Les ruptures d’approvisionnement peuvent entraîner des effets indésirables ou erreurs médicamenteuses parfois graves. Afin de limiter ces impacts, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) propose de mettre en place un entretien pharmaceutique « pénuries » afin d’expliquer les alternatives thérapeutiques instaurées en cas de pénurie.
Les pénuries de médicaments ne sont pas sans conséquence sur la santé des patients. Elles peuvent entraîner, par la mise en place d’une alternative, des effets indésirables liés à une interaction médicamenteuse, une inefficacité de l’alternative ou une erreur médicamenteuse. Des conséquences qui peuvent être parfois graves.
C’est ce que montre une étude menée en deux temps et publiée par les centres régionaux de pharmacovigilance (étude CIRUPT) que relaye la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT).
La première partie de l’étude CIRUPT est une étude rétrospective qui a analysé 462 cas d’effets indésirables liés à une rupture de stock de médicaments entre 1985 et 2019. Les cas concernaient principalement des médicaments du système nerveux (22,1 %), du système cardiovasculaire (16,4 %) et des anti-infectieux à usage systémique (14,3 %). Une aggravation de la maladie traitée a été observée dans 16 % des cas, principalement en raison d’un manque d’efficacité du médicament de remplacement. Le contexte de rupture de stock expliquait la survenue d’une erreur médicamenteuse dans 11 % des cas. La moitié des cas avait un critère de gravité. Si l’évolution était le plus souvent favorable (79 % des cas), des décès ou des situations mettant en jeu le pronostic vital ont aussi été rapportés (6 %).
La deuxième partie de CIRUPT est une étude prospective menée en 2020-2021. Elle a inclus 224 cas, représentés principalement par des effets indésirables liés à la molécule de remplacement (59 %), des erreurs médicamenteuses (23 %) et des inefficacités médicamenteuses (18 %). Près d’un tiers de ces cas étaient graves. Les classes de médicaments les plus représentées étaient les vaccins (35 %), les anti-acides (anti-H2) (12 %), les anticancéreux (8 %) et les anti-épileptiques (7 %). Dans 82 % des cas, le médicament en cause avait fait l'objet d'une d'information délivrée aux professionnels de santé par l’ANSM. Ainsi, « les informations fournies par les agences de santé ne semblent pas suffisantes pour éviter les risques », estime la SFPT.
La société savante relève également que ces conséquences ne sont pas uniquement liées aux médicaments inscrits sur les listes d'intérêt thérapeutique majeur ou médicaments essentiels : dans plus d’un quart des cas impliqués dans l’étude CIRUPT (28 %), les médicaments en rupture n’appartiennent pas à cette liste.
Par ailleurs, l’étude CIRUPT met en évidence des erreurs médicamenteuses directement liées aux pénuries de médicaments dans près d’un quart des cas. Les étapes de dispensation ou d’administration étaient les plus impactées (notamment dues à une confusion entre deux médicaments et des erreurs de dose). Celles-ci pourraient être diminuées en renforçant de façon systématique l'information des professionnels de santé et l'éducation thérapeutique des patients. Un temps dédié à la consultation pharmaceutique pourrait être proposé aux patients pour leur expliquer les changements liés à la pénurie de médicaments et au changement de médicament. C’est donc peut-être l’occasion d’envisager un nouvel entretien pharmaceutique sur l’explication des alternatives thérapeutiques instaurées en cas de pénurie.
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