Le Quotidien du pharmacien.- Le 17 octobre prochain, l’association de l’ANEPF qui gère le fonds de dotation relancera cette initiative sous le nom de Mentorat. En tant que présidente de Pharma Système Qualité, vous êtes la première à soutenir ce projet d’aide aux étudiants confrontés à des difficultés financières. Pour quelles raisons ?
Laetitia Hible.- Ce fonds a été créé en 2017 puis réactivé pendant l’épidémie de Covid pour venir en aide aux étudiants par le biais de bourses de 100 à 300 euros. L’Ordre des pharmaciens y avait également contribué. Aujourd’hui, différentes études que ce soit celle de la Fage sur le coût de la rentrée universitaire – 3 000 euros-, ou encore celles menées par l’ANEPF, le Grand Entretien 2.0 et le Grand Entretien 3.0, qui sera publié prochainement, font état de la détresse psychologique mais aussi matérielle que connaissent de nombreux étudiants en pharmacie. Bon nombre d’entre eux, 66 %, doivent travailler, y compris pendant les vacances scolaires pour la moitié d’entre eux : un rythme qui n’est pas toujours compatible avec le suivi de leurs cours. 65 % souffrent de stress et 30 % renoncent aux soins, faute de moyens financiers. Il faut aussi souligner le coût du logement, les bourses n’étant pas versées pendant les mois d’été alors que le loyer doit continuer à être payé. Selon l’ANEPF, 17,2 % des étudiants en pharmacie sont en difficulté, sinon en grande difficulté. En tant que pharmacienne titulaire et mère de trois enfants, je ne pouvais rester inactive face à cette détresse.
Quelles peuvent être les conséquences de cette précarité ?
Il faut savoir que les étudiants en pharmacie doivent endurer ces conditions économiques difficiles pendant une durée longue, six ans. Par conséquent, il est à craindre que certains d’entre eux décrochent, usés par ces difficultés au quotidien. Des difficultés au quotidien qui sont, notons-le, aussi un frein à l’ascenseur social. Ce qui est paradoxal alors que, dans notre pays, les études de pharmacie dispensées dans les facultés sont en principe accessibles à tous.
Quels sont les arguments pour convaincre les pharmaciens d’abonder ce fonds de dotation ?
Tout d’abord, il faut préciser que toute contribution à ce fonds de dotation pourra faire bénéficier d’une déduction d’impôt. Je pense pour ma part qu’il faut se montrer solidaires car ces jeunes sont des pairs. Nous devons les aider par amour car ils font partie de notre communauté mais aussi par amour de la profession. Par ailleurs, si on ne le fait pas par amour, je dirai que nous nous devons de les secourir par pur intérêt, par souci de la transmission. Car, ils sont la relève de notre métier. À quoi cela sert-il d’avoir défendu notre métier de pharmacien, de s’être battu pour le valoriser, avec les nouvelles missions, avec le premier recours… si demain il n’y a plus de combattants ?
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