LE QUOTIDIEN. - Que sait-on du lien entre dysimmunité et vaccin HPV ?
Pr DANIEL FLORET. - Pour ce qui est des effets dysimmunitaires, il n’existe qu’un seul vaccin pour lequel un lien de causalité a été établi : le vaccin H1N1 et la narcolepsie. Pour l’ensemble des autres vaccins, la démonstration scientifique n’a jamais été faite, ni de déclenchement d’une pathologie auto-immune chez un sujet sain, ni de poussée d’une maladie pré-existante chez un sujet atteint.
Des millions de doses du vaccin anti-HPV ont été distribuées à travers le monde, en particulier lors de campagnes massives de vaccination en Australie, aux États-Unis, au Royaume-Uni, des pays dont les dispositifs de pharmaco-vigilance ne sont pas les plus mauvais. Aucun signal n’est ressorti. Ce qu’a confirmé l’ANSM dans son récent rapport remis dans le cadre du dispositif spécifique cas-témoins centré sur les maladies auto-immunes mis en place en 2007.
Pourtant, dans le cas de Bordeaux, l’expert de la Commission d’indemnisation a conclu au lien de causalité entre la vaccination et la survenue de la sclérose en plaques.
C’est tout le problème de l’expertise médicale. Il s’agit de l’avis d’un seul expert, libre de ses propos. L’argumentaire qui est exposé me laisse les bras ballants.
Pour le moment, seul le lien de temporalité est démontré. C’est un phénomène bien connu et décrit depuis longtemps. Une publication de 2007 dans « The Pediatric Infectious Disease Journal » a mesuré la survenue de pathologies dysimmunitaires dans la population cible du vaccin anti-HPV avant sa mise à disposition. L’étude mettait en garde contre les risques à démonter une campagne de vaccination en concluant hâtivement à un lien de causalité quand il est impossible de faire la part des choses avec le lien de temporalité...
Comment se fait-il qu’en France surgisse de nouveau, après le vaccin hépatite B, la suspicion d’un lien avec la sclérose en plaques, un lien non retrouvé ailleurs, ni en Europe, ni dans les pays anglo-saxons ?
C’est sans doute une préoccupation franco-française... Comme il existe d’autres spécificités à l’étranger. Par exemple au Royaume-Uni avec le lien entre le vaccin ROR et l’autisme, qui a agité l’opinion britannique sans traverser leurs frontières et sans que le lien scientifique ne soit jamais démontré.
La jeune femme serait porteuse « d’un facteur de vulnérabilité génétique » aux maladies auto-immunes. Que penser de cet argument ? Faut-il en conclure que le vaccin devrait être déconseillé en cas d’antécédent familial ?
C’est une grave erreur que de donner ce type de conseil. Les sujets porteurs d’un facteur de risque familial ne sont pas à risque de développer la maladie suite à une vaccination. Le fait de vacciner ne va pas aggraver les choses. Un lien entre SEP et vaccin ne pourrait de toute façon exister que dans les cas de SEP sporadiques, pour lesquels les facteurs extérieurs peuvent effectivement être le déclencheur de la maladie.
Quels conseils donner aux médecins prescripteurs face au regain prévisible de défiance vis-à-vis de la vaccination HPV, que la révision récente du calendrier vaccinal avait pour but de calmer ?
C’est certain que cette affaire ne va pas simplifier la tâche des médecins. Le Haut Conseil de santé publique s’est prononcé en faveur de la vaccination et il n’y a pas, en l’état, de raison pour cela change. Pour le moment, le ministère ne s’est pas tourné de nouveau vers nous. Notre dernier avis, que nous avons rendu suite à la saisine du ministère en octobre 2011, était très construit et documenté.
Quant à la communication des médecins, elle doit être axée sur ce qu’on attend du vaccin. On compte encore aujourd’hui en France 3 000 cancers du col de l’utérus et 1 000 décès par an. Si l’efficacité sur la prévention du cancer du col n’a pas pu être faite en raison du recul nécessaire, il y a de très bonnes raisons de le penser puisqu’il diminue la survenue des lésions pré-cancéreuses de façon certaine.
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