L’apparition de nouveaux variants sur le territoire français risque-t-elle de compromettre la campagne vaccinale ? Le Pr Christine Rouzioux estime que le retard pris au cours des dernières semaines est désormais en passe d’être rattrapé.
« Nous disposons des outils qui permettent d’effectuer un premier dépistage de ces virus avec la technique PCR. Dès lors que le dépistage est partiel, cela démontre qu’on a traqué un variant », rappelle la virologue, indiquant que plusieurs sites en France sont en mesure de surveiller ces anomalies dans les courbes. Une investigation plus approfondie est alors nécessaire par le biais d’un séquençage. Il n’est toutefois pas nécessaire que celui-ci soit complet, un séquençage sur les spicules pouvant tout à fait révéler la mutation. Or, insiste le Pr Christine Rouzioux, les laboratoires de nos CHU sont tout à fait à même de réaliser ces coups de sonde systématiques et réguliers. « Ils ont l’habitude de séquencer pour analyser la résistance aux antirétroviraux dans le VIH notamment », remarque-t-elle. Plusieurs signaux « positifs » attestant de la présence d’un variant hautement transmissible ont ainsi été remontés au cours de la semaine dernière et justifient une réflexion sur de nouvelles recommandations. Mais rien qui ne puisse remettre en cause la campagne vaccinale actuelle. « Les vaccins à ARN messager peuvent s’adapter, ils sont faciles à synthétiser », rassure la virologue, convenant toutefois qu’il ne s’agira pas seulement de les dessiner à nouveau mais aussi de les produire.
Agir vite
Plusieurs questions restent cependant en suspens. Car si les premiers résultats d’analyse des sérums de sujets vaccinés montrent que le vaccin à ARN messager est efficace contre le virus anglais, en revanche aucune donnée ne permet à l’heure actuelle de garantir que le virus sud-africain pourrait être neutralisé. « Les risques de pressions de sélection sur le virus existent et nous ne sommes pas à l’abri de l’apparition de plusieurs variants », estime le Pr Rouzioux. D’où, insiste-t-elle, la nécessité d’une surveillance très rapprochée des variants pendant la vaccination et dans la période post-vaccination « afin de voir si le fait de vacciner peut induire une pression de sélection ».
Pour ce faire, l’ensemble des infrastructures dont dispose le pays doit être mis à contribution, les laboratoires pouvant venir en renfort des centres nationaux de référence (CNR) dans le séquençage du virus. Toutefois, martèle la virologue, cette surveillance rapprochée doit se faire en ville comme à l’hôpital afin d’obtenir la cartographie la plus complète possible sur la prévalence. « Toutes les informations sont indispensables et les données sur les patients hospitalisés démontrent que ce virus est là depuis au moins trois semaines dans plusieurs régions, affirme-t-elle. Au regard de l’urgence de la situation, il faut agir dans la complémentarité. »
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