il ne faut pas oublier que notre profession forme chaque année 7 000 à 8 000 apprentis répartis sur deux années », rappelle-t-il. Ce chiffre pèsera-t-il dans la balance pour faire reculer, dans les prochains jours, France Compétences, l'organisme en charge du financement, de la régulation et de l’amélioration du système de la formation professionnelle et de l’apprentissage ?
De son côté, la fédération nationale FO des métiers de la pharmacie, LBM, cuir & habillement, première organisation syndicale représentative dans la branche de la pharmacie d’officine, demande à France Compétences la suspension de cette décision et sa réévaluation. Christelle Degrelle, représentante du syndicat CFE-CGC pour la branche officine, estime également que cette mesure mettrait en péril les organismes de formation et redoute « une session blanche » (pour la rentrée 2024-2025 N.D.L.R.). À moins, espère-t-elle, qu’un correctif soit apporté au décret dont elle attend la parution à la fin de la semaine.
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