À l’occasion du Congrès de la Fédération Addiction, qui se déroulait les 13 et 14 juin, le laboratoire Terpan Prévention et le pharmacien addictologue René Maarek ont joint leur expertise pour souligner le rôle du pharmacien dans la lutte contre les addictions aux drogues dures, dont la consommation augmente.
Même si l’on observe globalement une baisse de la consommation de drogues chez les jeunes français, le combat contre les addictions est loin d’être gagné en France, où l’usage de drogues dures chez les adultes « explose ». En plus du cannabis, qui compte 5 millions d’usagers (dont 1,3 million de réguliers et 850 000 quotidiens), on dénombre « 600 000 consommateurs de cocaïne par an, contre 400 000 en 2010 », affirme Terpan Prévention, qui note que le nombre d’utilisateurs de crack a triplé en dix ans dans l’Hexagone, avec 42 800 comptabilisés en 2019.
L’implication des pharmaciens permet d’optimiser la qualité de la prise en charge globale des populations à risque
René Maarek, pharmacien addictologue
Or « l’usage de ces substances contribue à la circulation de maladies telles que VIH, hépatites, tuberculose, herpès, staphylococcies, mycoses (notamment des candidoses), etc ». Ainsi, le nombre de prises en charge liées à la consommation de drogues par les établissements spécialisés « connaît une augmentation forte et continue depuis plus d’une dizaine d’années », rappelle le laboratoire, qui fabrique et distribue des produits et dispositifs médicaux destinés à la réduction des risques (kits de prévention, préservatifs…).
Impliquer le pharmacien
Selon Terpan Prévention, le succès de la lutte contre les addictions repose sur l’implication du pharmacien. En effet, « expert du médicament, dernier maillon de la chaîne thérapeutique et acteur de proximité à la formation pluridisciplinaire », il tient dans ce domaine « un rôle essentiel dans la sensibilisation des patients, la prévention et les prestations de soins » souligne-t-il. Une position partagée par René Maarek, pharmacien addictologue et président UPRP-USPO d'Île-de-France et de Paris : « les pharmaciens ont une place privilégiée dans le champ de l’addictologie. Leur implication permet d’optimiser la qualité de la prise en charge globale des populations à risque. Pourtant, beaucoup d’entre eux manquent encore d’informations précises sur les dispositifs de réduction des risques (RdR) liés à l’usage de stupéfiants. »
Trois kits à disposition
À cet effet, Terpan met désormais à disposition des officines trois kits de prévention : le Kit Base, destiné aux usagers de drogues par inhalation, comme les fumeurs de crack, le Strawbag, un kit à usage unique destiné aux usagers de drogues consommées par voie nasale (comme la cocaïne), et le Kit Kan, mis au point pour protéger les consommateurs de cannabis (résine et fleur séchée). Les officinaux souhaitant s’impliquer davantage peuvent également se former aux entretiens motivationnels, pour mieux accompagner les patients dans leur lutte contre l’addiction.
Répéter la victoire contre l’héroïne
Pour René Maarek, il est important que les pharmaciens se saisissent de cette lutte et des outils permettant de la mener : « la société et les usages ont évolué. Le crack et la cocaïne ont remplacé l’héroïne. Souvenons-nous, dans les années 80-90, les héroïnomanes étaient presque nos ennemis. L’arrivée de produits de substitution, tels que le Subutex, et des seringues gratuites a considérablement diminué la consommation, le nombre de morts par overdoses, et le trafic. » Ces statistiques, hélas, remontent ces dernières années. Si les causes sont nombreuses, l’une d’entre elles est la baisse du nombre de pharmacies délivrant ces produits de substitution. Malgré tout, René Maarek espère que les officinaux sauront se mobiliser sur ces autres addictions : « Les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) ne s’intéressent qu’aux usagers précaires. Or, de nombreux consommateurs de cocaïne ou de drogues dures n’appartiennent pas à cette population. Néanmoins, eux aussi ont besoin d’aide. Et avec ces matériels, le pharmacien peut la leur apporter. »
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