Le Quotidien du pharmacien.- Que faut-il retenir du dernier rapport de l’Ordre sur la sécurité des pharmaciens ?
Gildas Bernier.- Ce qu’il faut souligner c’est l’augmentation du nombre de déclarations selon moi. Une hausse de 30 % en un an c’est significatif. Cela dit, les chiffres dont nous disposons sont bien sûr bien en deçà de la réalité. Avant la crise du Covid, les établissements de santé étaient des lieux sanctuarisés. On sent bien aujourd’hui que c’est beaucoup moins le cas. Il y a moins de respect et de retenue chez certains patients, surtout lorsqu’ils n’ont pas ce qu’ils veulent. La majorité des agressions subies par les pharmaciens sont d’ailleurs liées à des refus de délivrance. En tant que professionnel de santé, nous devons respecter des règles et cela, tous les patients n’en ont pas conscience.
Quelles mesures seraient efficaces pour renforcer la sécurité des officinaux qui sont de garde la nuit ?
Des solutions existent déjà. Dans certaines villes, après 21 heures, le patient doit se rendre au commissariat ou à la gendarmerie pour faire vérifier son ordonnance avant d’aller en pharmacie. Le problème c’est que ce système, très sécurisant pour les officinaux, n’existe pas partout. Un protocole national pour la sécurité des professions de santé a été adopté en 2011 et est toujours en vigueur. Nous comprenons les contraintes des forces de l’ordre mais il faut que ce protocole soit appliqué. C’est un effort collectif qu’il faut mener, tout le monde doit participer. Il y a d’autres pistes pour sécuriser les gardes, comme le recours à un pharmacien référent, mais le moyen le plus sûr reste ce travail de régulation par la police ou la gendarmerie et l’Ordre va s’employer à le généraliser.
Comment convaincre les officinaux de déclarer davantage les agressions dont ils sont victimes ?
Cette année, des communications vont être régulièrement envoyées par l’Ordre aux pharmaciens pour les sensibiliser sur les agressions et l’importance de les déclarer. C’est un acte que chacun est libre de faire ou non. Cependant, et c’est ce que nous voulons rappeler aux officinaux, nous avons besoin de connaître la réalité du terrain pour pouvoir les défendre. Comment pouvons-nous informer les autorités et envisager les actions à mener si nous n’avons aucune idée du nombre de cas ? Déclarer une agression au CNOP, cela ne prend que quelques minutes.
L’Ordre a-t-il d’autres projets en cours pour aider les pharmaciens ?
Sur son site, l’Ordre propose des fiches pratiques et une liste qui recense les réflexes simples à adopter. Cette année, nous allons également travailler à la mise en place d’une formation pour aider les pharmaciens à savoir désamorcer les situations critiques. Certaines universités commencent déjà à le proposer dans leur formation initiale. Il faut donner aux pharmaciens en exercice comme aux futurs professionnels une méthodologie pour savoir comment gérer au mieux ces situations.
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