Le Quotidien du pharmacien. - Dans votre thèse, vous faites le lien entre le bien-être des salariés et une plus grande efficacité des soins. De quelle manière sont-ils liés ?
Théo Boisier.- Nous avons opéré une revue de la littérature existante sur le sujet du bien-être au travail et sondé des officines. Dans les deux cas, 60 % des équipes officinales se déclarent stressées, généralement à un stade chronique, ce qui augmente les risques psychosociaux. L’exposition prolongée à ces risques psychosociaux peut avoir de graves conséquences sur la santé des salariés, notamment en termes de maladies cardiovasculaires, de troubles musculosquelettiques ou anxiodépressifs, allant même jusqu’à l’épuisement professionnel, voire le suicide. Les arrêts maladies qui s'ensuivent, comme par exemple dus au burn-out, peuvent créer un cercle vicieux où le manque d'effectif diminue le bien-être au travail du reste de l'équipe, ce qui influence négativement l’efficacité de la prise en charge des patients.
Quels aspects de la vie en officine sont les plus importants pour les salariés ?
Un résultat nous a particulièrement marqués : selon les sondés, le facteur qui améliore le plus leur bien-être au travail est l'organisation de l'officine. Ce terme englobe la qualité de l'environnement physique, les activités au sein de l’officine et leur cadrage ainsi que le contexte organisationnel des pharmacies. Cela a été exploré par l’intermédiaire de nombreux thèmes tel que la clarté des informations données, l’aide reçue ou le délai pour accomplir les tâches, mais aussi les perspectives d'évolutions et l'ambiance au sein de l'officine. Les facteurs de risques sont les interruptions dans le travail, des horaires ou une charge de travail trop lourds, ainsi qu'une rémunération insuffisante.
Au regard des résultats de vos études, que préconiseriez-vous à un titulaire voulant améliorer le bien-être de ses salariés ?
Nos conclusions rejoignent celles de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) sur le sujet : il est important de développer un dialogue avec les équipes pour comprendre leurs besoins et y répondre. Bien menée, cette démarche peut tout changer. Les adjoints et préparateurs désirent des tâches variées, avec une vraie valeur ajoutée, et être au contact des patients. Les nouvelles missions en pharmacie peuvent être intégrées dans ce processus, car elles permettent au pharmacien de se sentir plus compétent et proche des patients. C'est une demande qui revient beaucoup dans les études sur ce sujet, que ce soit la nôtre ou les autres. Un titulaire qui investit dans ces nouvelles missions aide ses pharmaciens de développer leurs compétences et favorise leur bien-être au travail. Mais il faut que ce soit bien organisé et équitable, afin de ne pas trop alourdir la charge de travail, qui est un gros facteur de risques psychosociaux.
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